Algérie

Le patriotisme économique pour éviter le crash au Maroc


Le patriotisme économique pour éviter le crash au Maroc
L'économie marocaine est mal en point. En dépit d'une croissance de 4,7% en 2011, le déficit budgétaire a plongé, pour atteindre les 5,5% au cours de la même année. Experts et « politiques » marocains partagent un même constat : l'économie marocaine « ralentit », selon Mohamed Berrada, ancien ministre des finances, alors que Lahcène Daoudi, ministre de l'enseignement supérieur, n'hésite pas à dire que « le Maroc est au bord de la faillite ». Les deux préconisent le retour au patriotisme économique pour éviter le crash.
L'économie marocaine suscite une forte inquiétude. Ralentissement de la croissance, plongée du déficit budgétaire, chômage endémique, incertitudes sur l'évolution de la crise internationale qui a de fortes incidences sur une économie marocaine fortement imbriquée dans les réseaux internationaux, sont autant d'indicateurs qui alimentent les craintes du gouvernement et des experts.
Ceux-ci ont relevé cette semaine, dans deux évènements séparés organisés au Maroc, les mêmes constats alarmants. Mohamed Berrada, ancien ministre marocain des finances et actuel président du centre de recherche Links, a noté que le Maroc est rattaché « à une locomotive qui ralentit ». Lors du colloque « Coface Risque Pays », organisé jeudi à Casablanca, il tiré la sonnette d'alarme, déclarant qu'il faut « se préparer à une conjoncture difficile ». « Certains voyants ont viré au rouge », a-t-il averti, s'appuyant sur l'important chiffre du déficit budgétaire, qui devrait se creuser en 2012, parallèlement à une hausse également prononcée du déficit structurel de la balance commerciale.
Face à une crise économique des principaux partenaires du Maroc, l'ancien ministre marocain des finances en appelle au « patriotisme économique » des Marocains. « Il nous faut adopter une politique économique centrée sur la préférence nationale », a-t-il dit, appelant même à la révision des accords de libre-échange, dont les effets négatifs sur l'économie locale commencent à être décriés par les chefs de PME marocains.
Le patriotisme économique est également défendu par le ministre de l'enseignement supérieur, qui revendique ce choix pour venir au secours de la production locale, submergée par les produits importés. Pour ce ministre du Parti de la Justice et du Développement (Islamiste, au pouvoir), « le Maroc est au bord de la faillite ». Il en veut pour preuve le gouffre de la balance commerciale du Maroc, dont le déficit a atteint les 64 milliards de dirhams à fin avril dernier.
La situation actuelle du Maroc est celle qui a prévalu, selon lui, durant les années 1980, au moment de la signature d'un drastique accord d'ajustement structurel avec le FMI. Des manifestations populaires avaient suivi la signature de cet accord, notamment à Casablanca, où la répression a fait des dizaines de victimes.
Pour survivre, consommer local
Le constat de Lahcène Daoudi, considéré comme l'intellectuel du PJD, présenté lors d'une journée d'études à Rabat, rejoint un point de vue largement partagé chez les économistes marocains. Lahcène Daoudi a ainsi fustigé les propriétaires de grandes surfaces auxquels il reproche de ne commercialiser que des produits étrangers et d'ignorer totalement la production locale. Sans cibler nommément ces hypermarchés, qui fleurissent au Maroc sous différentes enseignes, Daoudi les a accusés d'être motivés par les seuls bénéfices, et de ne pas prendre considération l'intérêt du pays. En clair, il faut encourager la consommation des produits locaux pour tirer à la hausse la production nationale.
Le secteur du commerce et de la distribution au Maroc réalise un chiffre d'affaires annuel de 550 milliards de dirhams, et emploie près de 1,3 million de personnes. Avec une forte propension du crédit à la consommation (avec un taux d'environ 5%), les Marocains consomment beaucoup, avec une croissance annuelle de 6%, alors que les investissements de production de connaissent une croissance plus modeste, 5% seulement.
La consommation des ménages, qualifiée de charrette de la croissance au Maroc, est estimée à 50% du PIB. Suffisant pour qu'experts et politiques en appellent au retour au patriotisme économique pour éviter le crash prédit par les économistes.
Mme Meriem Bensalah Chaqroun, élue à mi-mai à la tête de la Confédération Générale des Entrepreneurs Marocains (CGEM, organisation patronale), avait elle aussi plaidé, dès son intronisation, pour le patriotisme économique » pour assurer le développement économique du pays.
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