Algérie

Le pays s'enfonce dans l'impasse



Au douzième vendredi de la mobilisation, le fossé qui sépare les Algériens du pouvoir se creuse davantage. Sur fond de crainte d'une dérive autoritaire, le pays va droit dans le mur. L'impasse risque de durer.Alors que les Algériens s'apprêtaient à sortir dans la rue pour réclamer de vrais changements qui passent par le départ des figures actuelles, issues du régime Bouteflika, le pouvoir a anticipé. Lui qui a l'habitude de répondre aux Algériens par la voix du chef d'état-major de l'armée, a changé de méthode. Jeudi, soit la veille des manifestations, Abdelkader Bensalah reçoit le Premier ministre pour évoquer la préparation de l'élection présidentielle.
La mise en scène est soigneusement préparée : les deux hommes les plus honnis par les Algériens en ce moment sont assis face à face pour préparer des élections dont personne ne veut. Invisibles sur le terrain depuis leur installation à la tête des deux principales institutions exécutives, les deux hommes ont ainsi voulu anticiper sur les événements. Le message est donc clair : le pouvoir maintient son calendrier électoral. L'avis de la rue ne semble donc plus compter pour un pouvoir qui montre de plus en plus des signes d'énervement. Aux arrestations qui commencent désormais à toucher des personnalités politiques, à l'image de Louisa Hanoune, les autorités commencent à employer un langage musclé, voire menaçant. C'est le cas de cet éditorial du journal gouvernemental El Moudjahid qui évoque la volonté du gouvernement de "mettre hors d'état de nuire" ceux qui s'opposent au processus de règlement de la crise tel que décidé par le pouvoir.
Ces menaces semblent être dirigées vers les élus, notamment les présidents d'APC et les juges qui ont déclaré leur refus de préparer et d'encadrer le scrutin présidentiel. C'est justement là que réside un des signes qui font que l'organisation de l'élection présidentielle dans moins de deux mois est quasiment impossible. Outre le manque de confiance qu'inspirent ceux qui sont chargés de préparer et d'organiser l'élection, ni l'administration ni la classe politique ne sont préparées pour un tel rendez-vous. Jusqu'à hier, en effet, aucun des citoyens qui ont retiré les formulaires de souscription pour être candidat à l'élection du 4 juillet n'a entrepris le travail nécessaire pour la collecte des parrainages des citoyens. Pis encore, la plupart des jeunes qui manifestent dans les rues ne sont même pas inscrits sur les listes électorales. Malgré ces signaux, le pouvoir continue et s'entête à vouloir tenir un scrutin qui risque de provoquer une aggravation de la crise.
Preuve en est que parmi les plus importants slogans portés vendredi dernier par les manifestants, le refus de participer à l'élection du 4 juillet occupe une place de choix. Le refus ne concerne pas le principe de la tenue d'une élection, mais plutôt de voir ce scrutin organisé par ces figures du pouvoir qui a poussé les Algériens à sortir dans la rue. La demande a été claire et ne souffre aucune ambiguïté. Les jours à venir seront donc décisifs. Et l'attitude du pouvoir face à la ténacité des Algériens sera déterminante.

Ali B.


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