Algérie

"Le pays a été longtemps livré à des prédateurs apatrides"



Le défilé d'anciens responsables des différents Exécutifs du président déchu Abdelaziz Bouteflika devant les tribunaux n'a pas laissé de marbre le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) qui, à ses yeux, témoigne d'une prise en otage du pays par "une faune de prédateurs apatrides sans foi ni loi". "Les auditions par la justice des membres des Exécutifs successifs qui ont sévi sous le règne du chef de l'Etat déchu et les charges graves qui pèsent sur la plupart d'entre eux démontrent que le pays a été longtemps livré à une faune de prédateurs apatrides sans foi ni loi", lit-on dans un communiqué publié hier à l'issue du conseil national du parti qui s'est tenu la veille. Et d'ajouter : "L'Etat de droit auquel aspire notre peuple et qu'anime la mobilisation continue de tous les segments sociaux, à commencer par la jeunesse et les femmes, ne peut être érigé sur l'impunité ou l'amnésie."Militant depuis longtemps pour une justice indépendante, le RCD n'a pas manqué de rappeler la vassalisation totale de l'appareil judiciaire par Bouteflika pour "broyer ses adversaires et protéger sa cour et ses affidés". Quelle lecture politique fait le RCD de cette opération anti-corruption menée par le régime actuel ' Une "exacerbation des règlements de comptes dans le sérail algérien" qui est "le corollaire de l'absence de la promotion d'une solution politique démocratique", estime-t-il. Pour le RCD, la république exemplaire à laquelle aspirent les Algériens ne peut en aucun cas "se suffire d'une justice sélective".
"Dans le nouveau contrat social que notre peuple finira par imposer, dans la paix, avec ses partis et ses organisations, l'indépendance effective de la justice constitue le c?ur et le moteur du nouvel édifice institutionnel", assure-t-il. Sur un autre registre, le parti de Mohcine Belabbas n'est pas contre le principe du "dialogue inclusif'' auquel ont appelé les nouvelles autorités, mais pose ses conditions. "Ceux qui découvrent le dialogue inclusif et le compromis comme moyens idoines de résoudre les crises doivent savoir que les compromis ne s'opèrent pas sur l'objectif : l'édification pérenne d'un Etat de droit", relève le RCD. Et de préciser : "En revanche, les compromis sur les mécanismes et les délais ne sont pas possibles tant que les libertés publiques sont tributaires des calculs du pouvoir de fait.
La libération des détenus d'opinion, la restriction de la détention préventive à la seule nécessité de la manifestation de la vérité, la cessation des interpellations de citoyens anonymes pour le seul fait qu'ils ?sont soupçonnés de participer à une marche', la levée de l'encerclement de la capitale participent de mesures d'apaisement incontournables." Autrement dit, le RCD ne compte pas mener la moindre négociation sur l'objectif du dialogue inclusif, mais des compromis sur les mécanismes encadrant ce dialogue peuvent être faits pour peu que des mesures d'apaisement soient prises au préalable. Tout en rendant hommage aux 126 victimes du Printemps noir d'avril 2001, le RCD a estimé que la justice doit convoquer "tous les acteurs et les témoins encore vivants de cet épisode douloureux".

Arab Chih


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