Algérie

« Le passage du sacré au profane est quelque chose de très fréquent »



  La vague de religiosité qui touche le raï est-ellepassagère ou est-ce un mouvement de fond '  La religiosité n'est pas un phénomène nouveau.En 1986, un chanteur prometteur, Abdelkader Cheriguiavait laissé tombé le raï pour la da'wa. Un peuplus tard au début des années 90, le sulfureux ChebTahar avait remisé la panoplie raï pour le qamis (çaa duré pour lui un an ou deux), et il ne faut pas nonplus oublier que Khaled est passé en 1985 pour lapremière fois à la télé en chantant « ssalou al nabi ».Le passage du sacré au profane est quelque chose detrès fréquent dans l'histoire de la chanson en Algériedepuis le début du XXe siècle (on le voit aussi biendans le haouzi ou le chaabi). Aujourd'hui c'est unphénomène plus moderne c'est celui du « nachid »qui s'est développé en Egypte à la fin des années 90en liaison avec la montée des jeunes prédicateursdes chaînes satellitaires comme Amr Khaled (cf.Patrick Haenni « L'islam de marché »). Pour le raïil ne faut pas oublier que c'est en 1986 qu'apparaîtrala forme édulcorée mais néanmoins tout aussi populaireque l'on a appelé le raï love avec Hasni, chebNasro, etc. Il faut toujours penser que le raï ne faitque restituer un mouvement profond de religiositéet surtout de conservatisme et de repli sur soi.  Est-ce la fin d'un genre ou le début d'un raï« propre et moral » ' La légende du raïman buveur,noceur et faiseur de scandales est-elle définitivemententerrée '  Le raï s'est rapidement diversifié dès ses débutspuisqu'il est un genre de métissage par excellence.A côté d'un raï dit trab (roots) vous avez une variétéde déclinaisons qui cohabitent et qui ont l'une oul'autre un moment de popularité (rai love, raï ambiance,raï-rap, raï-chaabi, raï meddahate, etc.) Malheureusementpour le raï c'est la légende qui prédominemême si on voit beaucoup de jeunes chanteursne pas toucher à l'alcool.  Dans des chansons raï, on peut maintenant entendredes passages de hadith du Prophète, d'oùvient cette fusion entre un genre populaire etmystique, très éloigné de la thématique raï '  La fusion du mystique et du profane est très ancienne.Dans les cérémonies traditionnelles on commencepar chanter des chants de louange au prophète etaux saints et on finit sur des chansons plus profanes.Dans le répertoire des chanteurs de raï il y a toujourseu une part de chants ou de couplets repris du corpusdes adeptes des zaouias.Aujourd'hui, il est évident que le lexique est pluschargé de référents au sacré mais c'est égalementdans les échanges langagiers les plus quotidiens quecela peut se vérifier.  >   


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