«Très peu
d'étudiants convoitent le sujet du patrimoine dans leur thèse de fin d'études»,
s'est désolé le docteur Zerouala Med Salah, directeur de l'Ecole nationale
supérieure d'architecture d'Alger, lors de son intervention hier au séminaire
international qui s'est ouvert hier à l'université Mentouri de Constantine,
sous le thème «Villes et patrimoine».
Dans sa
communication intitulée «Réhabiliter la société avec son patrimoine», ce
dernier soulignera qu'il existe actuellement 13.000 architectes inscrits à
l'ordre. Mais ni ce nombre éloquent de spécialistes, ni encore la population
dans son ensemble ne sont en phase avec son patrimoine. Lors d'un sondage où furent
présentées une vingtaine d'images représentant le patrimoine de la ville
d'Alger, qui a ciblé des institutions, des écoles, des CEM et lycées et une
classe d'étudiants, seulement 35 réponses ont été correctes sur les 560 émises
par les personnes sondées ! Des résultats effrayants, estimera le conférencier,
car il s'avère que 10% uniquement des personnes interrogées ont identifié les
images qui leur ont été présentées. Moralité : «le patrimoine bâti, s'il n'est
pas sacralisé outre mesure, est presque ignoré», conviendra M. Zerouala.
Faut-il donc mettre l'accent sur le volet
sensibilisation pour éviter l'effritement du vieux bâti, souvent livré à
l'usure du temps et au vandalisme dans l'indifférence totale ? Selon le
conférencier, le paysage doit conserver la mémoire de ce que nous avons été,
mais la conjugaison des styles (moderne et ancien) ne pose nullement problème,
citant l'exemple des réalisation en Allemagne (Berlin), et en Tunisie, où le
vieux bâti a été «orné» par des styles tout à fait modernes sans perdre de sa
valeur historique. Pour le cas algérien, «nous aurions hérité de l'acte de
conservation et du concept de patrimoine de la puissance coloniale», relève
dans son allocution M. Sid Ahmed Soufiane, de la faculté des sciences de la
terre (université de Annaba). La puissance coloniale avait surtout pris en
charge les sites et les monuments historiques de la période romaine d'abord,
puis ceux des autres époques, et l'Etat a intégré immédiatement après
l'indépendance ces traces du passé, jusqu'à l'année 1982 où fut créée une
Direction du patrimoine, en remplacement de la Direction des musées, de
l'archéologie, monuments et sites historiques. Le début de la prise en charge
et la reconnaissance des nombreuses civilisations qui se sont succédé sur notre
terre sont très récents, chose qui recommande une multiplication des efforts
dans le sens de la conservation du patrimoine.
Notons que des spécialistes venus du Canada,
d'Arabie Saoudite, de France, des Iles Comores, du Maroc, de Syrie, ainsi que
des experts et chercheurs algériens ont pris part à ce séminaire dont les
travaux s'achèvent aujourd'hui.
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Posté Le : 03/11/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : A Zerzouri
Source : www.lequotidien-oran.com