Algérie

Le patrimoine entre sauvegarde et libération des musées L'institution muséale n'apporte pas grand-chose aux richesses patrimoniales à Tizi Ouzou


Le patrimoine entre sauvegarde et libération des musées L'institution muséale n'apporte pas grand-chose aux richesses patrimoniales à Tizi Ouzou
De notre correspondant à Tizi Ouzou
Malik Boumati

Le mois du patrimoine va bientôt fermer ses pages de l'année 2013 et cette immense richesse n'a pas encore trouvé une vitrine susceptible de la présenter au public de façon pérenne.
Le musée reste la seule institution capable de mettre en valeur le patrimoine de l'Algérie, en dehors bien entendu des sites naturels qu'il faudra, néanmoins, entretenir et protéger. La question qui se pose est celle qui consiste à se demander si les musées sont en mesure d'apporter un plus au patrimoine. La réponse est malheureusement négative pour diverses raisons, dont certaines s'appliquent sur toutes les wilayas du pays.
Dans la wilaya de Tizi Ouzou, l'activité muséale reste embrigadée dans l'histoire de l'occupation française. A voir les musées de la wilaya, l'on croirait que l'histoire de Tizi Ouzou, de la Kabylie et même de l'Algérie a commencé en 1830 quand l'armée coloniale a débarqué sur la côte algéroise. Et, à l'exception de quelques petites infrastructures transformées en musées, la wilaya ne compte qu'un seul musée qui mérite d'être signalé en tant que tel. C'est le musée régional de la wilaya III historique qui a été érigé il y a quelques années, à proximité de l'annexe du musée national El Moudjahid et du carré des martyrs de la révolution. Sinon, ce sont les maisons natales de grandes figures de la guerre de libération nationale et de la résistance à l'occupation française qui ont connu une restauration et une transformation en musée, telles celles de Krim Belkacem, Abane Ramdane et Lalla Fatma N'Soumeur. Donc, le seul patrimoine que présentent les musées de la wilaya de Tizi Ouzou reste celui lié à la présence française en Algérie et l'institution muséale néglige complètement l'histoire millénaire de la région et du pays, notamment la présence byzantine, phénicienne, romaine, arabe et turque. Pour la présence ottomane dans la région, la restauration du «bordj» turc de Boghni sonnera comme un début de sortie de l'histoire de la région et de l'institution muséale du carcan de la présence française dans lequel elles ont été enfermées depuis plusieurs années. Il reste le musée régional de l'archéologie et des arts en cours de réalisation à proximité de l'ancienne gare routière de la ville des genêts. Il s'agira de savoir ce qu'en feront les pouvoirs publics après réception et équipement, notamment en raison de la curieuse idée d'associer les arts à l'archéologie et de voir dans quelle proportion cette future institution pourra apporter un plus au patrimoine de
la région.
Sur cette question d'apport du musée au patrimoine, il importe de signaler que les musées algériens n'achètent pas des objets pour agrémenter leurs espaces et autres stands, l'Etat algérien considérant que tout objet relatif au patrimoine est sa propriété. Donc, les objets que pourraient découvrir des citoyens sous leurs terres ou dans les sous-sols de leurs vieilles habitations, ne sont un trésor que pour les pouvoirs publics. Aucune indemnité n'est prévue pour les citoyens qui font ce genre de découvertes, et dans ce cas il ne faut pas s'étonner que les citoyens optent plutôt pour les chemins certes escarpés mais juteux de la contrebande et du trafic pour fructifier leurs découvertes.
Les pouvoirs publics devraient également penser à libérer un peu les gestionnaires des musées de leur enchainement administratif et
bureaucratique et leur accorder une certaine liberté d'initiative et autonomie financière qui leur permettraient d'agir plus souplement dans l'intérêt des institutions qu'ils dirigent.
Aujourd'hui, ce n'est pas encore une réalité et il faudra une décision politique pour libérer les musées d'une gestion administrative au profit d'une autre scientifique, mais, dira-t-on, avant cela il faudrait libérer l'histoire elle-même des griffes de l'administration et du carcan officiel.
M. B.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)