Algérie

Le parti de Sarkozy veut faire mieux que Le Pen: une «caution-retour» pour les demandeurs de visa



Le parti de Nicolas Sarkozy ne  peut plus se passer d'agiter, au moins une fois par semaine, le thème de l'immigration, de l'islam ou de la nationalité présumée douteuse de Français d'origine maghrébine ou africaine. Islam, laïcité, échec scolaire, le ministre français de l'Intérieur ne rate pas une occasion pour taper sur les étrangers et sur les Français « fils d'étrangers ».

 Les choses sont allées jusqu'à accuser - en torturant avec mauvaise foi les statistiques - les enfants d'immigrés de plomber la note de l'échec scolaire de la France. Jeudi dernier, le parti de M. Nicolas Sarkozy a tenu une convention « anti-immigré » dans le but de montrer aux électeurs de « souche » tentés de votez pour le Front national que l'UMP fera beaucoup mieux. Et si l'UMP en fait beaucoup trop et se répète jusqu'à la nausée, le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Coppé, l'explique avec une évidente mauvaise foi. « Personne ne doit être choqué que nous remettions régulièrement sur la table ces problématiques parce qu'elles sont évolutives ». En réalité, c'est le discours de l'UMP qui est évolutif. Tellement évolutif qu'un journaliste français a noté que ce n'était plus l'UMP qui courait derrière le Front national, mais l'inverse.

 Le parti de Nicolas Sarkozy est déjà un parti sous emprise d'une extrême droite populiste xénophobe, anti-étrangers et, on l'a vu lors d'une précédente convention, antimusulmane. Les propositions de l'UMP élaborées avec la collaboration du ministre de l'Intérieur Claude Guéant qui est en campagne sur la thématique amalgame immigration-insécurité-dégradation comportent des propositions générales comme de faire de la question des flux migratoires un des sujets prioritaires du G8 et du G20, de relancer l'Union pour la Méditerranée pour une gestion concertée de migrations et de concentrer l'aide au développement dans les pays du Sahel. Les choses deviennent plus précises quand on approche de l'Europe ou de l'espace Schengen. Là il s'agit de renforcer les contrôles de l'agence Frontex, de créer une Agence de l'espace Schengen pour harmoniser l'octroi de visa.

La notion léonine de «dossiers à risque»

 Le cap sécuritaire est clairement affirmé avec un appel à un renforcement des capacités des centres de rétention administrative. L'UMP propose également à ce que l'Europe conditionne le nombre de visas délivrés et l'aide au développement à la « coopération » dont ferait preuve l'Etat du Sud pour « le retour des immigrés illégaux ». Le clou de ces propositions est l'introduction du paiement d'une « caution-retour » pour les demandeurs de visa dont les dossiers sont classés « à risque ». Le demandeur de visa considéré comme « un risque » serait astreint à payer cette caution qui ne lui sera rendue qu'une fois de retour à son pays. Il y a clairement un aspect humiliant dans la procédure qui en cas de sa mise en place au niveau européen - ce n'est pas encore acquis - appellera à une réciprocité automatique. Mais ce qu'il faut noter est qu'en dépit des précautions de langage, on sait que les services consulaires ont tendance à considérer qu'une très grande partie des demandeurs de visa chercheraient à rester en France de manière clandestine. Un rapport de la Cimade rendu public en juillet 2010 illustre parfaitement ce climat de suspicion généralisée. L'Algérie enregistrait, selon ce rapport, le plus fort taux de refus de visas de la part de services consulaires français. A Annaba, ce taux était de 47,82% et de 43,98% à Alger. La Cimade notait que le taux global de refus pour les Algériens se situait à 35% alors que le taux de refus moyen était « de 9,6% en 2008 pour l'ensemble des consulats de France à l'étranger ». Ces chiffres montrent à quel point la suspicion est forte. Le niveau des rejets de visa élevé montre que les services consulaires français gèrent déjà les « dossiers dits à risque ». La formule, très léonine, permet tout ce que l'administration consulaire veut. L'introduction d'une caution-retour pourrait dès lors ne pas concerner les « dossiers à risque » qui sont rejetés. Elle peut devenir une quasi-règle pour l'ensemble des demandeurs de visa. Et ce n'est pas fini. Dans une campagne électorale « évolutive » en France, il ne faudra pas être surpris de voir M. Guéant et Coppé faire preuve de plus d'imagination pour démontrer qu'ils sont meilleurs que Le Pen en matière d'anti-immigrés.




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