Algérie

Le pas en avant, deux pas en arrière des autorités maliennes



Le pas en avant, deux pas en arrière des autorités maliennes
Les concertations nationales entre acteurs politiques maliens prévues pour s'ouvrir aujourd'hui à Bamako ont été finalement reportées à une date ultérieure. La presse malienne qui a fait l'annonce de l'information a précisé que le président Dionconda Traoré a pris la décision du report après que le comité d'organisation lui a fait un exposé des préparatifs d'où il est ressorti que la participation «laissait à désirer à la veille d'un événement aussi important pour l'avenir du Mali». Traoré a par conséquent opté pour le renvoi de l'ouverture des concertations nationales pour ne pas hypothéquer leur chance de réussite.
Pour les observateurs objectifs de la scène politique malienne, la décision de Dionconda Traoré est on ne peut plus sensée et judicieuse au vu de la façon hâtive et sans aucune préparation dont les assises ont été convoquées. Précipitation que des partis de l'opposition malienne déjà réticents à l'idée de concertations nationales sous l'égide des autorités de la transition s'apprêtaient à prétexter pour ne pas y prendre part.
Les concertations reportées s'inscrivent dans l'agenda politique prévoyant la solution de la crise malienne à travers d'abord un dialogue entre acteurs politiques maliens en vue de réunir tous les segments de la société malienne sur ce que devra le contour de celui que le gouvernement central engagera éventuellement avec les Touaregs du nord du pays. Cette démarche n'est pas partagée par tous les acteurs politiques à Bamako. Ses opposants ne favoriseront pas la réussite de l'initiative du président Dionconda Traoré dont ils contestent le maintien à la tête du pouvoir de la transition dans le pays, mais aussi parce qu'elle gêne la mise en application de la feuille de route d'inspiration française privilégiant l'intervention militaire au Nord comme seule solution de crise pour le Mali.
Dionconda Traoré a opté pour prendre du temps plutôt que d'engager dans de mauvaises conditions des concertations malo-maliennes destinées à légitimer le processus du dialogue avec la rébellion touareg que la communauté internationale lui demande expressément d'engager avant que ne soit lancée l'intervention militaire au Nord-Mali dont le Conseil de sécurité de l'ONU a entériné le principe. Mais il est clair que ce temps lui est compté car le MNLA et Ansar Eddine ne peuvent indéfiniment se voir opposer à leur demande d'ouverture du dialogue avec les autorités de Bamako le préalable à celle-ci de la tenue des assises des concertations nationales que les «cafouillages» de la classe politique empêchent visiblement. Les groupes armés ayant accepté le processus du dialogue politique n'ont pas fait dans la diversion en considérant que la balle est désormais dans le camp des autorités de Bamako de qui dépend qu'il soit engagé ou non.
C'est à Dionconda Traoré et au gouvernement malien de la transition d'agir pour neutraliser les forces politiques qui veulent saboter le processus du dialogue et lui substituer celui du tout militaire qui a la faveur de l'ex-puissance coloniale quitte à ce qu'il plonge le Mali et toute la région dans une situation encore plus chaotique que celle à laquelle ils sont présentement confrontés. Il faut pour cela que Traoré et le gouvernement malien se donnent encore du temps pour rallier les indécis, mais pas au point de renvoyer aux calendes grecques l'ouverture des concertations nationales et ainsi faire apparaître Bamako comme refusant la main tendue par la rébellion touareg ayant pourtant renoncé aux revendications remettant en cause la souveraineté de l'Etat malien et l'intégrité de son territoire national.


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