Avec "Majnûn Laylâ" (Fou de Layla) sa dernière exposition, Malek Salah s’est saisi de la légende de "Qais oua Layla", l’une des pièces les plus fameuses du patrimoine littéraire mais aussi le couple le plus célèbre de l’imaginaire amoureux du monde arabe. La légende de "Majnûn Laylâ", sorte de "Roméo et Juliette" du Najd, célèbre une passion malheureuse. Qays est un jeune bédouin épris de sa cousine Layla qui lui est promise. Poète sensible et impatient, il va enfreindre la coutume en clamant son amour et en célébrant la beauté de Layla par des vers. Cette dernière est alors mariée dans une tribu lointaine. Lorsque Qais apprend la nouvelle, sa descente aux enfers achève de le faire entrer dans la légende.
Plus que le désir, c’est la passion amoureuse qui est ici abordée dans sa tension inspiratrice et productive, "afin que celle-ci devienne le moteur de la puissance de l’homme à construire une œuvre ou à bâtir un monde", fait observer la critique d’art Evelyne Artaud. Dans cette méditation sur une infortune, une entreprise où l’artiste mêle, avec talent, dessin, peinture, photographie et sculpture, Malek Salah confie avoir produit "en aveugle des œuvres dans des laps de temps très courts, sans possibilité de souffler ou de réfléchir". Interrogeant la mise en scène actuelle de l’image, en jouant tout à la fois sur les registres de l’image et de l’écrit, Malek Salah peint l’image comme Majnûn a dit les mots. La référence au célèbre "Fou de Layla" fonctionne comme un levier qui permet à l’artiste de faire "une sorte de synthèse entre le monde objectif et cette nouvelle conscience" qu’il dit cultiver "par une pratique assidue de la méditation". "Comme Majnûn, j’ai en vérité trouvé Laylâ", achève de confier l’artiste.
Malek Salah s’est très tôt soustrait à toute filiation, catégorie, école ou tradition dans son travail. Fervent des travaux d’Antoni Tàpies, mais aussi de Cy Twombly, Mimmo Paladino, Jean-Michel Alberola ou Gérard Garouste, il dit aussi avoir aimé la peinture dans l’atelier de Choukri Mesli. Né en 1949 à Ain el-Hammam en Algérie, il vit et travaille à Alger tout en effectuant de fréquents séjours à Paris, Marseille ou Rodez. Diplômé de l’Ecole des Beaux-Arts d’Alger, ainsi que de l’Ecole supérieure des Beaux-Arts de Paris, il a en outre enseigné à l’Ecole des Beaux-Arts d’Alger de 1980 à 1987.
L’artiste, qui expose depuis une trentaine d’années, a également été commissaire d’exposition à plusieurs reprises durant "Djazaïr 2003, une année de l’Algérie en France". Il a enfin initié les expositions "Voyage d’artistes" et "l’Algérie au cœur", avec respectivement Jean-Louis Pradel et Evelyne Artaud pour commissaires.
Il nous faut ajouter que l’exposition "Majnûn Laylâ" de Malek Salah faisait l’ouverture du tout nouveau Musée d’art moderne et contemporain d’Alger (Mama) sur lequel nous reviendrons.
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Posté Le : 11/05/2008
Posté par : nassima-v
Source : www.algeriades.com