Algérie

Le «oui, mais» des syndicats et associations



Les annonces faites dimanche en Conseil des ministres ne laissent pas indifférents syndicats et associations de protection du consommateur. Si la baisse de l'IRG et l'augmentation du point indiciaire sont applaudis par tous, c'est à l'unanimité qu'ils considèrent que sans mesures de régulation du marché et de lutte contre la spéculation, les décisions annoncées n'auront pas d'impact réel sur le pouvoir d'achat des Algériens.Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Réclamées par les syndicats, les mesures annoncées pour tenter d'améliorer le pouvoir d'achat des Algériens sont bien accueillies même si syndicats et organisations de protection des consommateurs estiment que sans mécanismes pour la régulation du marché et surtout de lutte contre la spéculation, aucune mesure ne pourra impacter à la longue le quotidien.
Interrogé à ce sujet, le Dr Mohamed Yousfi, président du Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP), répond que le syndicat «prend acte» ajoutant que «cela fait des années qu'on réclame des mesures pour l'amélioration du pouvoir d'achat. Avec la dévaluation du dinar, l'explosion des prix, toutes les augmentations qui ont eu lieu ont été largement rattrapées et dépassées par l'inflation avec un pouvoir d'achat qui a fondu. Comme tous les syndicats, on avait proposé des moyens depuis 2008, dont la révision du point indiciaire. On avait dit dès le début que les 45 dinars n'allaient pas être suffisants. C'est un des éléments pour augmenter les salaires». Et d'ajouter : «Pour l'IRG, c'est une injustice pour les salariés, particulièrement ceux de la Fonction publique qui sont prélevés à la source. Des cadres paient plus que des personnes fortunées. Il fallait absolument revoir l'IRG mais à côté de cela, il faut avoir une vision globale parce que si on diminue l'IRG, il faut aussi recouvrer l'ensemble des impôts. Il y a une évasion fiscale importante. Il faut une vision globale pour récupérer tous les impôts et sur un plan économique en général sinon tout ce qui sera fait va être rattrapé. Il faut qu'en parallèle, on puisse mettre en place les leviers d'une économie productive.»
Dans le secteur de l'éducation, Meziane Meriane, le coordinateur national du Syndicat national autonome des professeurs d'enseignement secondaire et technique (Snapest), affirme que «la baisse de l'IRG a de tout temps fait partie de nos demandes pour augmenter le pouvoir d'achat. Nous avons déjà eu à démontrer que les salariés payaient plus d'impôts que les grands riches puisque les salariés paient à la source alors que les autres paient au forfait. Il y avait urgence à rectifier cette injustice. C'est une aberration qu'un fonctionnaire paie 23 millions d'impôts par un an et un gérant d'une grande surface ne paie que 10 millions. Il faut rappeler que depuis 2012, les salaires n'ont pas augmenté, avec l'inflation on a perdu plus de 50% de pouvoir d'achat et donc il faut trouver des mécanismes pour venir en aide aux salariés dont les salaires ne couvrent plus que les dépenses de quinze jours. Il faudra trouver un moyen de stabiliser le marché puisque la plus grande crainte, c'est que les augmentations soient absorbées par l'inflation ».
Du côté du Snapap, son porte-parole assure que «nous sommes pour ces décisions mais le taux de la baisse de l'IRG et de l'augmentation du point indiciaire n'est pas encore connu, c'est pour cette raison qu'en tant que syndicat nous appelons à être associés dans une rencontre bilatérale. Il faut que les syndicats soient associés à la prise de décision », ajoutant que «les augmentations des salaires ne peuvent pas être suffisantes dans un contexte d'inflation et de spéculation».
Mustapha Zebdi, président de l'Association de protection du consommateur (Apoce), explique que « ces deux annonces sont été bien accueillies par l'Apoce. Notre organisation revendique depuis des mois une vraie lutte contre la spéculation. On a pu remarquer pendant la pandémie que la spéculation avait touché des produits vitaux et non pas seulement les produits agroalimentaires à l'image des concentrateurs ou de l'oxygène médical. Il est inadmissible de sanctionner un opérateur qui spécule sur des produits de luxe comme celui qui spécule sur des produits vitaux. Que la sanction atteigne les 30 années de réclusion, c'est une décision que nous apprécions».
Commentant les directives données en Conseil des ministres, Mustapha Zebdi explique que «le manque de coordination entre les ministères de l'Agriculture et du Commerce fait partie des failles que nous avons déjà pu constater vu qu'il y a plusieurs organismes de régulation qui sont sous la tutelle de l'agriculture, ce qui impose une meilleure coordination. Pour le pouvoir d'achat, certes la baisse de l'IRG et la hausse du point indiciaire vont augmenter les revenus des salariés mais le contrôle du marché et sa régulation doivent être obligatoires pour ne pas que l'augmentation soit vite absorbée par l'inflation. Ce sont des mesures qui vont freiner la spéculation et apporter des revenus supplémentaires aux salariés mais les mesures de régulation doivent aller de pair. L'augmentation ne sera ressentie que s'il y a un arrêt de l'hémorragie causée par la spéculation».
N. I.


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