Algérie

Le paradis noir de l'exil



Le paradis noir de l'exil
Wahch El ghorba est une pièce de la coopérative théâtrale Sindjab de Bordj Menaïel, mise en scène par Omar Fetmouche.Le bonheur ne se trouve pas forcément sur l'autre rive. «Brûler» la mer ou «brûler» le passeport n'ouvrent pas forcément les portes du paradis. Le dramaturge Omar Fetmouche a plongé dans l'histoire contemporaine de l'immigration algérienne en France pour élaborer une pièce sur les couloirs non éclairés dans lesquels se sont engagés ceux partis ailleurs. Mais au lieu de verser dans le sentimentalisme larmoyant, Fetmouche a choisi la comédie pour raconter une histoire fatalement tragique.Wahch El ghorba, qui peut être traduite comme «le spleen de l'éloignement» ou «le monstre de l'éloignement», est une pièce où tout est dit. Ou presque. La pièce, produite par la coopérative théâtrale Sindjab de Bordj Menaïel et mise en scène par Omar Fetmouche, puise sa sève dans un théâtre léger et profond à la fois. La générale a eu lieu, lundi 23 juin au soir, au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi (TNA) d'Alger. Fawzi (Fawzi Baït) est un diplômé algérien qui fait une harga vers Paris. Il y retrouve son ami Hcen (Ahcène Azezni) qui vit dans les sous-sols d'un immeuble, loin du soleil et des regards. Il gagne sa vie en s'occupant de chats. Il est voisin des souris aussi. Autant parler donc d'une vie de chien ! Fawzi, le c'ur léger et toujours rêveur, lui apporte un peu de gaieté. Il découvre, peu à peu, que le monde de Hcen est habité de frustrations, de cassures, de désillusions, d'humiliations? L'exil est un paradis noir.Là où certains y voient un jardin, d'autres découvrent des conduites d'égouts aux odeurs pestilentielles. Dans Wahch El ghorba, Tahar Khelfaoui a imaginé une scénographie qui rend compte de cette atmosphère de déception et d'amertume. La musique de Bazou, entre mélancolie et joie éphémère, restitue également l'état d'âme de Hcen et Fawzi, plongés dans leurs tourments et aux rêves brisés. Fawzi est choqué lorsqu'il apprend qu'une femme s'est mariée avec un chien. «C'est donc cela la civilisation !» s'écrie-t-il.Rencontré après le spectacle, Omar Fetmouche nous a rappelé que l'immigration maghrébine a été «utilisée» dans les années 1920 et 1930, en France, pour creuser des puits ou tracer la voie pour les conduites d'eaux usées, pour les travaux durs. «Nous nous sommes documentés et nous avons trouvé que cette immigration avait fait les pires métiers du monde. Il y a eu beaucoup de morts? C'était donc cela l'Eden qu'avait connu notre immigration», a-t-il dit. La pièce Wahch El ghorba évoque aussi le climat de racisme «ordinaire» qui règne en Europe actuellement, (d'où l'émergence des partis d'extrême droite). «L'Arabe terroriste, l'Arabe stigmatisé, les autres qui nous causent des problèmes'tout cela existe. De l'autre côté, il y a donc cette fameuse civilisation que Fawzi a cherchée dans la pièce. C'était finalement autre chose. Il n'y a pas de stéréotypes dans la pièce. On fait du théâtre, pas une thèse de doctorat. Il y a un clin d''il à tout ce marasme qui existe actuellement en Europe. Ce débat existe dans les parlements européens. En fin de compte, où sont les valeurs ' Nous sommes dans une civilisation où tout le monde est perdu, pris à contre-pied. Je ne parle pas à la place des sociologues, mais il y a une véritable crise en Occident sur la notion de l'humain lui-même», a ajouté Omar Fetmouche. La pièce Wahch El ghorba sera en tournée nationale durant le mois de Ramadhan.




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