Le pèlerinage d'un imam en... Israël

Il ne cessait de dire et de répéter que «Dieudonné, c'est Satan, c'est un coeur qui sombre, il a perdu son âme, il est malade».Quelle est donc la plus belle chose à faire dans la vie' La réponse dépend des personnes interrogées. Si on pose cette question à des imams, ils répondront dans une très grande proportion «accomplir le pèlerinage». C'est tout à fait normal du moment que dans la culture des musulmans, le pèlerinage est un aboutissement que voudrait voir se réaliser chaque individu. Et lorsqu'on dit pèlerinage, tout le monde pense à La Mecque bien sûr car c'est là que se trouve le Masjid El Haram. Tout le monde' Oui, enfin... presque car pour cet imam-là, le pèlerinage c'est à Tel-Aviv que cela s'accomplit. Son histoire avec Israël a commencé en 2012 lorsque, convié à un dîner par le Crif, il courut sans même se donner la peine de mettre ses sandales. Cette rapidité dans la réaction plut beaucoup à Tel-Aviv qui ne le lâcha plus d'une semelle. Et plus elle collait à lui, plus il se blottissait contre elle. Plus elle l'appelait, plus il s'en rapprochait. Il fallait beaucoup de courage à un imam pour cela et c'est ce qui fit dire à un certain Bernard-Henri Lévy que cet imam-là est vraiment «courageux». Sa docilité lui valut une invitation pour un voyage initiatique à l'occasion d'un colloque prétexte ayant pour thème «religion et laïcité» pour lequel il prit ses pantoufles de pèlerin et s'en alla à Tel-Aviv. Ce fut exactement le 5 juin 2012. Pour ce voyage, il fut encadré par de gros calibres dont notamment un certain Alain Finkielkraut qui n'était pas le moindre. L'expérience étant jugée bonne par notre pèlerin, celui-ci n'hésita pas à vouloir y retourner. Il fit le racolage auprès de quelques mosquées et repartit le 11 novembre 2012 accompagné, cette fois, de douze «imams» du même type, comme Moïse qui fut accompagné des 12 Asbat (les douze tribus).Tout le monde applaudissait bien sûr. Du quai d'Orsay à l'ambassade d'Israël en France qui mit même la main à la poche pour tout financer. Surtout que notre «imam» n'hésita pas à se recueillir «sur les tombes des victimes de Mohamed Merah, assassinées à l'école juive de Toulouse et enterrées en Israël» comme le rapportèrent les journaux de l'époque.Ceci ne passa pas inaperçu et comme une telle soumission mérite salaire, les Israéliens mirent, une seconde fois la main à la poche pour le récompenser en 2013. Il reçut la somme de... 3000 (oui, trois mille) euros, juste son prix! Et comme il considéra qu'il fut payé à son juste prix, alors, il fit des pieds et des mains pour revenir, encore une fois en janvier 2014, visiter Tel-Aviv.Quand on va au pèlerinage, on fait la «telbiya», on répète des phrases censées nous rapprocher de Dieu. Lui, quand il est allé la dernière fois à son pèlerinage à Tel-Aviv, il répétait lui aussi certaines phrases censées le rapprocher encore plus d'Israël. Il ne cessait de dire et de répéter que «Dieudonné, c'est Satan, c'est un coeur qui sombre, il a perdu son âme, il est malade».Le 24 février dernier, il assista au dîner du Crif. Il fut présent malgré le fait que les musulmans avaient décidé de boycotter après les propos injurieux du premier responsable de cette institution. Peut-être est-ce pour décrocher un ticket de voyage pour un troisième pèlerinage à Tel-Aviv. Ah, ce que la bêtise peut faire faire à certains.