Algérie

Le parcours sanglant



Et pourtant aucun des deux camps en présence ne lésine sur les moyens. Chacun d’entre eux a sorti ce qu’il avait dans ses arsenaux. L’armée régulière pour le président sortant, Laurent Gbagbo, ou ce qu’il en reste depuis que celle-ci a perdu son aviation d’abord et ses blindés ensuite, et la rébellion qui a décidé de faire basculer la situation en faveur du président reconnu, Alassane Ouattara. Mais aucun d’entre eux n’a pu éviter le moindre dérapage à supposer, bien entendu, qu’il s’agit bien de bavures et non pas d’actions déterminées, et voulues. C’est pourquoi, le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, a annoncé hier qu’il voulait ouvrir une enquête sur des «massacres commis de façon systématique ou généralisée» en Côte d’Ivoire. Et si l’intitulé de l’action envisagée ne manque en aucun cas de précision, c’est parce qu’il se base sur des éléments à la fois précis, cohérents et crédibles, la source principale  étant l’ONU et ses institutions spécialisées. Si le bilan provisoire de l’Onuci (la mission de l’ONU en Côte d’Ivoire) est pour l’instant de 330 morts (entre  les 28 et 30 mars), c’est la seule organisation à désigner des coupables. Selon l’Onuci, «la plupart» des 330 victimes de Duékoué ont été tuées par des combattants de M. Ouattara, les autres l’ayant été essentiellement par des miliciens et mercenaires libériens pro-Gbagbo. Le camp Ouattara a vivement contesté ces «allégations», affirmant que tous les tués étaient des «miliciens» et non des «civils», ce que l’ONU soupçonnée, voire  accusée de soutenir Ouattara, a refusé d’admettre. L’organisation internationale persistait hier dans ses accusations en estimant à «plusieurs centaines» le nombre de personnes qui ont péri dans des massacres la semaine dernière à Duékoué, dans l’ouest de la Côte d’Ivoire. Elle a aussi révélé l’existence d’un charnier contenant 200 corps, ne craignant pas depuis peu, de mettre en cause les deux parties. «Il apparaît que plusieurs centaines de civils ont été tués dans au moins deux incidents distincts et de nombreux autres pourraient avoir été tués lors de combats entre les milices armées», a indiqué le porte-parole des Nations unies. Parallèlement, la secrétaire générale adjointe de l’ONU chargée des Affaires humanitaires a expliqué que des enquêteurs avaient découvert un charnier. Près de 200 cadavres auraient été retrouvés dans ce charnier et d’autres à plusieurs endroits dans la ville. De son côté, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) estime qu’ «au moins 800 personnes» ont été tuées mardi 29 mars, lors de «violences intercommunautaires» à Duékoué. Caritas avance le chiffre d’un millier de morts ou disparus.     
Ce sont là autant d’éléments révélateurs de la situation réelle et qui ne se résume pas seulement à de simples échanges, qui permettent d’alarmer l’opinion internationale. L’ONU a déjà décidé de mener sa propre enquête. Son secrétaire général adjoint chargé des droits de l’homme est à Abidjan pour «évaluer la situation   générale».     
A ce faisceau d’accusations, se joint l’Union Africaine (UA), même si elle a choisi de parler d’«abus» et de «violations des droits de l’homme» commis en Côte d’Ivoire dans «un contexte de conflit militaire», tout en appelant à «la protection impérative de la population civile».  Ces appels seront-ils ponctués d’une action judiciaire '  Si Gbagbo termine son parcours politique sur un bain de sang, celui qui est appelé à prendre sa place commencera plutôt mal son mandat. 
 


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