Algérie

Le patriotisme économique



Publié le 15.08.2024 dans le Quotidien l’Expression

Cette souveraineté doit s’exercer, en premier lieu, sur les ressources naturelles et sur les secteurs stratégiques qui touchent à la sécurité nationale
Le patriotisme économique vise à asseoir et à préserver la souveraineté nationale sur l’ensemble de l’économie. Cette souveraineté doit s’exercer, en premier lieu, sur les ressources naturelles et sur les secteurs stratégiques qui touchent à la sécurité nationale et aux intérêts supérieurs de la nation.
Les politiques pouvant porter atteinte à cette souveraineté, notamment la libéralisation des échanges extérieurs, l’investissement direct étranger et les privatisations, doivent faire l’objet d’un examen approfondi pour éviter d’hypothéquer cette souveraineté au profit des intérêts étrangers.
Le secteur minier, et en particulier le pétrole et le gaz, amont et base du développement économique, est une propriété de la Nation. Le droit de propriété sur ces ressources ne doit en aucun cas être cessible. L’exploitation, comme la valorisation de ces ressources, doit être majoritairement sous le contrôle de l’État. L’apport des capitaux et de la technologie étrangère ne doit en aucun cas faire perdre au pays la souveraineté sur ses ressources.
La souveraineté sur l’espace agricole et sur sa valorisation est, quant à elle, vitale pour la sauvegarde de l’indépendance du pays et de sa sécurité alimentaire. Chaque mètre carré du territoire national doit être protégé des velléités d’accaparement, sous forme d’achat ou de location de longue durée, par des pays étrangers à la recherche d’un espace vital pour s’y installer et de terres agricoles irriguées à exploiter, durablement, à des fins d’exportation jusqu’à épuisement, sans souci de l’environnement.
La promotion des énergies renouvelables, rend l’impératif de développer les ressources solaires par des moyens nationaux. Réinstaller des intérêts étrangers dans le grand espace saharien pour l’exploitation de cette ressource, sans un encadrement strict, c’est comme ouvrir une base de renseignement et de communication aux étrangers pouvant porter préjudice à la sécurité nationale et à la souveraineté du pays.
La souveraineté sur les domaines industriels stratégiques est par ailleurs indispensable pour construire une économie nationale indépendante. Les entreprises publiques de biens intermédiaires et de biens d’équipement (sidérurgie, mécanique, électricité, électronique, matériaux de construction) qui constituent des instruments d’entraînement et d’intégration de l’économie, doivent être mises à niveau et ne s’ouvrir aux partenariats étrangers qu’en restant majoritaires dans le capital.
Le patriotisme économique doit s’exercer également sur le contrôle des politiques de privatisation, d’investissements directs étrangers et d’échanges extérieurs qui ouvrent des brèches dans le système de protection des intérêts nationaux
Rien ne peut justifier la cession systématique de notre patrimoine à des capitaux étrangers. La privatisation des entreprises publiques nationales profiteront avant tout aux firmes étrangères, à leurs équipements, à leurs produits et à leur personnel.
En faisant le choix de confier aux firmes étrangères le soin de dynamiser l’économie nationale, il faudrait veiller à obtenir de leur part des transferts effectifs de technologie et de savoir-faire, une meilleure productivité, la sauvegarde, voire la création de nouveaux emplois et un bilan des devises positif de leur participation.
L’expérience internationale des pays industrialisés et des pays dits émergents a montré que le développement ne peut s’opérer qu’en s’appuyant sur le génie national, l’apport étranger direct n’étant requis qu’à titre de complément.
S’agissant de la libéralisation des échanges, il faut savoir qu’elle profite avant tout aux exportateurs étrangers, et garder à l’esprit qu’elle menace la production nationale. C’est la raison pour laquelle la libéralisation du marché ne peut être opérée, que de façon graduelle, dans le secteur concurrentiel des biens de consommation finale et dans certaines activités de services, comme l’hôtellerie et la restauration, où les entreprises nationales publiques et privées peuvent soutenir, à armes égales, la compétition.
En définitive, l’alternative est simple. Il faut armer économiquement l’Algérie et non la désarmer. Le nationalisme économique doit prévaloir dans la conception et la mise en œuvre de la politique économique et sociale nationale. Cela ne signifie pas un repli sur soi, mais tout doit être fait pour préserver les intérêts nationaux et placer les ressources, ainsi que les instruments de développement économique entre les mains des Algériens.
Mohand Amokrane Cherifi



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