Le triomphe du Hamas aux législatives palestiniennes a plutôt mis le mouvement dans l'embarras, car il ne s'attendait pas à réaliser un tel score. Il est évident que le mouvement n'est pas encore prêt à guider à lui seul le bateau palestinien à bon port.
C'est sûrement cette évidence qui a poussé ses responsables à déclarer bien avant et après l'annonce officielle des résultats que le Hamas cherche à faire du Fatah son partenaire dans le prochain gouvernement, alors que la majorité absolue acquise au scrutin lui permet de former ce gouvernement à lui seul. Au niveau interne où le mouvement promet de profondes réformes et une lutte contre la corruption, la gestion des affaires ne sera pas aisée. L'Autorité palestinienne qui a vu le jour suite aux accords d'Oslo et que le Hamas va diriger, alors qu'il avait refusé de participer aux élections législatives de 1996, pour la simple raison qu'il ne reconnaît pas ces accords, sera amené à nouer des relations avec Israël, concernant au moins des questions de la vie quotidienne des citoyens, telles que l'économie, la santé, l'électricité, le carburant, l'importation et l'exportation à travers les ports israéliens. D'un autre côté, Israël contrôle tous les points de passage entre les territoires palestiniens et le monde extérieur, sauf celui de Raffah entre la bande de Ghaza et l'Egypte contrôlé par une mission de l'Union européenne, utilisé seulement pour le passage des personnes, alors que les marchandises doivent passer par un autre point qui se trouve en territoire israélien. Quels moyens utilisera le Hamas qui refuse de son côté tout contact avec Israël qu'il ne reconnaît pas, pour surmonter ces difficultés, surtout qu'Israël a annoncé de sa part qu'il ne négociera avec aucun gouvernement palestinien dont fera partie le Hamas. Jeudi soir, Ehud Olmert, Premier ministre israélien par intérim, a déclaré qu'« Israël ne mènera pas de négociations avec un gouvernement palestinien s'il comprend (des membres) d'une organisation terroriste armée qui préconise la destruction d'Israël ». La Communauté internationale, notamment les Etats-Unis et l'Union européenne, a aussi appelé le Hamas à renoncer à la lutte armée ainsi qu'à reconnaître l'Etat d'Israël, s'il souhaitait une quelconque coopération. Le président américain, George W. Bush, a pour sa part affirmé que le Hamas devait renoncer à vouloir la destruction d'Israël. « Si vous avez la destruction d'Israël dans votre programme, vous n'êtes pas un partenaire pour la paix », a déclaré M. Bush, dont le pays considère le Hamas comme une organisation terroriste. « Il est important que le Hamas comprenne (...) qu'il doit décider entre la voie de la démocratie et la voie de la violence », a renchéri le Premier ministre britannique Tony Blair. L'UE, principal donateur de l'Autorité palestinienne, a pour sa part indiqué qu'elle jugerait le Hamas selon sa contribution au processus de paix après son entrée au Parlement. Les 25 se sont dit toutefois prêts à continuer en principe leur soutien au développement économique palestinien. Moscou a demandé au Hamas d'accepter un « règlement pacifique », alors que le Premier ministre français, Dominique de Villepin, a exprimé son « inquiétude », après la victoire du mouvement. Le Hamas qui tire sa grande popularité dans les territoires palestiniens, de sa détermination à poursuivre la lutte armée, se trouve aujourd'hui en face du mur. Le pragmatisme le poussera-t-il à renoncer à sa charte au prix de perdre son soutien populaire ' La réponse ne tardera pas à venir, car le peuple palestinien n'a matériellement pas la possibilité de survivre, cloîtré dans les territoires, sans ressources pendant longtemps.
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Posté Le : 28/01/2006
Posté par : sofiane
Ecrit par : Fares Chahine
Source : www.elwatan.com