Le père Noël est une ordure !

Partout où il est allé, dans les petites villes comme dans les grandes, Abdelmalek Sellal, directeur de campagne du Président sortant, a prié pour que le club local accède en Ligue I de football. Il n'est pas le seul à faire miroiter monts et merveilles aux électeurs.Votez, votez, votez? Dieu vous le rendra», semblaient chanter en ch?ur les candidats à la présidentielle ou leurs représentants.Le leader du parti Ahd 54 promet ainsi de réaliser, «en cinq ans ce qui n'a pas été fait en 15 ans», Belaïd ne propose rien de moins que de faire de l'Algérie «le Japon de l'Afrique», les représentants de Bouteflika promettent monts et merveilles, et Ali Benflis espère booster les exportations hors hydrocarbures d'une industrie moribonde. Hormis Louiza Hanoune qui assure ne pas se présenter au peuple algérien avec «des promesses creuses ou mensongères» bien que ses idées ne soient pas adaptables au monde d'aujourd'hui, tous les candidats ont péché par trop de populisme et de démagogie.Prenez par exemple le directeur de campagne du Président-candidat, qui a promis la construction d'un hôpital à Mascara si Bouteflika briguait un quatrième mandat, oubliant qu'il avait refusé un tel projet un mois auparavant lors d'une sortie en tant que Premier ministre. Comme bon nombre de candidats qui apprécient les hyperboles, il affirme aussi que «Mascara sera la Californie de l'Algérie». Ses déclarations à l'emporte-pièce pourraient surprendre par la légèreté avec laquelle l'ancien Premier ministre parle de l'argent public. «Nous allons aider les jeunes avec la Cnac, l'Angem, l'Ansej, sans limites, a lancé l'ex-Premier ministre. Il ne faut pas écouter ceux qui nous disent : ??Vous jetez l'argent par les fenêtres en le donnant à ces jeunes, ils vont acheter une voiture et se marier avec''. Qu'ils se marient, et alors '», a-t-il conclu.Le programme du candidat du FNA est lui très avare en détails, se contentant d'idées générales irréalisables. Dans ses meetings, il a daigné dévoiler l'une de ses propositions : allouer une allocation familiale de 10 000 DA par enfant. Certes, il existe bien un louable volontarisme, mais l'on perçoit surtout chez tous les candidats un insoutenable déni des réalités. C'est qu'il est bien court le temps des cerises. Aucun candidat n'ose dire aux citoyens la vérité en face : la rente pétrolière est appelée à s'amenuiser.Abderrahmane Mebtoul, économiste, donne l'impression de jouer aux Cassandre en faisant remarquer que «la population algérienne aura à vivre une situation très difficile, loin de l'euphorie des années 2000/2014. C'est toujours l'ancienne culture fondée sur l'illusion d'une rente des hydrocarbures éternelle, celle du dépenser sans compter», dit-il, ajoutant : «L'Algérie risque de connaître, en cas de non-changement de cap de politique socio-économique, une thérapie pire que celle qu'a connue la Grèce, avec des mouvements de contestation sociale allant en s'amplifiant et que ne résoudra en aucune manière la répression.»Il précise, à ce propos, que la majorité des candidats n'abordent jamais les enjeux géostratégiques qui se dessinent à l'horizon 2015-2020, tant au plan politique qu'économique ou militaire,. Bien sûr, certains candidats, à l'exemple de Belaïd, se montrent lucides sur l'utilisation «irrationnelle» de l'argent du pétrole, «une richesse qui n'est pas éternelle», mais restent très imprécis sur les moyens de se dépêtrer de cette situation. Le candidat Bouteflika promet, par ailleurs, de régler définitivement la crise du logement à l'horizon 2019.Ali Benflis s'engage à faire passer la croissance de 2% actuellement à 7% ainsi que la participation de l'industrie dans le Produit national brut à hauteur de 15%. Il propose aussi d'augmenter la part des exportations hors hydrocarbures à 5 milliards de DA. BelaïdAbdelaziz : résoudre le problème du célibat. Et Abdelmalek Sellal de certifier que chaque diplômé aura un logement après le 17 avril. On aimerait tant y croire !