Algérie

Le patronat s'engagera-t-il enfin dans la bataille de la production ' Sorti gagnant de la 15ème tripartite


Le patronat s'engagera-t-il enfin dans la bataille de la production '                                    Sorti gagnant de la 15ème tripartite
Photo : Riad
Par Samira Imadalou
La réunion tripartite, qui a regroupé, jeudi et vendredi derniers, le gouvernement, le patronat et l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), n'a finalement pas apporté grand-chose au monde du travail. Les mesures d'ordre économique ont dominé celles d'ordre social. Hormis la hausse de 3 000 dinars (20%) obtenue pour le Salaire national minimum garanti (SNMG), qui sera sans grands effets sur le pouvoir d'achat, l'ensemble des décisions arrêtées concernent l'environnement des entreprises. Et pourtant, les attentes et même l'ordre du jour de la rencontre étaient principalement focalisés sur l'aspect social. Ni baisse de l'Impôt sur le revenu global (IRG), ni abrogation de l'article 87 bis ni revalorisation de la retraite. Ce sont plutôt les patrons qui continuent à collectionner les acquis, sans pour autant contribuer efficacement au développement économique. Car, il faut le reconnaître, la participation du privé dans la création des richesses et de l'emploi n'a pas évolué dans le sens souhaité, en dépit de la multiplication des mesures notamment celles liées à l'allègement de la pression fiscale ces dernières années. Certes, le climat des affaires a besoin d'être amélioré à tous les niveaux et à travers une application rapide des mesures sans ajournement, pour donner un coup d'accélérateur aux investissements. Mais, l'entreprise a également des étapes à franchir sur le plan interne pour devenir compétitive. Or, sur ce point, les PME algériennes, dont la majorité sont une propriété familiale, n'ont pas opéré de grands changements dans leur gestion, à l'exception de quelques exemples qui ont franchi le cap de la mise à niveau et de l'ouverture à la modernité et aux nouvelles technologies. L'échec répétitif des programmes de mise à niveau montre la frilosité de ces entreprises vis-à-vis des nouvelles méthodes de gestion qui ont pourtant prouvé leur efficacité. Ce qui fait qu'aujourd'hui, il faut le dire, le monde économique enchaîne les concessions des pouvoirs publics et les mesures d'appui sans pour autant produire. Même en matière d'emploi, hormis les grands groupes qui proposent des salaires décents et acceptables, les petites entreprises continuent à offrir des conditions socioprofessionnelles difficiles, que ce soit en terme de rémunération ou en condition de travail. Souvent, le travail reste précaire alors qu'il est pris en considération dans le calcul du taux chômage. Cette tripartite, qui s'est finalement rangée du côté du patronat, verra-t-elle ses recommandations, une fois appliquées, changer les stratégies, (si elles existent) des opérateurs privés ' Le temps nous le dira. En tout cas, pour l'heure, le monde du travail est loin d'être gagnant dans ce projet «d'assistanat» aux PME. La hausse de 20% du SNMG bénéficie beaucoup plus aux hauts fonctionnaires de l'Etat, dont les salaires sont indexés au SNMG, qu'aux petits salariés, lesquels continueront à avoir des fins de mois difficiles. La réaction des syndicats autonomes exclus de la réunion tripartite reflète celle des travailleurs : «C'est de la poudre aux yeux.» Le commentaire est revenu dans toutes les discussions ce week-end. Et pour cause, le relèvement du SNMG, qui coûtera quelque 75 milliards de DA au budget de l'Etat, à prendre en considération dans la Loi de finances complémentaire 2012, renforcera le pouvoir d'achat des cadres dirigeants, puisque, avec la hausse intervenue en janvier 2011, ils se retrouveront, à partir de janvier 2012, avec un pouvoir d'achat nettement renforcé par rapport aux autres salariés qui ne profiteront guère de cette mesure. L'abrogation de l'article 87 bis qui aurait pu améliorer le pouvoir d'achat des travailleurs a été remise aux calendes grecques.
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