Algérie

Le «oui, mais...» des syndicats autonomes


Le Président fraîchement élu, Abdelmadjid Tebboune, dans son premier discours du vendredi, a tendu la main au hirak et a appelé au dialogue avec des représentants du mouvement populaire. La confédération des syndicats algériens (CSA), qui est partie prenante de ce mouvement, se dit favorable au dialogue mais avec des préalables. Lyès Merabet, porte-parole de la CSA, dit qu'avant d'aller vers cette issue, le nouveau président doit mettre en place des mesures d'apaisement en décidant de la libération des détenus d'opinion.Salima Akkouche ? Alger (Le Soir) ? La Confédération des syndicats algériens, qui a décidé du boycott de l'ancien gouvernement, ne voit pas d'inconvénient à s'asseoir autour de la table des discussions avec le nouveau président. Lyès Merabet, porte-parole de la CSA, estime que le dialogue reste la seule alternative pour arriver à sortir le pays de sa crise politique. «Ce n'est pas la meilleure voie, mais, c'est la seule qui peut ramener des solutions à la crise politique actuelle et donner des réponses aux revendications du peuple», dit-il.
Le docteur Merabet estime que le mouvement populaire ne doit pas s'arrêter pour autant. Au contraire, selon lui, ce soulèvement populaire doit se poursuivre, car «c'est une carte que le peuple doit utiliser pour maintenir la pression sur le prochain gouvernement et le nouveau Président pour qu'il concrétise ses engagements de campagne».
La Confédération des syndicats, rappelle-t-il, a, dès le départ, appelé et prôné le dialogue notamment avec l'institution militaire mais ce n'était pas possible. «Aujourd'hui, nous avons une interface avec qui engager cette discussion et cette concertation qui doit se faire avec l'ensemble des partis politiques, la société civile, les personnalités civiles, l'élite et des représentants des étudiants qui ont émergé durant ce hirak, mais il faut s'atteler à mettre une ambiance de dialogue sereine.» La CSA exige, en effet, des mesures d'apaisement avant d'aller vers le dialogue.
Ces mesures, explique le porte-parole de cette confédération, consistent en la libération des détenus d'opinion.
«C'est une condition qui va rétablir le pont de la confiance et c'est une première condition qui va préparer le dialogue et la concertation et mettre tout le monde dans la confiance. Nous ne parlons pas, bien sûr, des détenus pour corruption ou de ceux ayant porté atteinte à la sécurité du pays, mais des étudiants arrêtés lors des marches, de Bouregaâ, de Karim Tabbou, Samir Belarbi, Boumala et autres détenus d'opinion arrêtés pour avoir manifesté contre le pouvoir», a soutenu le docteur Merabet. «Nous espérons un réel changement et c'est un engagement que M. Tebboune a pris pendant sa campagne électorale, et nous espérons qu'il le tiendra en mettant en place des conditions favorables à la négociation et à la concertation», a ajouté le porte-parole de la CSA. Ce dernier a rappelé également que la confédération a boycotté l'ancien gouvernement et a appelé au départ de Bedoui et Bensalah, organisé des marches, mais elle s'est abstenue de s'exprimer sur l'élection présidentielle en préférant laisser libre choix aux adhérents. «Nous ne sommes pas arrivés à une décision consensuelle par rapport à l'élection présidentielle, et pour le bien de la confédération, nous avons décidé de laisser le libre choix aux adhérents», a souligné notre interlocuteur. La Confédération des syndicats algériens va, d'ailleurs, se réunir au cours de cette semaine. «Nous allons discuter de la situation actuelle et analyser le premier discours du Président élu, qui a déjà eu la reconnaissance et les félicitations des pays étrangers», a indiqué le docteur Merabet.
La CSA appelle également à la levée des «mesures de sécurité disproportionnées». «Nous ne sommes pas la Syrie ni la Libye ou la France. Le peuple manifeste d'une manière civilisée, nous sommes pour un dispositif de sécurité pour sécuriser les espaces et les personnes mais rien ne justifie ces mesures disproportionnées déployées», a ajouté le porte-parole de la CSA.
S. A.
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