Premier investisseur étranger en Algérie, présente dans le pays depuis les années 50, British Petroleum est l’une des sociétés pétrolières à vouloir cultiver une image accessible aux Algériens, investir dans le «social» avec des programmes de formation professionnelle sous tutelle du ministère concerné, faire partie de la « société algérienne » avec des projets d’alimentation en eau potable, des stages linguistiques pour les étudiants du Sud... etc. Derrière l’image du catalogue reste cependant le marché: que fait BP en Algérie ? Quelle a été sa réaction à l’amendement de la loi sur les hydrocarbures ?
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Le Quotidien d’Oran: Tout d’abord, quelle a été la réaction de British Petroleum à l’amendement de la loi algérienne sur les hydrocarbures ?
G. J. Peerboom: Vous savez, BP est en Algérie pour le long terme. Pour nous, le changement des lois fait partie des «affaires» en quelque sorte et cela ne nous trouble pas énormément. Maintenant, il faut attendre les textes d’application pour que l’on puisse vraiment déterminer quel en sera l’effet sur nos programmes. Cela ne nous empêche pas de continuer et nous avons de grands projets en chantiers, un programme d’exploration et tout ce qui va avec le business de l’énergie habituellement.
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Q.O.: Quelles sont les perspectives du marché algérien de BP selon vous ?
G.J.P.: Les perspectives sont très positives pour nous et je vois que l’Algérie avance dans la bonne voie. Le climat économique est propice aujourd’hui et le monde énergétique reste très attentif au prix du baril de plus en plus rentable. Comme je l’ai dit, nous sommes là pour le long terme et il y a d’importantes sources de profit pour BP en Algérie.
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Q.O.: Est-ce qu’on peut avoir des détails sur les grandes lignes d’investissement de BP en Algérie ?
G.J.P.: Nous avons deux grands projets de gaz. A Aïn Salah où la production et l’exploitation sont en cours depuis deux ans déjà et à Aïn Aménas où nous venons juste de commencer. Nous avons par ailleurs trois grands blocs d’exploration où nous avons lancé les premières études sismiques en attendant, pour l’année prochaine, 2007, le lancement d’un très important programme de forage. Nous avons toutes les raisons de rester optimistes et de penser que l’avenir pour nous est ici en Algérie.
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Q.O.: Il y a eu appel pour manifestation d’intérêt pour le financement du méga-projet de gazoduc Nigéria - Algérie - Europe. Est-ce que vous pensez que BP peut être partie prenante dans le montage financier et l’exploitation par la suite de ce projet ?
G.J.P.: Non, je ne pense pas. Je ne pense pas que c’est un projet qui intéresserait BP d’une manière directe. Pour l’instant, on est vraiment fixé sur l’amont. Il s’agit cependant d’un projet très important et nous allons en suivre de près l’évolution.
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Q.O.: On remarque aussi que BP est l’une des rares sociétés étrangères spécialisée dans le secteur des hydrocarbures et qui tente d’investir réellement des créneaux de communication de grande masse et des campagnes médiatiques de sensibilisation sur les risques routiers par exemple. Ce souci de l’image de BP auprès des Algériens est-il le même dans d’autres domaines comme l’environnement, les demandes syndicales des travailleurs algériens à BP... etc. ?
G.J.P.: Je pense que la réponse à cette question est définitivement « Oui ». Ce n’est pourtant pas vraiment une question d’image. Il s’agit pour BP d’exprimer son intérêt pour la question de l’environnement, de l’environnement de ses activités et de faire corps avec la société algérienne. On veut être une véritable société algérienne. Bien sûr, le Groupe n’est pas basé ici en Algérie mais BP-Algérie est domiciliée ici et c’est important pour nous de ne pas produire et exploiter des ressources d’hydrocarbures uniquement mais de faire plus en direction des populations qui nous accueillent. Nous croyons vraiment à cette politique. Pour nous, l’environnement signifie tout autant les droits des travailleurs, l’éducation et l’emploi. Il s’agit de centres d’intérêts vitaux pour nous.
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Q.O.: Est-ce qu’il y a d’autres projets de proximité qui vont dans le même sens ?
G.J.P.: Oui, nous sommes toujours en train d’étudier des possibilités d’aides et de rapprochements avec les populations qui sont proches de nos zones d’activité, dans le Sud particulièrement, à Illizi, Aïn Salah par exemple. Nous sommes par ailleurs intéressés pour soutenir des projets qui touchent vraiment la collectivité, capables de provoquer l’intérêt national dans toute l’Algérie. On ne peut pas tout faire mais on fait de notre mieux pour le moment et nous pensons que les sociétés qui travaillent en Algérie doivent cultiver le même intérêt et développer la même politique.
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Q.O.: Quel sens donner à votre avis, en tant que spécialiste du marché algérien de l’énergie, à cette troisième édition de la semaine de l’énergie qui vient d’être organisée à Oran ?
G.J.P.: Une manifestation comme celle-ci est pour nous un rendez-vous de très grande importance. C’est une occasion pour encourager l’échange d’informations, les prises de contacts. Le moins que l’on puisse dire est qu’on y apprend énormément.
Au départ, bien sûr, on ne sait jamais si cela va être un succès ou si cela va être rentable pour nous, mais il est vital pour nous d’y participer et d’être présents d’autant qu’une manifestation de cette importance reste encore un événement rare et il faut donc en profiter.
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Q.O.: Le discours ambiant aujourd’hui autour du marché algérien de l’énergie et du gaz particulièrement est celui de la nécessité de « sécuriser l’approvisionnement », comme l’expliqua le commissaire européen à l’Energie lors de son passage à Oran. A votre avis, faut-il comprendre qu’il s’agit uniquement de sécuriser les « champs », les puits et les zones d’exploitation ou faut-il en faire une seconde lecture un peu plus politique qui retiendrait le sens de la bonne gouvernance, de la démocratie par exemple ?
G.J.P.: Je pense que c’est la définition un peu plus large qu’il faut retenir. Je crois aussi que sur cette question, les idées diffèrent d’un pays client à un autre et c’est donc à l’Algérie que revient finalement la décision de donner un sens adéquat à la notion de « sécurité » et de mettre en avant ses propres relations avec les pays clients de son marché. L’Algérie reste un pays-clé pour le marché européen de l’énergie et la sécurité est donc à comprendre au sens le plus large possible.
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Q.O.: Quel est le tableau que vous vous faites sur la concurrence entre sociétés étrangères dans le marché énergétique algérien ?
G.J.P.: Il s’agit d’une concurrence très serrée et qui va durer dans le temps et pour beaucoup d’années. Cela est signe de vitalité et de bonne santé. Du moins selon BP qui reste très optimiste.
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Q.O.: Justement, qu’offre BP de plus par rapport aux autres sociétés en ligne ?
G.J.P.: Beaucoup. La première chose et la plus importante c’est la qualité de notre main-d’œuvre et de nos professionnels. Je crois que du point de vue ressources humaines, nous sommes une société de premier niveau. Viennent ensuite d’autres atouts comme la technologie, les financements... etc. Il existe très peu d’autres sociétés capables d’assumer de grands projets vraiment intégrés, qui commencent avec l’amont et qui s’étendent jusqu’aux activités secondaires.
Posté Le : 29/11/2006
Posté par : hichem
Ecrit par : Entretien réalisé par Kamel Daoud
Source : www.quotidien-oran.com