Algérie

Le pape à la mosquée et à la synagogue



C?est le 6 mai 2001 que le monde est témoin de la première visite d?un pape dans une mosquée. Et il a fallu que ce soit Jean-Paul II auquel a échu cette responsabilité historique. A la mosquée des Omeyyades à Damas, il prononcera un discours plaidant pour un rapprochement entre les religions. « Les lieux de prière, chers aux musulmans comme aux chrétiens, sont comme des oasis où les hommes vont à la rencontre de Dieu Miséricordieux le long du chemin pour la vie éternelle et de leurs frères et s?urs unis par le lien de la religion », avait-il notamment déclaré. Il faut rappeler que vingt ans auparavant, c?est-à-dire le 13 mai 1981, Jean-Paul II avait été grièvement blessé à l?abdomen par Mehmet Ali Agca. Ce Turc musulman avait tenté, rappelons-le, d?assassiner le pape sur la place Saint- Pierre. Pourtant, le souverain pontife se disait convaincu qu?Agca n?était pas entièrement responsable de cet attentat. Dans son dernier livre intitulé Mémoire et identité, il écrivait que le Turc n?agissait pas « de sa propre initiative, mais que quelqu?un d?autre l?a planifié, que quelqu?un l?a commandité ». Sa grande propension au pardon l?amènera, le 28 décembre 1983, à rendre visite à son agresseur détenu, à l?époque, dans une prison de Rome. Purgeant sa peine actuellement dans une prison d?Istanbul, Mehmet Ali Agca s?est dit « très triste », affirmait son avocat cité hier par l?AFP. Appréhendant ce qui est appelé, aujourd?hui, un choc entre les civilisations, Jean-Paul II se montrera un fervent défenseur du dialogue interreligieux avec l?Islam ainsi qu?avec les autres religions. Comme se fut le cas, en avril 1985, où il se rendra dans une synagogue de Rome. Après les attentats du 11septembre 2001 contre les Etats-Unis, il prend à son compte plusieurs initiatives. Par exemple, en janvier 2002, il convoque un sommet interreligieux à Assies dans le but « d?éloigner les nuages du terrorisme et des conflits ». Ces dernières années, le pape s?intéresse à toutes les questions internationales. Il considère, à juste titre, que le progrès matériel des peuples ne doit jamais estomper les valeurs spirituelles qui sont l?âme de leur civilisation. Dimanche dernier, il a fait une prière pour les pays du Proche-Orient et de l?Afrique en proie à la guerre, lors de son message de Pâques lu par le cardinal Angelo Sodano, numéro deux du Vatican. Une prière pour la paix sur une terre « baignée par tant de victimes innocentes » et pour « les pays du Proche-Orient et de l?Afrique, là où tant de sang continue à être versé ». Il a appelé à la solidarité envers ceux qui « meurent de misère et de faim » ainsi que pour les populations « décimées par des épidémies mortelles ou touchées par de terribles catastrophes naturelles ».


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