A son arrivée jeudi au Pakistan,après un exil forcé de 8 ans, l'ancienne Premier ministre Benazir Bhutto aéchappé à un attentat qui a fait plus de 130 morts et des centaines de blessésparmi l'immense foule de ses partisans venus l'accueillir dans Karachi.En l'absence de touterevendication de cette action, les médias focalisent sur la probabilité d'unepiste islamiste menant soit à Al-Qaïda, soit aux activistes pakistanaisagissant sous ce label doctrinal. Benazir Bhutto a pour sa part écarté cescénario en imputant l'attentat aux tenants du camp de l'ancien dictateur militaire,le général Zia Elhaq. La certitude est que tant les autorités pakistanaises queBenazir Bhutto savaient qu'une opération de ce genre était à craindre. Aussi,si malgré l'impressionnant service d'ordre qui a été déployé pour la prévenir,elle a pu se produire, cela démontre le pourrissement sécuritaire dans lequelse débat le Pakistan.Le retour de la première dame duParti populaire du Pakistan, négocié en sous-main par les Américains, désireuxde fournir un «vernis démocratique» au nouveau mandat présidentiel de leurallié pakistanais, l'impopulaire général Pervez Musharraf, n'est apprécié quepar ses partisans. Ailleurs, chez l'opposition, particulièrement les partisislamistes, mais aussi à l'intérieur même du régime Musharraf, l'accord qui apermis le retour au pays de Benazir Bhutto est considéré comme un deal nuisibleà la «démocratie pakistanaise», au sens où il est destiné à pérenniserl'inféodation du Pakistan à la politique de George W. Bush et de son équipedans la région.Dans la «marmite» au bord del'implosion qu'est devenu le Pakistan, il n'y a par conséquent pas que lesislamistes à vouloir que le deal passé par Musharraf avec Benazir Bhutto ailleà son terme, à savoir un partage du pouvoir entre eux. L'alignement du présidentpakistanais derrière la politique américaine, que semble avoir cautionné laleader du PPP, mécontente, de l'avis des experts politiques, également etsurtout des cercles puissants dans l'armée et ses services secrets. Qu'ilsaient voulu couper court au rapprochement intervenu entre ces deux «pointures»à l'instigation de Washington, n'est pas une piste à écarter d'emblée, auprétexte des menaces tapageuses lancées par les activistes islamistes, dont parailleurs certains sont notablement reconnus pour bénéficier de la protectionocculte et multiforme de ces cercles militaires.Il ne fait aucun doute que lerégime Musharraf est terriblement affaibli malgré le soutien et les aides quelui procurent les Etats-Unis et leurs alliés. Et il ne semble pas que lasolution qu'ils ont imaginée, consistant en l'alliance entre le GénéralPrésident et la chef du PPP, contribuera à son renforcement et à sa maîtrised'une situation en grave voie de déstabilisation sous le double effet d'unerébellion islamiste qui se généralise et d'un mécontentement populairebouillonnant.Il y a fort à craindre, comptetenu du développement des évènements au Pakistan tels qu'il se déroulent depuisl'assaut effectué par l'armée dans la «Mosquée Rouge», que le pays sombre dansune guerre ouverte qui ferait alors de lui un nouveau cauchemar pour lesstratèges de la lutte antiterroriste à Washington et partout ailleurs dans lemonde. Pervez Musharraf paraît bénéficier encore de l'appui de son armée, maisil est un seuil de déliquescence dans la stabilité du pays que celle-ci nesaurait admettre et pourrait donc être contrainte de tenter d'y mettre un termeen neutralisant celui dont la gestion des affaires du Pakistan en est la cause.
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Posté Le : 20/10/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Kharroubi Habib
Source : www.lequotidien-oran.com