Le patrimoine de Sidi El-Houari en péril

Une dizaine d'immeubles de valeur historique a été touchée, notamment dans la partie basse, noyau originel de l'ancienne ville d'Oran.Classé patrimoine mondial, Sidi El-Houari aura connu ses pires moments en cette année 2016 avec son lot de démolition et d'emmurement des vestiges du bas quartier d'Oran.En effet, les opérations de relogement qui se sont succédé ont été littéralement suivies d'un nettoyage culturel ainsi qualifié par la population d'Oran et des habitants de Sidi El-Houari, qui qualifient cela de la "plus grande destruction intentionnelle d'édifices historiques de la ville". Classé au patrimoine mondial en péril depuis peu, ce site architectural a subi des dommages irréparables. Face à ce qui s'apparente à un projet de destruction massive et systématique, le collectif des propriétaires de Sidi El-Houari en appelle aux plus hautes instances pour avoir des explications sur le devenir de ce site. Au-delà de la volonté manifeste d'effacer l'histoire d'Oran, les attaques contre le patrimoine servent uniquement les intérêts des rentiers qui ne voient en Sidi El-Houari qu'un parc foncier en bord de mer à récupérer, expliquent des membres du comité de quartier. Plusieurs immeubles réhabilitables se retrouvent évacués de leur habitants et scellés, alors que d'autres, classés zone rouge et géo-stratégiquement désuets, sont laissés pour compte. Une dizaine d'immeubles de valeur historique a été touchée, notamment dans la partie basse, noyau originel de l'ancienne ville d'Oran. Des maisons de la période espagnole ou ottomane encore debout font aujourd'hui l'objet d'un plan d'éradication macabre. Le spectacle est affligeant pour les visiteurs et l'opinion publique qui sont face à des murs agonisants, expression d'une histoire commune disséquée, confisquée et jetée en pâture aux actions dévastatrices des pouvoirs publics et promoteurs intéressés. Soulignant qu'après une mobilisation soutenue de la société civile oranaise depuis plusieurs décennies, l'Etat a classé ce centre ancien en secteur à sauvegarder. Ce collectif d'habitants s'est réuni pour discuter et tenter de mettre fin au laxisme et appeler les autorités à revoir leur feuille de route et mettre en place des mesures d'urgence pour un véritable plan de sauvegarde auquel nous devons participer. Car, disent-ils, "ce patrimoine est en train de se faire effacer de la carte urbaine". L'histoire d'un pays se lit à travers ses villes, son architecture et ses espaces historiques. Le Tambour Saint-José, la Porte d'Espagne, l'église Saint-Louis, les donjons mérinides et la maison du dernier bey de la région, Hassan Bey, résistent encore aux aléas du temps, mais pourront-ils résister aux mains mafieuses du foncier à Oran 'Hadj Hamdouche