Le paradoxe de la dette

L'Algérie est le pays le moins endetté en Afrique. C'est une performance soulignée, ces dernières années, par les institutions financières internationales, et cela a été rappelé récemment par la Banque mondiale (BM), qui a évoqué le piège de la dette extérieure des pays africains, qui a atteint 1074 milliards de dollars. Etranglant sur le plan du développement pour de nombreux pays africains. L'Algérie est épargnée, avec seulement une dette extérieure à moyen et long terme estimée à fin-septembre 2022 à 1,269 milliard de dollars à peine, contre 1,465 milliard de dollars à fin 2021, soit un repli de 196 millions de dollars, selon les chiffres de la Banque d'Algérie. Mieux encore, l'Algérie a effacé des dettes de 14 pays africains et a mis en ?uvre un mécanisme en faveur du rééchelonnement des dettes d'autres Etats, sans oublier de rappeler le budget d'un milliard de dollars alloué, par le biais de l'Agence nationale de développement de la coopération internationale pour la solidarité et le développement, et destiné au financement des projets de développement socioéconomiques dans les pays africains, et son engagement dans une démarche de développement continental à travers la concrétisation de projets pour les pays voisins, à l'image de la route de l'Unité africaine reliant le Mali, le Niger, la Tunisie, le Tchad sur 10.000 km linéaires, ainsi que la route Tindouf - Zouerate (Mauritanie) sur une distance de 800 km. Mais, tout cela ne fait pas de l'Algérie la première puissance économique en Afrique, selon les estimations des mêmes institutions financières internationales. Les titres des meilleures économies en Afrique sont attribués au Nigéria, en tant que première économie du continent, qui a pourtant une dette estimée à 76,21 milliards de dollars, ainsi qu'à l'Afrique du Sud (avec une dette qui tourne autour de 170 milliards de dollars), à l'Egypte (qui enregistre une dette de 143 milliards de dollars), et une autres poignée de pays africains qui concentrent le plus fort des dettes extérieures, dont l'Angola, premier producteur de pétrole d'Afrique, avec une dette de 67,28 milliards de dollars, le Maroc (65,41 milliards de dollars), le Ghana (36,18 milliards de dollars) et l'Ethiopie (30 milliards de dollars), selon un rapport de la BM. Un paradoxe que l'Algérie ne figure pas en haut du tableau des économies les plus performantes en Afrique en rapport avec le titre de pays le moins endetté en Afrique ' La relation entre endettement et développement économique n'est pas toujours très étroite. Elle l'est pour les pays faibles, mais pour les puissances, à l'exemple du Japon, le pays le plus endetté au monde, avec une dette qui fait 226% de son PIB, mais qui figure parmi les plus grandes puissances économiques. Le fait est qu'à ce niveau, malgré ses dettes énormes, les investisseurs prêtent leur argent à ce pays, qu'ils considèrent comme un endroit sûr où placer leur argent, même si les profits sont faibles. Tout repose, donc, sur la caution des investisseurs étrangers. L'Algérie, qui tire grand profit de l'envolée des prix des hydrocarbures, qui lui offre une aisance financière écartant tout recours à l'endettement extérieur, devrait persévérer dans la voie tracée par le nouveau code des investissements pour diversifier son économie et gagner la confiance des investisseurs.