Le Musée national de l'enluminure, de la miniature et de la calligraphie arabe demeure un bien bel écrin qui accueille des trésors magnifiques venus de Turquie, de l'Inde, de Tunisie, de Syrie, de Libye, du Pakistan et d'Algérie.
Sur les cimaises, ultramodernes, de cette bâtisse de la Basse-Casbah, siègent de nombreuses pièces artistiques faites d'enluminures, de miniatures et de calligraphies diverses, le tout plongeant son inspiration dans des allants modernes, contemporains ou orthodoxes respectant les anciennes méthodes. Mais au premier étage de ce palais affolant de beauté, aux marbres blancs ajourés et aux balustrades finement travaillées sur du bois d'ébène, un prince particulier semble avoir rejoint ses pénates. Nous avons nommé Hachemi Ameur, ce nouvel habitant des lieux qui a pris ses aises au premier étage pour une exposition intitulée «La miniature contemporaine». Cet événement inauguré le 24 octobre dernier se tiendra jusqu'au 10 novembre prochain. Placée sous l'égide du ministère de la Culture, cette grande fête de la couleur aura rassemblé de nombreux amateurs des fines arabesques et des délicates écritures polymorphes, venus se délecter des incursions insolentes d'un artiste plasticien protéiforme trop à l'aise dans les petites lucarnes de la miniature ou de l'enluminure traditionnelle. Sur quelque vingt tableaux fortement inspirés et originaux, Hachemi Ameur, natif de la glorieuse El-Hadjout le 20 novembre 1959, balade le visiteur en surplombant une superbe S'qifa accueillant un jet d'eau surprenant. Les pièces exposées font montre d'un talent qui explore des voies nouvelles, quasiment taboues dans le monde feutré des Racim, El-Wassiti et autres puristes de l'art indien ou moghol' Ici Hachemi le bien nommé, se livre à quelques exercices d'une rare pureté en sortant cet art dit appliqué et sans nul doute cloisonné par la critique dans la décoration, certes géniale mais décoration quand même, vers des univers insoupçonnés qui s'en vont raconter le monde en empruntant les voies de l'amour, de la politique, de la religion, autant de grands sujets contemporains, prégnants sur des techniques novatrices dont le plasticien nous gratifie sur des travaux précis, enjoués des fois, mélancoliques d'autres fois, colorés à outrance, adoptant un sens de la perspective savamment outillé pour incarner la beauté pure du geste. «Yasser II», «Faloudja», «Sy-phax»'ne sont plus de simples cartes postales gentillettes et figées dans la bonhomie toute relative des anciennes écoles de miniature ou d'enluminure, limitant les scènes et les objets dessinés à une simple posture d'exercice finement exécuté sur le papier. Assurément Hachemi Ameur a transcendé les lois de cet art subtil en art ouvert au monde, courageux, intrépide, intégrant de nouvelles formes expressives, de nouvelles tendances esthétiques ne serait-ce déjà que par l'incursion taboue de calligraphies diverses latines ou autres, et en sortant du cadre dans de nombreuses circonvolutions dessinées sur le support. Avec «En-Noqta», «Septembre noir», «Effusion», ou surtout «Humilité relative», le plasticien nous livre une série d''uvres superbement composées, elles peuvent paraître par endroit quelques peu systématiques par l'approche géométrique sans cesse usitée, mais elles laissent au final le souffle coupé quand on déconstruit la technique et le doigté de cet artiste qui commence à faire école dans son style et sa capacité infatigable de recréer de bien belle manière le monde qui l'entoure. Hachemi Ameur nous fait l'invite dans cette exposition à découvrir des sujets très ouverts qui n'ont plus aucun complexe d'aller à la conquête du monde. La contemporanéité est ici adoptée à bon escient. Les sujets sont bien cadrés dans les compositions, traités avec soin, arabesques et incursions florales ou autres sont généreusement au service du thème principal. Avec de la couleur et de l'intelligence, nous voyageons dans la beauté et la réflexion dans une synthèse artistique qui relève de la magie. «Aller simple», «Amour» sont des viatiques excellents de cette allure provocante, subversive quant aux codes anciennement établis par les grands maîtres qui ne dédaigneraient pourtant pas cet artiste impertinent sur ses choix et pertinent sur ses capacités créatrices. Voilà une bien belle exposition à découvrir, et une nouvelle école à suivre de près, dans un palais qui vaut le détour, pour le plaisir des sens'de tous les sens. «La miniature contemporaine» de Hachemi Ameur est visible jusqu'au 10 novembre 2011 au palais Mustapha-Pacha, 12 rue des Frères Mechri, Basse-Casbah près de la mosquée Ketchaoua, Alger.
Posté Le : 29/10/2011
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Jaoudet Gassouma
Source : www.lnr-dz.com