Algérie

Le passé pas si simple



Le passé pas si simple
«C'est le passé qui doit conseiller l'avenir.» Sénèque
Dans tous les cas, les choses doivent être claires: le journaliste n'est pas là pour juger le parcours de tel ou tel candidat, mais pour chercher les détails enfouis, susceptibles de renseigner le candide électeur sur le candidat en question. Et la campagne électorale est le meilleur moment pour faire ou refaire la connaissance de personnages que la morosité des jours nous a fait oublier. Evidemment, je ne parle pas de ces candidats ternes qui semblent sortir des limbes et dont la jeunesse fait sourire les chalands désabusés. Les candidats les plus intéressants sont ceux qui ont un curriculum vitae assez chargé: soit, ils sont assez âgés pour avoir déjà servi les institutions et en tant que tels, ont pu savourer tous les bienfaits qu'une administration reconnaissante peut rendre à ceux qui l'ont fidèlement servie, soit ils font partie de ceux qui n'ont connu de la vie politique qu'une place réduite, soit dans une opposition qui n'a pas voix aux médias, soit dans le labyrinthe des couloirs et des salles d'attente des services où se concoctent les fameux agréments. Cependant, dans la longue liste des candidats qui sont connus du grand public, il faut distinguer ceux qui ont eu des fonctions officielles depuis le début de leur carrière jusqu'à maintenant et ceux qui, après avoir été des serviteurs de l'Etat, ont connu une longue éclipse avant d'être parachutés sur le devant de la scène politique par une administration devenue soudainement bienveillante à leur égard. Je parle évidemment de ces malheureux dont les partis ont connu une longue et douloureuse gestation dans les insondables entrailles d'une administration kafkaïenne. Il est dommage, et cela, je n'arrête pas de le déplorer, que les services de l'Unique ne soient pas ouverts à tous les courants politiques et cela depuis longtemps, ou qu'il n'existe pas parallèlement un service d'archives où l'on puisse se documenter sur un passé ancien ou récent du candidat. Quand le tête de liste est assez célèbre pour avoir occupé un poste important, il aurait été facile de déterrer tous les articles relatifs à la vie professionnelle ou à l'activité politique du personnage, à condition cependant que les archives existent et qu'elles aient été classées selon les normes. Dans les pays où la démocratie n'est pas un vain mot, les médias privés ne se privent pas de remettre dans l'actualité des moments importants ou éloquents du candidat: ses déclarations, des anecdotes ou tout simplement de ténébreuses affaires où le candidat aurait été mêlé de près ou de loin. Le candidat Sarkozy est un exemple typique d'un candidat qui souffre de quelques casseroles obstinément accrochées à son parcours politique en zigzags: sa vie amoureuse tumultueuse, ses flirts avec El Gueddafi qui aurait financé son élection, les enveloppes de la veuve Bettencourt, les rétro-ristournes de Karachi, des promesses faites lors de la précédente campagne électorale de 2007 et qu'il n'a pas tenues mais qu'il remet subrepticement dans son nouveau programme. Sans oublier, bien sûr, les diverses polémiques qui l'ont opposé à des hommes politiques aussi bien de son parti que de l'opposition, ou son bilan de ministre de l'Intérieur. Ne parlons pas des ouvrages qui viennent de paraître à la veille de ces élections et qui ajouteront une autre lumière plus crue sur ce personnage controversé. Dieu merci, sous notre ciel, qui est presque toujours bleu, la vie privée des hommes politiques n'occupe même pas les recoins de la presse people et seules des rumeurs infondées peuvent parvenir aux oreilles de lecteurs incrédules. Quant à la vie professionnelle, elle est presque banale, sauf si on relève par-ci, un chef de parti qui se fait voler tous les partis qu'il a créés, ou bien par-là, les innombrables contradictions dont semble s'accommoder avec un cynisme particulier celui qui prêche une chose et son contraire. Les retournements de veste ou de djellaba sont les caractéristiques des bonimenteurs professionnels.




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