Algérie

Le patronat algérien prépare, sans illusions, la tripartite de fin septembre



Le patronat algérien prépare, sans illusions, la tripartite de fin septembre
Abdelouahab Ziani (Cipa): adopte des textes, pour en oublier l'application (dr)Gouvernement, syndicats et patronat algériens se retrouvent, avant la fin septembre, pour une nouvelle rencontre destinée à approfondir le dialogue entre partenaires économiques et sociaux. Mais personne ne se fait d'illusions quant aux retombées de la rencontre. Le gouvernement lâchera du lest, cèdera aux pressions des organisations patronales et à celles des travailleurs, annoncera de nouvelles facilités pour les entreprises, mais butera ensuite sur la concrétisation de ses promesses.
C'est devenu un rituel de la période précédant les tripartites. Les organisations patronales annoncent qu'elles préparent les dossiers, le principal syndicat du pays, l'UGTA (Union générale des Travailleurs Algériens), médiatise ses revendications, les syndicats autonomes font pression pour participer à la rencontre. Syndicat et patronat développent parfois des discours convergents, notamment sur la nécessité de relancer et de protéger la production industrielle nationale et, cette fois, de renouer avec le crédit destiné à la consommation en faveur des produits fabriqués en Algérie. Mais au final, tout se termine comme prévu. Le premier ministre fait preuve d'une bonne volonté désarmante, ses partenaires saluent la disponibilité de l'exécutif. Celui-ci cède sur toute la ligne, annonce une série de mesures pour satisfaire patronat et syndicats, et tout le monde se sépare dans un climat très détendu.
La rencontre de fin septembre ne devrait guère échapper à ce rituel. D'autant plus que le gouvernement et ses partenaires se préparent à la présidentielle d'avril 2014, que tout le monde veut préparer dans un climat apaisé.
Beaucoup de mesures, peu d'effets
Le ministre de l'industrie, M. Cherif Rahmani, a d'ores et déjà préparé le terrain. Il a annoncé un plan en 94 points destiné, selon lui, à relancer l'industrie algérienne. Le plan a été présenté au gouvernement, qui l'a approuvé. Il devrait être rendu public à l'occasion de la tripartite, qui en aura la primeur. Les organisations patronales en revendiquent elles aussi le contenu, affirmant que le gouvernement a préparé ce train de mesures en concertation avec elles. Quelques voix discordantes se sont toutefois élevées cette fois-ci, pour critiquer l'inefficacité du gouvernement. Elles ont émis des doutes sur la capacité du gouvernement à appliquer ses propres décisions, qui deviennent de « fausses promesses ». M. Abdelouahab Ziani, vice-président de la CIPA (Confédération des industriels et producteurs algériens), a ainsi demandé au gouvernement « d'appliquer les textes sur le terrain » et de « ne pas se contenter de les annoncer ». Au cours d'une émission de radio, M. Ziani déploré qu'on « adopte des textes, pour en oublier l'application ». Il a rappelé que « 200 points d'accords » ont été définis lors des précédentes tripartites, mais seule une trentaine ont a été appliquées. « On demande l'application d'au moins 100 points », a-t-il dit, mettant clairement en doute la capacité du gouvernement à réaliser son programme sur le terrain.
Procédures contraignantes
Parmi ces décisions, la lutte contre la bureaucratie est un thème récurrent. M. Ziani a ainsi déploré l'existence de procédures qui découragent clairement la production. Il est possible d'acheter certains produits finis sans aucune formalité, alors que l'importation des matériaux qui les composent exige de longues procédures, qui demandent des mois, a-t-il dit. Selon lui, le système économique actuel a abouti à un résultat désastreux, qui fait qu'on « ne prête qu'aux importateurs », alors que les importations risquent de dépasser 70 milliards de dollars en 2013. « Il faut dire aux consommateurs algériens qu'ils doivent consommer algérien », mais aussi « appeler les industriels à utiliser des matériaux algériens », a déclaré M. Ziani. Ces doléances avaient déjà été présentées au premier ministre Abdelmalek Sellal peu après sa nomination, il y a un an, alors qu'il présidait sa première tripartite. Il avait alors annoncé une série de mesures qui lui avaient valu les éloges du patronat. « Nous sommes d'accord avec ces mesures, mais appliquez les ! », s'est écrié, un an plus tard, le représentant d'une organisation patronale.


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