Après la publication d?une déclaration commune avec les catholiques et les orthodoxes, relative à l?immigration (lire ci-contre), le pasteur Claude Baty nous explique le pourquoi et le comment et revient aussi sur la situation des chrétiens en Algérie. Le ton de la déclaration est très offensif, très fort : pourquoi ? Nous sommes un peu inquiets. Nous n?avons pas à nous mêler de responsabilités qui ne sont pas les nôtres, mais nous nous rappelons des questions de principe qui concernent le respect de la personne et de la dignité humaine. Nous sommes attachés au respect de l?accueil des étrangers. Ils ne viennent pas en France parce que tout d?un coup ils en ont envie. Ils sont obligés. On est là dans des situations dramatiques. Comment est née l?idée de ce texte ? Cela s?est fait en liaison avec la prochaine présidence de la France de l?Union européenne. Et tout simplement, parce que le président Sarkozy a annoncé que les questions de migration seront au programme de cette présidence. Il ne faudrait pas profiter de cette période pour faire passer des lois qui durciraient encore plus la situation actuelle. Votre démarche ne peut-elle pas être assimilée à une démarche politique ? Les politiques nous renvoient cela lorsqu?on les critique. Quand on dit qu?ils font bien, là, il n?y a pas de problème. On ne se mêle pas de politique politicienne. On parle de principes, de droits de l?homme. Est-ce que vous pensez à une démarche européenne ? Oui, il y déjà eu du côté des églises protestantes et orthodoxes de l?Europe une action en ce sens. Il apparaît à tout le monde que les questions, pas seulement d?immigration mais de migrations, vont encore se développer. Les spécialistes disent que des millions et des millions de personnes vont se déplacer dans les années à venir, du Sud au Nord, de l?Est vers l?Ouest. Il est illusoire, me semble-t-il de vouloir fermer ses frontières. La question algérienne a beaucoup préoccupé les chrétiens ces dernières semaines. Vous avez publié un soutien aux protestants algériens et il y a eu une pétition de mouvements protestants, où en est-on ? La pétition ne vient pas de la Fédération protestante, mais d?une de ses branches. Nous, Fédération protestante, nous avons fait une déclaration en rapport avec l?église protestante d?Algérie, d?ailleurs, parce que, en général, on ne se permet pas de prendre la parole à la place des gens sur place. C?est parce que nos amis algériens de l?église protestante étaient en difficulté qu?ils nous ont demandé de parler pour eux. C?est pour cela que nous l?avons fait. Pas seulement parce que ce sont des protestants, mais il s?agit de dire que dans un pays qui a signé la déclaration des droits de l?homme et qui a dans sa constitution la liberté des cultes, il n?est pas permis de persécuter un certain nombre de ses concitoyens. Le fait que justement ce soit la Fédération protestante de France qui s?immisce dans une affaire algérienne, cela peut être mal perçu en Algérie, quel est votre sentiment là-dessus ? Je suis bien conscient que dès lors que les Français s?expriment sur des questions algériennes, ils sont très vite accusés de néo-colonialisme. Je ne nie pas les erreurs commises par la France en Algérie, mais je pense qu?il faut dépasser ce point de vue et rappeler des grands principes et les grands devoirs valables aussi bien en Algérie qu?en France. La Fédération protestante s?est aussi prononcée pour le respect du droit pour que les musulmans puissent construire des mosquées en France. Ce n?est donc pas une question partisane. La liberté de conscience et la liberté religieuse vaut pour tous et dans tous les pays. Il y a malgré tout en Algérie l?idée que l?église protestante d?Algérie est l?émanation de l?église protestante de France ? Oh non, nous n?avons aucun lien hiérarchique par rapport à eux et c?est eux qui mènent leurs affaires comme ils l?entendent en toute indépendance. Ils prennent leurs responsabilités. Quelles relations avez-vous aujourd?hui avec les autorités algériennes ? Directement, aucune. Vous avez demandé à en avoir ? Nous avons parlé quelquefois avec le ministre de l?Intérieur ou ses conseillers, mais les relations sont tellement tendues, semble-t-il, qu?il n?est pas envisageable... On a beaucoup de peine. Par exemple, si on s?annonce en tant que pasteur protestant, on n?obtient pas de visa. Vous l?avez demandé ? Oui Vous, en temps que président ... Non, je n?étais pas encore président, mais il y a une année, je devais y aller sur invitation de la Fédération protestante d?Algérie, je n?ai pas eu le visa. Quelqu?un, récemment, s?est retrouvé dans la même situation. Avez-vous redemandé depuis un visa ? Non, pas à l?heure actuelle, parce que je ne veux pas créer plus de problèmes qu?il en existe. Avez-vous des relations avec les autres églises et notamment avec l?archevêque Teyssier ? Oui bien sûr. J?ai envoyé un message à Henri Teissier pour le remercier de son soutien lorsque le pasteur Johnson a été expulsé. Mais je crois qu?il ne faut pas le transcrire. Au début, les catholiques se sont distanciés des protestants, en disant ils faisaient du prosélytisme, et c?est pour cela qu?ils ont eu des ennuis. Mais ce n?est pas le cas. Très vite des catholiques ont eu aussi des ennuis, pris dans la même répression et ils ont été alors plus solidaires qu?au début. Je crois au contraire qu?il faut le transcrire. C?est d?ailleurs souvent le sentiment de beaucoup d?observateurs que le courant évangélique est plus prosélyte... Je ne connais pas très bien la situation en Algérie, mais contrairement aux catholiques, dont souvent une bonne part sont des étrangers, les protestants en Algérie sont des Algériens.
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Posté Le : 26/05/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Walid Mebarek
Source : www.elwatan.com