«C'est par rapport à certaines évaluations et certaines statistiques que
la suppression du crédit à la consommation a été décidée», a déclaré le
président-directeur général de la Banque de développement local (BDL).
C'est au niveau du siège de la BDL à Staouéli que nous avons rencontré
hier Mohamed Arslane Bachetarzi. Entouré de ses proches collaborateurs, le PDG
abordera les dispositions de la loi de finances complémentaire pour 2009 qu'il
qualifie «de sujet de management de gouvernement» à partir d'un constat évident
«que l'économie de marché est bien en marche». Il positionne l'institution
qu'il dirige comme «banque publique, tout à fait sur les rails pour accepter convenablement
la mondialisation, même la régionalisation économique, si cela devait se faire.
Il y a une interpénétration des économies mondiales (...).» Bachetarzi tient
absolument «à rassurer», a-t-il répété, que «nous ne sommes pas une banque
sclérosée mais nous participons au développement économique du pays, nous
sommes à la disposition des PME et de l'investissement». Il explique ses propos
en notant que «nous avons un programme économique national. Nous y adhérons
totalement et la BDL est la banque par excellence puisque c'est la banque de
développement local et régional» avec cette nuance que «nous comprenons très
bien qu'il y a des efforts à faire pour améliorer la qualité des services,
d'être le plus proche possible des opérateurs économiques». Le patron de la BDL
affirme ainsi que «l'essentiel de nos crédits sont destinés à la promotion de
la PME donc le financement des investissements, le crédit à l'immobilier et à
la promotion immobilière, nous sommes la 2e banque après la CNEP qui les
octroyons».
Il prend cependant à charge
l'explication de la suppression par la LFC du crédit à la consommation. «On
s'est inscrit un certain moment dans le crédit à la consommation. On l'a fait
en 2005 mais on l'a stoppé en 2007 compte tenu des effets néfastes parce qu'il
ne s'agit pas de donner des crédits, il s'agit aussi de les faire rembourser».
Pour y arriver, dit-il, «c'était difficile, très difficile». En terme de
garanties, il souligne «bien sûr que nous avions des critères pour octroyer ces
crédits mais leur recouvrement n'était pas évident. Nous avons donc levé un peu
le pied de l'accélérateur.»
LFC et «rationalité de l'Etat»
Les effets de l'ouverture du
commerce extérieur, Bachetarzi les relève « au niveau du marché». Il estime
ainsi qu'«il y a des produits que nous pouvons produire nous-mêmes. Et s'il y a
lieu d'importer dans le cadre des échanges économiques, nous devons de le faire
d'une manière rationnelle.» Et, à ses yeux, «l'Etat a introduit cette
rationalité en définitif dans la LFC dont les dispositions sont réfléchies».
L'Etat l'a fait selon lui «dans l'importation et en favorisant la production.»
Mais aussi «en supprimant le crédit à la consommation.» Le pourquoi de cette
suppression ? Bachetarzi qui est en même temps vice-président de l'ABEF (Association
des banques et établissements financiers), explique: «Il n'est pas question,
continue-t-il, de stopper les importations de voitures et encore moins les
importations des biens d'équipements ou des produits destinés à la production
mais il y a à réguler tout cela. Je pense que l'Etat a trouvé la formule de
régulation d'abord par la suppression de ce crédit parce qu'il a des effets
positifs mais aussi des effets négatifs.» Et bien qu'il estime qu'«on ne peut
peut-être parler aujourd'hui de surendettement des ménages, ce n'est pas le
cas, on ne peut pas arriver à saturation» mais «peut être que dans certains
cas, à partir de certaines évaluations qu'on fait à tous les niveaux, au plan
économique, statistique, financier et même technique, sectoriel, il y a des
moments où au terme de cette évaluation, on dit qu'il y a des options à
prendre.» Options qui pousseraient selon lui à «adapter l'appareil de
production aux besoins des consommateurs». Il reconnaît à cet effet que
«l'ouverture a été faite d'une manière accélérée pour ne pas dire débridée». En
plus, «si on décide de donner des crédits à la consommation, il faut qu'il y
ait derrière des systèmes de vision, d'observations, de surveillance qu'il faut
installer, nous, nous n'avons pas tout cela».
«On endettait les familles»
Compte tenu de la chute du prix
du pétrole et du gaz, «nos ressources, ajoute-t-il, ne sont déjà plus les
mêmes». Alors il suggère: «On doit examiner secteur par secteur, produire quoi
et importer quoi». Et «il ne s'agit pas d'ouvrir carrément mais il y a des
priorités qui, je pense, font aujourd'hui l'objet des mesures prises». Des
mesures qui sanctionnent les ménages ? Le PDG de la BDL n'y croit pas. «Ce
n'est pas évident, mettre les ménages dans des conditions qui restreignent leur
train de vie, non, mais les laisser s'endetter pour tout, ça a des
répercussions sur leur budget familial, sur leur pouvoir d'achat...» Il
rappelle que «la BDL avait à un moment accordé des prêts spécial Ramadhan mais
on s'est aperçu après 3 ans d'expérience et d'évaluation, qu'on endettait les
familles parce que leur remboursement s'est fait difficilement par des moyens
légaux certes, mais contraignants pour les familles». Mais, dit-il, «l'Etat
aussi a une responsabilité sociale qui pour lui doit se traduire en premier par
la priorité au logement, bien sûr booster l'investissement national pour avoir
des produits qui coûtent moins cher à l'Etat en évitant une hémorragie dans les
sorties de devises». Mais qu'est-ce qui obligerait les importateurs à arrêter
ce qu'ils ont l'habitude d'importer, aucune disposition ne leur interdit de le
faire ? lui demandons-nous. «Les dispositions de la LFC ne visent pas à faire
diminuer les importations mais à moins transférer de devises à l'étranger,
c'est différent», répond-il. Pour lui, le partenariat serait la meilleure
manière pour assurer la production en quantité et en qualité. Pourquoi les
partenaires étrangers ne sont pas venus ? «Mais pourquoi voulez-vous qu'ils
viennent en Algérie quand on va acheter tout chez eux ?», interroge Bachetarzi.
En tant que «promoteur financier de l'investissement, dit-il, ce qui nous
intéresse c'est que ces partenaires chez qui on achetait depuis 10 ans,
viennent avec nous construire quelque chose chez nous et vendre. Vous avez vu qu'à
cause de la crise financière, les Etats les plus capitalistes ont pris des
décisions draconiennes pour protéger leurs économies.»
Interrogé sur les raisons du
maintien du crédit documentaire (credoc) comme seul mode de paiement, le PDG de
la BDL note encore une fois «je voudrais que la BDL rassure les opérateurs
économiques, il n'y a pas péril en la demeure». Il souligne alors «le credoc a
toujours existé et est utilisé par les organismes les plus importants, parce
qu'il est sécurisé. Il sécurise le fournisseur mais aussi l'acheteur. Ça met la
banque de l'acheteur et la banque du fournisseur dans de meilleures conditions
de relations commerciales et financières.» Sur ce qu'il faut insister c'est,
selon lui, que «le credoc donne une possibilité importante à l'acheteur pour
mieux négocier et mettre en compétition les fournisseurs parce que le paiement
est garanti et assuré par sa banque. Ce qui n'est pas le cas des transferts
libres.»
«Ça vous prend 5 minutes !»
Autre précision apportée par
Bachetarzi, «on retombe à quelque chose près, aux mêmes coûts que ceux de la
remise documentaire qui, elle, a la garantie en moins ou du transfert libre qui
provoque la saignée de devises.» « Le credoc donne, selon lui, le moyen de
réguler les transferts». Pour ce qui est du temps, il rassure que «nous sommes
en train de développer un programme informatique adéquat pour une meilleure
célérité». L'ouverture d'un credoc, dit-il, «ça prendra 3 jours»
Bachetarzi tient à «positionner
sa banque par rapport à ce qui se fait en matière de développement». Il affirme
que «nous sommes là pour accompagner les promoteurs pas seulement pour prendre
des intérêts ou des commissions mais nous sommes leurs conseillers et
gratuitement. Et si on le fait mal, le crédit qu'on pourrait lui accorder
risque d'être insolvable. Donc il y va de notre intérêt de bien le faire et on
est pour la concertation.» La BDL se veut surtout, selon lui, «à 100% pour la
promotion de la PME». D'ailleurs, il indique que pour ce qui est des
surliquidités de la banque, «nous sommes en train de l'absorber dans des
projets structurants, ce sont eux qui donnent naissance à la PME. Nous sommes
en relation directe avec le ministère et les organisations patronales.» Au
passage, il relève que «les gens ne connaissent pas vraiment la caisse générale
des marchés publics (CGMP) qui elle désintéresse l'opérateur économique dès
lors où il a une attestation de bien à paiement.» Ceci pour les entreprises qui
n'auraient pas été payées. Le PDG parle aussi de la réforme qui pour lui passe
aussi par la formation des cadres que «la BDL assure», les moyens de paiement
comme la carte bancaire. «Nous sommes en train de monter un nouveau système
informatique qui sera fonctionnel au plus tard dans 12 mois. Nous aurons une
agence pilote où l'information sera instantanée à travers une gestion par les
particuliers de leurs comptes et opérations.» Le e-banking est donc en marche,
selon lui, «même pour notre communauté à l'étranger ; nous avons mis en place
le money gram qui lui permet d'effectuer des mandats en un temps record ; ça
vous prend 5 minutes !»
Le positif selon lui dans le LFC
«ce sont des subventions qu'on accorde pour le tourisme, pour l'investissement,
les terrains qui vont être cédés pratiquement gratuitement...»
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Posté Le : 19/08/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ghania Oukazi
Source : www.lequotidien-oran.com