Algérie - Revue de Presse

LE PALAIS DU BEY À CONSTANTINE



Un rêve des Mille et Une Nuits
Il est le témoin de l’histoire de l’Algérie, pouvant perpétuer nos valeurs culturelles par leur transmission ordonnée aux générations futures. Ce temple est le lieu qui préserve une partie de notre mémoire et nous aide à retrouver nos racines à travers des siècles d’histoire et «savoir d’où on vient et où on va». Ce vaste édifice de 5609 m² fut construit sur ordre du dernier Bey. Cette imposante trace vivante de la civilisation ottomane se dresse au beau milieu de la partie haute de la médina de Constantine et semble émerger d’un de ces éternels contes merveilleux, incitant le passage des ans et invitant à un fabuleux voyage dans le temps. Composé d’un rez-de-chaussée avec jardins et cours, dont le sous-sol, de 27 galeries, ainsi que de 250 colonnes de marbre, structurant les 121 salles et les 500 portes et fenêtres en bois de cèdre, sculptées et richement colorées. Une inestimable polychromie orne les murs du palais sur 1600 m² et permet la datation et la lecture des différents événements historiques, telles les batailles auxquelles a pris part le Bey aux côtés du Dey d’Alger, ainsi que ses différents voyages au Moyen-Orient et à la Mecque. Entourée d’une péristyle de cinq arcades que l’on retrouve sur chaque côté, cette cour témoigne que cette partie du bâtiment était autrefois une maison isolée, annexée au palais par la suppression de l’un des murs de séparation remplacé ensuite par une colonnade. La bâtisse n’est autre que Dar Oum Ennoune, la maison de la mère de Hadj Ahmed Bey. Pour sa construction, Ahmed Bey eut recours à deux artistes réputés, El Hadj El-Djabri, originaire de la ville et le Kabyle El Khettabi. Ahmed Bey n’hésita pas à utiliser des matériaux de toutes provenances. Les colonnes et autres pièces de marbre furent achetées en Italie et transportées par l’entremise du Génois Schiaffino, de Livourne à Bône, où les attendaient des caravanes de muletiers et de chameliers. Le bois de cèdre fut demandé aux tribus de l’Aurès et de la Kabylie. Les pierres de taille furent prélevées sur les ruines de l’antique Cirta. Une opération «Renaissance» bienvenue devrait être menée à son terme. La restauration, après les transformations qu’il aura à subir, laissera, à l’évidence, des traces. Cette oeuvre architecturale inspirée des contes d’Orient fut longtemps abandonnée à son triste sort, soumise aux caprices des vents et à la lente usure du temps avant d’être l’objet de cette salutaire décision de réhabilitation. Une décision difficile, cependant, à mettre sur les rails en raison des ravages important causés à la bâtisse. Mais le palais continuera à garder un fond mystique et un effet de ressac d’événements historiques qui le placent au-dessus de la mêlée et des contingences de rénovation et de transformation perpétuelles, continuant son petit bonhomme de chemin au gré des méandres de l’histoire du pays. Dans moins d’une année, et si aucune contrainte de dernière minute ne vient contrarier le projet, ce chef-d’oeuvre pourra rouvrir ses imposantes portes magnifiquement sculptées aux amateurs de l’art architectural ottoman, impatients de redécouvrir les lieux. Cela a déjà occasionné de fréquents arrêts de travaux et de volumineuses enveloppes financières ont été débloquées pour conduire une réhabilitation ainsi mise à mal en dépit d’une étude d’expertise, de restauration et de mise en valeur réalisées par un bureau d’études polonais spécialisé, entre 1983 et 1986, comme l’a souligné Abdelali Matmat, un membre de l’association des Amis du palais du Bey. Le concept retenu pour ce projet de restauration était donc de récupérer ce joyau jusqu’à la période ottomane et d’éliminer toute trace de la présence coloniale française. L’objectif de cette restauration est de faire du palais du Bey, selon le chef du projet, «un haut lieu historique, témoin de l’histoire de l’Algérie, ainsi qu’un musée vivant des arts et des traditions populaires du Constantinois pouvant perpétuer nos valeurs culturelles par leur transmission ordonnée aux générations futures». Une fois le futur musée ethnographique restauré, plusieurs dépendances devraient voir le jour, selon l’association concernée qui cite, en particulier, une salle de conférences, une bibliothèque, un club de rencontres, des ateliers et une salle d’exposition permanente pour les créations culturelles de la ville et de sa région.


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