Le gouvernement indien de centre gauche risque de s'attirer les foudres des électeurs hindous, après l'arrestation de l'un des leaders les plus populaires de l'opposition, le Parti du peuple hindou (BJP).
New DelhiDe notre envoyée spécialeVarun Ghandi, 29 ans, fils du cadet des fils de l'ancienne Premier ministre Indira Ghandi, a été critiqué et poursuivi en justice par la Commission électorale indépendante, qui a jugé l'un de ses discours prononcés durant un meeting électoral, la semaine dernière, « islamophobe et de nature à alimenter les tensions inter-communautaires ». Ce jeune leader nationaliste s'est laissé aller à des propos très hostiles et menaçants envers les musulmans indiens pour instiguer ses partisans à plus « d'orgueil hindou ». Il avait accusé les musulmans de menacer l'identité hindoue, leur promettant : « Je couperai la tête aux musulmans. » Ajoutant que ces derniers portent des noms « effrayants », comme Karimullah ou Mazullah, « si vous les croisez la nuit, vous avez peur », a t-il lancé aux foules de ses sympathisants. Ces déclarations ont soulevé un véritable tollé parmi les Indiens de confession musulmane qui ont demandé une sanction contre Varun Ghandi et son parti.La haute cour de Delhi s'est saisi de l'affaire et avait d'abord condamné le petit fils d'Indira Ghandi à verser une caution de 50 000 roupies (800 euros). Mais les nombreuses plaintes contre Varun reçues par la justice indienne ont abouti à l'arrestation de ce dernier, qui sera jugé selon la sévère loi sur la sécurité nationale pour instigation à la haine intercommunautaire. Il risque au minimum une condamnation à six mois de prison. Cette mesure a provoqué des heurts entre les partisans de Varun Ghandi et la police de la région de Pilibhit, qui a dû user de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants.L'Inde, qui compte 1,15 milliard d'habitants (dont 14% sont musulmans), reste une mosaïque d'ethnies, de cultures et de confessions différentes, et doit veiller à contenir les tentations islamophobes de certains leaders hindous nationalistes.Une autre décision en faveur des musulmans persécutés a été annoncée vendredi, par la haute cour de l'Etat du Goujarat, gouverné depuis des décennies par les nationalistes hindous, et où la minorité musulmane a pati de nombreux massacres, comme celui de février 2002, qui a vu 1180 Indiens de confession musulmane tués ou brûlés vifs. Un mandat d'arrêt a été lancé contre la ministre Maya Kodmani, 52 ans, accusée d'avoir instigué des Hindous de sa région à s'en prendre aux musulmans, de quoi embarrasser sérieusement le parti hindou BJP qui a toujours nié tout lien avec ses tueries commises par des Hindous fanatiques en 2002. Un rapport publié en 2006 par le gouvernement indien fait un amer constat sur le statut de citoyens de seconde classe des musulmans de l'Inde, catégorie très discriminée sur le plan social, économique et celui de l'éducation, assimilant leur sort à celui des Dalits, les « intouchables » ou parias, les plus démunis parmi les exclus.
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Posté Le : 31/03/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Nacéra Benali
Source : www.elwatan.com