Algérie

Le père fouettard en tournée des popotes au Moyen-Orient



Le père fouettard en tournée des popotes au Moyen-Orient
Le secrétaire états-unien à la Défense, Jim Mattis, était en tournée cette semaine au Moyen-Orient où, pragmatique, il servit à chacun, ce qu'il voulait entendre. Dans ce contexte, la Syrie et l'Iran en ont pris pour leurs grades. En Israël, il assura: «Pas de doute» la Syrie conservait son armement chimique. C'était bien de le dire, d'autant plus que Jim Mattis s'exprimait à partir d'un pays qui ne respecte pas la loi et ne se conforme à aucune convention internationale sur les armes de destruction massive (ADM), dont son arsenal nucléaire, chimique et biologique échappe au contrôle des instances internationales. De ce fait, Israël est le seul pays du Moyen-Orient qui détient des ADM sous toutes leurs formes, sans être inquiété outre mesure. A Riyadh, le secrétaire états-unien à la Défense s'en prit à l'Iran, ennemi, certes, des Etats-Unis, mais singulièrement des Al Saoud, Mattis faisant de Téhéran le «déstabilisateur numéro un» de la région. Le chef du Pentagone assure ainsi: «Où que vous regardiez» au Moyen-Orient, «s'il y a des problèmes, il y a l'Iran». Toutefois, ce qui est franchement remarquable est le fait que à Riyadh et à Doha, autour d'un thé et de petits-fours, Jim Mattis entretint ses interlocuteurs saoudiens, ensuite qataris, de la «lutte» antiterroriste. Il fallait le faire, le chef du Pentagone l'a fait avec brio et un sourire torve en supplément. A Riyadh, rappelant que la «priorité» de Washington, restait la lutte contre le groupe jihadiste «Etat islamique», Jim Mattis exhorta l'Arabie saoudite à participer avec «plus d'opérations aériennes, ou augmenter son effort d'aide humanitaire».A Doha, il remit la question de la lutte contre Daesh sur le tapis, évoquant une Syrie «ravagée» par une guerre qui dure depuis plus de six ans. C'est quasiment miraculeux que le ministre de la Défense états-unien parle de la situation en Syrie avec l'un des pays qui ont été à l'origine de la guerre au pays du Cham et a été le plus actif des soutiens aux groupes terroristes jihadistes. En fait, on nage en plein surnaturel lorsque le chef du Pentagone compte sur les commanditaires, les mentors et financiers du terrorisme jihadiste pour le combattre. C'est discuter avec des pyromanes sur la manière d'éteindre l'incendie qu'ils ont allumé et propagé. Le Qatar est l'un des soutiens les plus déterminés des groupes rebelles en Syrie, notamment les groupes jihadistes islamistes. La CIA qui forma des brigades de Fateh al-Cham, ex-Front al-Nosra (ex-branche d'Al Qaîda en Syrie) ne l'a-t-elle donc pas informé de ce fait' Le sénateur républicain John McCain [qui rencontra en Syrie - où il entra clandestinement en 2011 - un homme connu sous le nom d'Ibrahim al-Badri alias Shimon Elliot, futur «Abu Bakr al-Baghdadi» «calife» dudit «Etat islamique» EI/Daesh)] ne l'a-t-il pas aussi briefé et mis au parfum' En fait, on se perd en conjectures. Est-ce vraiment sérieux le fait qu'un pays qui veut combattre efficacement le terrorisme, s'adresse à ceux qui ont investi dans le jihadisme' Cependant, à la réflexion, on s'aperçoit que l'Occident, très sélectif, fait le distinguo entre les «bons» et les «mauvais» terroristes. Il y a ceux qui servent ses desseins, ceux-là il les protège et leur fournit une aide multiforme. Et il y a ceux qu'il ne contrôle pas, qui n'entrent pas dans ses vues et doivent, à l'évidence, être éliminés. N'est-ce pas l'inénarrable ex-chef de la diplomatie française, ledit Laurent Fabius, se félicitant, qui trouva que le groupe terroriste al-Nosra faisait du «bon boulot» en Syrie [boulot consistant en attentats sanglants ciblant les civils, parmi lesquels des dizaines de femmes et d'enfants] qu'il ne «pouvait pas condamner»' Pour résumer, les Etats-Unis, ayant projeté d'éradiquer le terrorisme islamiste, comptent donc sur l'aide des financiers et des commanditaires d'un fléau qui met la stabilité du monde en danger. Le hic, est que l'Arabie saoudite et le Qatar, comme Israël, sont des alliés «stratégiques» de Washington. Dès lors, le droit international qui condamne de telles pratiques ne s'applique pas, ne peut s'appliquer à Israël (détenteur d'ADM prohibées) ni au Qatar et à l'Arabie saoudite (qui soutiennent le terrorisme islamiste), trois alliés des puissants Etats-Unis. En revanche ce droit international s'applique et doit s'appliquer à l'Iran, à la Corée du Nord. De fait, le terrorisme islamiste dans sa virulence actuelle n'est-il pas une création des Etats-Unis pour combattre le bloc soviétique dans les années 1980' Nous nous trouvons ainsi dans une quadrature du cercle, dès lors que ceux qui ont, peu ou prou, contribué à l'évolution du terrorisme islamiste, nous font croire qu'ils luttent contre le phénomène en faisant appel aux pays qui nourrissent l'intégrisme et lui ont permis de prospérer dans le monde. La tournée de Jim Mattis au Moyen-Orient l'illustre absolument.


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