Algérie

Le P-DG d'Alliance Assurance à propos du plafonnement des réductions tarifaires 'Ce n'est pas une entente entre assureurs au détriment des assurés"



Le P-DG d'Alliance Assurance à propos du plafonnement des réductions tarifaires                                    'Ce n'est pas une entente entre assureurs au détriment des assurés
Liberté : Les sociétés d'assurance ont signé un accord pour plafonner les réductions tarifaires accordées aux clients. L'accord s'apparente à une entente sur les prix, qui fausse la concurrence et au détriment des assurés '
Hassen Khelifati : Tout d'abord, cet accord n'est nullement considéré comme une entente entre assureurs au détriment des assurés et en violation de la saine concurrence. Sinon, l'autorité de contrôle et de régulation représentée par la commission de supervision des assurances ainsi que la direction des assurances serait intervenue et aurait rejeté le protocole d'accord. Les tarifs RC qui sont réglementés ne sont pas du tout touchés par ce protocole d'accord. Nous avons tenté dans une démarche salutaire pour le secteur et pour l'économie nationale de mettre un peu d'ordre dans un marché où une certaine anarchie a été constatée avec des remises qui pouvaient atteindre même les 90%. En fait, le plafonnement concerne essentiellement l'assurance tous risques, qui est devenue un produit banal et au prix dérisoire avec des conséquences énormes sur les finances des compagnies. On a tellement tiré les tarifs vers le bas que le fait de disposer d'une assurance tous risques est considéré comme un permis de détruire son bien et ceux des autres, et même tuer. L'assurance est là pour subir les conséquences. Cela ne pouvait plus durer pour les acteurs du marché, et même l'Etat ne devait pas laisser cette situation perdurer.
En plus du plafonnement des réductions, les assureurs souhaitent une hausse des tarifs de la prime de responsabilité civile '
Effectivement, l'assurance obligatoire ou ce qu'on appelle communément la RC (responsabilité automobile) est dérisoire en Algérie, avec une prime moyenne de 1 500 DA, alors qu'ailleurs et même en Afrique, elle est dix à vingt fois plus chère. La RC auto coûte 28 dollars en Algérie, 140 dollars en Tunisie et 292 dollars au Maroc. Nous avons les tarifs RC les plus bas au monde. Notre président de l'UAR a revendiqué une augmentation d'au moins 100% pour la porter à 3 000 DA, alors que nous avons souhaité une augmentation d'au moins 7 500 DA. Toutes les statisti ques le prouvent, nous encaissons 1 DA de prime et nous décaissons entre 3 et 5 DA de sinistres au titre de la garantie RC. La loi ne nous autorise pas à vendre à perte. Soit, il faut entreprendre un ajustement des tarifs, même de façon graduelle, pour atteindre le tarif d'équilibre, soit on trouve d'autres mécanismes de compensation avec l'autorité de tutelle, si on considère l'assurance automobile obligatoire comme produit de large consommation et à caractère social. Nous sommes obligés de revoir les tarifs RC. Nous préparons un argumentaire détaillé, fait par des scientifiques sur des bases actuarielles solides, afin de convaincre les autorités de la justesse de notre demande et de la nécessité de sauver le secteur.
Les contre-performances du secteur des assurances ne sont-elles pas ailleurs que dans la problématique des tarifs '
Effectivement, nous partageons l'avis que le secteur des assurances ne réalise pas les performances attendues par l'économie nationale et que toutes les potentialités ne sont pas exploitées, et cela est dû à plusieurs facteurs, notamment son organisation, l'architecture juridique et ses contraintes, ainsi que la responsabilité des acteurs. Pourquoi la branche assurance des personnes est aujourd'hui déficitaire et nous venons de constater un recul historique au premier trimestre 2012 de plus de 53% par rapport à l'année 2011 ' À mon humble avis, cela est dû à plusieurs facteurs. D'abord, il faut relever l'absence chronique d'un marché financier dynamique qui aurait permis le lancement de produits de capitalisation, l'insuffisance des encouragements de type fiscal, le problème culturel et la surliquidité chronique des banques avec des taux de placement inférieurs à l'inflation. Puis la séparation des activités dommages et assurances de personnes couplées à une capitalisation importante et injustifiée. Ce genre de schéma est valable pour les compagnies vie qui pratiquent à outrance les produits de capitalisation, ce qui n'est pas du tout le cas de l'Algérie, et ce ne sera pas le cas pendant des années encore. Ce qui est paradoxal, c'est qu'aujourd'hui, nous avons sept compagnies d'assurances de personnes capitalisées à 7 milliard de dinars pour un chiffre d'affaires de 1 milliard de dinars pour le premier trimestre, soit environ une moyenne de 150 millions de dinars par compagnie. Nous pensons qu'une démarche hybride entre la filialisation et la continuité des compagnies classiques à pratiquer l'assurance des personnes sur un horizon de 10 ans permettra de relancer la machine et de ne pas perdre le potentiel très important en savoir-faire et compétences qui se trouvait dans les compagnies.
L'année 2011 n'a pas été bonne. Alliance Assurance a affiché un résultat net négatif. Quelles en sont les raisons et quel a été l'impact sur les petits actionnaires '
L'année 2011 a été dure pour la compagnie, et ce, pour plusieurs raisons, notamment la forte sinistralité automobile, et les effets des sinistres issus des émeutes du mois de janvier 2011. Par ailleurs, nous avons été obligés de provisionner une grosse créance contentieuse qui s'élève à plus de 500 millions de dinars. Mais les fondamentaux financiers de l'entreprise sont solides et nous avons pris toutes les mesures nécessaires pour protéger la compagnie, ses finances et les intérêts de ses actionnaires, que ce soit les historiques ou ceux issus de l'opération introduction en Bourse. On nous a recommandé de communiquer plus et mieux à l'endroit des actionnaires et de la place financière. Nous avons donc suivi les recommandations de la Cosob et organisé une matinée d'information. Nous avons également diffusé une lettre aux actionnaires leur dressant un tableau récapitulatif des accomplissements de la compagnie et des faits saillants qui ont caractérisé son environnement. Nous nous donnons un peu de temps pour juger les retombées de ces initiatives. Si elles sont positives, nous persévérerons dans nos efforts. Cependant, si rien ne change et que le marché secondaire demeure inopérant, nous devrons, pour l'intérêt de la compagnie et des actionnaires, racheter les parts des petits porteurs par un investisseur institutionnel qui est par définition un investisseur averti et dont l'horizon de placement est à moyen ou long terme. Nous avons beaucoup de contacts avec des investisseurs institutionnels de niveau international pour intervenir avec nous sur le marché, notamment boursier. Nous sommes en train de valider certains aspects juridiques qui permettront leur intervention et la protection des actionnaires, notamment les petits.


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