Algérie

Le personnel de l'éducation en effervescence


Quelques jours à peine après le drame des neuf enseignantes agressées chez elles à Bordj-Badji-Mokhtar, des faits similaires visant deux institutrices sont survenus dans la wilaya de Biskra, hier, vers trois heures du matin. Ces tristes événements ont suscité le courroux et l'indignation des syndicats et des fonctionnaires de l'éducation nationale qui dénoncent un climat d'insécurité permanent.Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Alors que la corporation peine à se remettre du choc provoqué par le drame qui a eu lieu la semaine dernière à Bordj-Badji-Mokhtar, une nouvelle agression contre des enseignantes à Biskra confirme les inquiétudes exprimées depuis des années par le personnel de l'éducation. Un individu muni d'une arme blanche se serait introduit, dans la nuit de vendredi à samedi à trois heures du matin, dans l'appartement de deux enseignantes, situé au quartier El-Alia (Biskra), selon nos sources. Le malfaiteur aurait pris tout ce qui avait de la valeur (téléphones, ordinateurs portables...).
Fort heureusement, les victimes du cambriolage n'ont subi aucun préjudice physique. Celles-ci seraient néanmoins encore sous le choc. Suite à cela, les syndicalistes et les enseignants ont été très nombreux à dénoncer « la marginalisation » du personnel de l'éducation, notamment des enseignants dont les postes se trouvent hors de leurs wilayas d'origine. « On ne peut parler de cas isolés, car ce type de faits arrivent pratiquement chaque année », nous dira Samia Kelliche, enseignante dans une école primaire de la wilaya de Saïda. «Ce genre d'affaires sont souvent étouffées et donc rarement médiatisées», dénonce-t-elle, en déplorant cette «indifférence» du gouvernement à l'égard des conditions de vie de ceux qui sont « obligés de travailler parfois dans des régions isolées, sans une prise en charge correcte». Elle appelle l'Etat à prendre ce dossier au sérieux. «Le secteur de l'éducation est déjà au bord de l'explosion. Ces faits ne feront qu'attiser la colère des fonctionnaires», prévient-elle. Même indignation chez les syndicats de l'éducation.
Le président du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), Boualem Amoura, soutient que la responsabilité incombe au gouvernement. «Dois-je rappeler que constitutionnellement, la sécurité des citoyens algériens relève du gouvernement», souligne-t-il.
Le syndicaliste appelle les autorités à commencer par évacuer les enseignantes qui vivent seules des quartiers isolés ou jugés dangereux, en leur donnant accès à des endroits plus sécurisés.
Condamnant l'agression des enseignantes à Bordj-Badji-Mokhtar, Boualem Amoura fait savoir que plusieurs enseignants ont décidé de quitter cette wilaya à cause de ce qui s'est passé. « Il faut savoir que cela aura de sérieuses conséquences pédagogiques », a-t-il averti. Le président du Satef a, par ailleurs, regretté la réaction du ministre de l'Education nationale, jugeant que ses récents propos manquaient de conviction par rapport aux faits qui se sont déroulés.
Un autre représentant syndical relevant de l'Unpef a affirmé que la famille éducative compte mener des actions contre ce qu'elle considère être la retombée de la marginalisation dont fait l'objet cette corporation. Un rassemblement se tiendra d'ailleurs aujourd'hui devant la Wilaya, pour dénoncer l'atteinte à la dignité des enseignants.
Le Conseil des lycées d'Algérie (CLA) de la wilaya de Biskra a, pour sa part, fermement condamné l'agression subie par les deux enseignantes de Biskra, réitérant son appel à l'élaboration d'une loi qui protège les enseignants et les éducateurs en général, à travers la criminalisation de toute atteinte physique contre cette catégorie de travailleurs.
M. Z.
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