Le permis de construire de la Grande Mosquée de Marseille vient d'être annulé, sur décision du tribunal administratif de La Cannebière. Un jugement qui s'apparente à une victoire, par procuration, de l'extrême droite puisque, le Front national en tête, elle a dénoncé ce projet depuis sa mise effective sur rails. La raison évoquée est le parking, objet d'inquiétude des commerçants et des habitants du quartier Saint-Louis, un argumentaire déjà développé par la formation politique de Marine Le Pen qui avait déféré le permis de construire devant le tribunal administratif pour absence de places de parkings pour un lieu qui doit attirer un grand nombre de fidèles. A ce recours, s'ajoutera celui des riverains du quartier Saint-Louis. Après une première demande d'annulation, l'association «La mosquée de Marseille», créée pour chapeauter le projet, avec comme président Nourredine Cheikh, présente en mai 2011 un permis modificatif qui inclut la construction d'un parking de 450 places à proximité du futur lieu de culte. Malgré cette garantie, les commerçants et habitants du quartier se lancent dans un nouveau recours en juin dernier qui aboutit à l'annulation du permis de construire. Si la création de 450 emplacements pour voitures est inscrite au permis de construire, «il n'a pas encore fait l'objet d'un engagement formel ou d'une programmation de la part du maître d'ouvrage», a estimé pour sa part le tribunal administratif de Marseille.
Cette annulation sonne comme un véritable camouflet pour ceux qui ont bataillé pour cette Grande Mosquée de Marseille depuis une dizaine d'années déjà. En 2001, Jean-Claude Gaudin, maire UMP de la ville, gagne son second mandat. Avec son aval, un projet est lancé pour les 250.000 musulmans que compte Marseille. Pendant près de quatre ans, le projet reste otage des divergences au sein de la communauté musulmane locale, traversée par différents courants liés à l'origine géographique ou à la pratique religieuse. En 2005, Abderrahmane Ghoul est nommé à la tête du Conseil régional du culte musulman pour la région Paca. Le projet est relancé, et l'association «La mosquée de Marseille» voit le jour, avec pour objectif de mener à terme le projet. Un lieu pour accueillir l'édifice est trouvé dans le quartier Saint-Louis et un bail de 300 euros par année sur 99 ans est signé entre l'association et la mairie.
Les mouvements régionaux d'extrême droite, FN en tête, rentrent alors en scène et saisissent le tribunal administratif car ils jugent le montant de ce bail «anormalement bas». Le tribunal rejette la délibération accordée quelques mois plus tôt et le projet est finalement revoté, en juillet 2007, et un nouveau bail de 24.000 euros par an sur 50 ans est signé et validé par le tribunal. En 2008, Maxime Repaux est désigné architecte, son projet est sélectionné. Le permis de construire est délivré le 6 novembre 2009 par Jean-Claude Gaudin. Le 20 mai 2010, la première pierre de l'édifice est posée. Le FN fait sa réapparition et traine dans son sillage les habitants et les commerçants du quartier Saint-Louis. Pourtant, l'association était optimiste pour conserver son permis de construire. «La ville, la région et la communauté urbaine ont fourni les lettres d'engagement pour ces parkings, pour de nouvelles lignes de bus et une nouvelle gare de TER devant la mosquée. Je suis optimiste. Je pense que nous allons conserver notre permis», avait déclaré Abderrahmane Ghoul. Quant au budget pour la construction de la mosquée, de 3500 m², capable d'accueillir jusqu'à 5000 personnes, seuls 300.000 euros de dons ont été récoltés, sur les 22 millions nécessaires. Une campagne de souscription auprès des musulmans via Radio Gazelle et via 275 mosquées de la région Paca avait été lancée.
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Posté Le : 29/10/2011
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Moncef Wafi
Source : www.lequotidien-oran.com