Le pain oriental en vogue

A voir, ces derniers temps, l'ouverture d'innombrables commerces de ventede pain traditionnel, l'on serait forcé de croire à la résurrection du fourbanal, même si c'est en version améliorée. Il est loisible, en effet, deconstater dans pratiquement tous les coins de la ville l'apparition deplusieurs petits commerces spécialisés dans la préparation et la vente du painartisanal, désigné communément sous le vocable de pain oriental ou «assimi». Lapratique de ce commerce se fait sous le couvert du registre de commerce portantcode «Pizzeria». Un four électrique à 65 millions de centimes et un pétrin à 15millions de centimes sont nécessaires pour se lancer dans l'activité. Lapréparation se fait souvent devant les yeux du client qui peut constater àloisir la cuisson et par là même sentir les effluves du pain cuit comme au beauvieux temps du pain de campagne. Pendant le mois de Ramadhan, en fin dejournée, nombreux clients, aiguisés par la forte et agréable odeur du paincuit, faisaient la queue devant ces petits commerces pour s'en approvisionner.Vingt dinars ou dix dinars est le prix à payer pour goûter à cette nouveauté serviesous toutes les formes. Sans améliorant ni ingrédients ou autre matièresynthétique, ce pain traditionnel dépayse un peu les habitudes culinaires,habituées à la flûte sortie tout droit des fours rotatifs qui ont eu aussileurs heures de gloire. Un artisan-boulanger versé depère en fils dans ce métier dira que cela n'est pas uniquement dû à un effet demode mais répond à des considérations d'ordre commercial. Lesartisans-boulangers font peu de profit avec la baguette ordinaire. Son prixdemeure inchangé depuis longtemps, contrairement à la matière première et lesingrédients nécessaires qui connaissent une hausse sans pareille. Illustrantdans la foulée l'exemple de ces nombreux jeunes qui ont déclaré faillite aprèsavoir tenté l'expérience du métier de boulanger ordinaire à travers ledispositif mis en place par l'ANSEJ. Pour pouvoir encore tenir,plusieurs boulangers de métier se sont mis à proposer différents genres de painà des prix différents: orge, semoule et son pour les plus fragiles de l'estomacet pain tressé, panini ou en demi-panini, couronne saupoudrée de farine ouimbibée d'huile d'olive ou même de fromage rapé. Les prix varient de 5 à 30dinars selon le poids et la matière. Une boulangerie propre et très bienaménagée située tout près du rond-point de la cité Emir Abdelkader suscite legrand engouement parmi une nombreuse clientèle.  Son gérant dira que desprofessionnels français font souvent le porte-à-porte de ces commerces pourproposer toutes sortes d'ingrédients naturels ou ustensiles nécessaires à lapréparation de telle ou telle qualité de pain. Pour ce commerçant, la tendanceau pain traditionnel, dit pain de campagne, est inéluctable et la clientèle,même si elle doit payer un peu plus, est devenue de plus en plus exigeante surla qualité du pain.