Algérie - Patrimoine Historique


Le palais de Dar Aziza, Alger
Date/période de construction : XVIe siècle
Matériaux de construction : Brique, pierre, plâtre
Décor architectural : Céramique, bois peint, stuc, bronze

Dâr ‘Aziza, dernier témoin du palais de la Djenina, était selon H. Klein un don du dey Hussein à sa fille ‘Aziza, à l’occasion de son mariage avec le Bey de Constantine. Un texte de 1721 décrivait la bâtisse comme étant l’un des plus beaux hôtels avant le séisme de 1716, qui en détruisit la majeur partie.

Composée autrefois d’une cour bordée de chambres (aujourd’hui disparue), la bâtisse s’organise sur deux niveaux. Le premier renferme quatre galeries qui donnent sur des chambres munies d’une fine boiserie : fenêtres, portes et plafonds en bois peint richement décorés dont le style relève de l’inspiration orientale. Des annexes (cuisines, hammam, toilettes) complètent le palais. Le deuxième niveau, de structure identique, est doté d’une double galerie et d’un salon d'honneur qui constitue la salle la plus décorée et la plus spacieuse, orné de sculptures sur plâtre (stucs) d’une grâce extraordinaire. Il a été rapproché par L.Golvin de la salle de trône du palais de Zîri à Achir (Xe siècle). Dans les deux cas, on remarque une alcôve (pavillon de plan carré entièrement en saillie sur le mur extérieur), emplacement où se tenait le maître des lieux pour accorder des audiences exceptionnelles. Le défoncement médian des chambres dans les demeures algéroises est un apport oriental, lointain dérivé de l’iwân iranien, plus ou moins équivalent en Europe à l’alcôve. L’ensemble des pièces s’ouvre sur des galeries par des portes « pensée ouverte » (ces portes sous galeries présentent une ouverture de leurs battants vers l’extérieur, vers le patio et leurs vantaux s’escamotent en se repliant totalement hors de la pièce), que l’on retrouve au Maroc et en Andalousie. Ce système de galeries, avec la porte « pensée ouverte » des appartements qui est indissociable du portique qui la protège, caractérise l’Ouest maghrébin et l’Andalousie, en opposition avec la Tunisie et l’Orient.

Les murs du palais sont ornés de carreaux de céramique importés de contrées réputées pour leurs productions à l’époque ottomane, notamment les carreaux tunisiens à décor végétal inspirés de l’art italien. Ils proviennent des ateliers des Qallaline et de Nabeul en Tunisie.

Comme toutes les demeures d’Alger, Dâr ‘Aziza présente le plan typique de la maison algéroise caractérisée par des apports extérieurs et des traits propres à l’architecture de la Médina d’Alger. L’élément principal de ce plan est la cour centrale autour de laquelle s’ordonnent toutes les salles, héritage de la maison à péristyle gréco-romaine ; d’abord reproduit dans les palais fatimides et zirides de Mahdiya ou de Sabra al-Mansuriyya, il se perpétue ensuite en Occident musulman (Madinat al-Zahra près de Cordoue, Alhambra de Grenade) et dans les grands ensembles de Marrakech. Il s’agit d’un plan presque constant dans l’architecture musulmane depuis les Abbassides (Samarra, IXe siècle) qui s’est perpétué jusqu’au XVIIIe siècle à Alger. Le patio présente encore des arcades brisées outrepassées à l’instar de celles que l’on rencontre dans les édifices de la péninsule des Balkans à la fin du XIIe siècle, forme de l’arc en fer à cheval, très développé dans le monde arabe. Ici, à Alger, l’arc outrepassé est brisé pour une plus grande souplesse d’adaptation dans les écartements entre colonnes.

Bibliographie


Golvin, L., Palais et demeures d’Alger à la période Ottomane, Alger : INAS, 2003.

Klein, H., Feuillets d’El Djazaïr, Alger : Chaix, 1937.

Lespès, R., Alger : esquisse de géographie urbaine, Alger : J. Carbonel, 1925.

Marçais, G., L’architecture musulmane d’occident, Tunisie, Algérie, Maroc, Espagne et Sicile, Paris : Arts et Métiers Graphiques, 1957.

Ravereau, A., La Casbah d’Alger, et le site créa la ville, Paris : Sindbad, 1989.


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