Le « oui » l'emporte

98% des électeurs égyptiens, selon le quotidien gouvernemental Al Ahram, ont répondu « oui » à une révision sans changement majeur de la précédente Constitution. Si les autorités voient dans ce « oui » une caution populaire à la destitution du président Mohamed Morsi, les observateurs assimilent ce « oui » - même si le taux de participation n'a pas dépassé 39% dans 20 des 27 provinces - à un plébiscite pour le nouvel homme fort du pays, le général Abdel Fattah al-Sissi, qui a annoncé qu'il se présenterait à l'élection présidentielle si « le peuple le réclame » et « si l'armée l'appuie ». « Cette participation exprime un rejet du terrorisme, et une affirmation de la part du peuple de sa volonté de réaliser les objectifs de la feuille de route vers l'avenir, ainsi que le développement économique et la stabilité », estime la Présidence. Pour la Constitution de 2012, élaborée sous les Frères musulmans officiellement déclarés « terroristes », 32% des votants se sont déplacés. Néanmoins, la situation semble instable. Durant les deux jours du scrutin, plusieurs affrontements ont éclaté entre Frères musulmans, riverains et forces de sécurité. Bilan : au moins dix morts. Hier, des heurts entre policiers et partisans de Morsi ont fait un mort, au sud du Caire. Cette semaine ne s'annonce pas calme. L'Alliance contre le coup d'Etat, une coalition pro-Morsi chapeautée par la confrérie du président destitué, compte rebondir d'ici le troisième anniversaire de la révolte lancée le 25 janvier 2011. Elle a appelé à une semaine de manifestations. Le ministre de l'Intérieur a appelé, lui aussi, les partisans des nouvelles autorités à manifester en masse le 25 pour contrer « le plan des Frères musulmans pour semer le chaos ». En attendant, Le Caire met le cap sur les futures étapes de la « feuille de route » qui prévoit des élections législatives et présidentielle en 2014.