Algérie

Le parent pauvre



Elevé au rang de priorité nationale, en raison des inestimables atouts naturels, économiques, sociaux et même sociétaux, le secteur du tourisme est retombé au deuxième sous-sol des préoccupations des pouvoirs publics, pandémie de Covid-19 oblige. Même si l'on peut très bien comprendre les décisions gouvernementales qui l'avaient mis en tête des activités à sacrifier sur l'autel de la santé publique et le dernier à passer le sas du déconfinement, le tourisme national n'en reste pas moins un important levier de développement socio-économique.Grand pourvoyeur de postes d'emploi, vecteur d'ouverture de la société sur le monde et premier promoteur de l'image de marque d'une nation et donc de son soft-power, cette activité qui emprunte à l'économie, à la culture et à la sociologie d'un pays est véritablement le «véhicule» idéal qui insert des peuples dans la dynamique mondiale de l'heure. Les pays qui se targuent de pouvoir se passer du tourisme dans leurs plans de développement économique se comptent sur les doigts d'une seule main.
Certes, la machine touristique nationale s'est sérieusement enrayée à cause de la décennie noire qui a fermé le pays au reste du monde. Mais cela ne doit pas être une fatalité. De très nombreux pays ont traversé des drames comparables à celui de l'Algérie, mais ils ont reconstruit leur secteur du tourisme. Il n'y a pas de raison que l'Algérie demeure l'une des rares destinations inconnues des touristes internationaux. Cet état de fait est bien entendu le résultat d'une politique de replâtrage qui ne laisse pas de place au professionnalisme. Aucune stratégie digne de ce nom n'a été ébauchée.
Pour certains ministres qui ont dirigé le secteur, la solution était dans les infrastructures, d'autres dans le choix de la clientèle et d'autres encore ont pointé du doigt l'insuffisance de la formation. Abordées de manière parcellaire, toutes les solutions préconisées ont abouti au désastre que vit le secteur avant l'avènement de la Covid-19. Les responsables qui, soit dit en passant, ne rataient aucun salon dédié à la promotion de cette activité, organisé à l'étranger, n'ont absolument rien construit de sérieux. Ce sont au contraire de petits collectifs, de petites agences «débrouillardes» qui tentent de commercialiser quelques destinations naturelles et historiques. Ce tourisme à l'échelle artisanale crée de l'emploi précaire et clandestin, que la bureaucratie ambiante détruit systématiquement. Toutes les initiatives, que ce soit au nord ou au sud du pays, sont réduites à néant par une réglementation lourde, éreintante et démotivante. L'impression qui se dégage est que le ministère du Tourisme n'écoute ni ne voit la multitude de petites agences qui se déploient aux quatre coins de l'Algérie et tentent de répondre à une demande bel et bien existante et qui ne peut que croître. Les visites d'inspection, les déclarations de bonne intention sur l'artisanat et
autres lieux de villégiature ne résolvent pas l'équation touristique nationale. C'est précisément l'absence d'une stratégie globale pour le tourisme national qui pousse son premier responsable à tourner en rond, sans savoir par quel bout prendre le problème d'un secteur qui occupe 10 fois moins d'emplois qu'il n'est censé créer. Des sites historiques pouvant faire vivre des régions entières sont laissées à l'abandon. Un littoral, parmi les plus beaux de la planète, n'est pas du tout rentabilisé. Le plus grand désert de la planète ne réalise pas l'équivalent du chiffre d'affaires d'une pizzeria de quartier.
C'est l'image que dégage le tourisme national. Le problème n'est pas seulement dans l'infrastructure et la formation, mais dans l'absence d'une vision, d'un courage de dire les choses, d'une détermination à s'assumer pleinement, d'une volonté politique de s'ouvrir au monde et d'affronter «les mauvaises langues» avec nos forces et nos faiblesses. Il est très facile de rendre l'Algérie désirable. L'Etat peut le faire. Ce n'est pas sorcier. Il suffit prioritairement de faciliter l'accès des étrangers au pays. L'Etat doit faire confiance aux Algériens. Ils sauront être à la hauteur... Les Algériens feront le reste.


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