Algérie

Le nucléaire iranien sous le signe de la guerre ou de la paix



La détermination du Président Mahmoud Ahmadinejad à accéder au nucléaire ne peut être soumise à aucune interrogation. En évitant soigneusement tout apaisement, le président iranien ne cesse d?enrichir la surenchère déclamatoire sur son droit à l?enrichissement de l?uranium. Reste à savoir si, d?une part, cette question fait l?unanimité non seulement au sein du régime de Téhéran mais aussi au niveau de la population, et d?autre part si, technologiquement, le nucléaire est à portée de centrifugeuses.Sur le plan de la politique intérieure, la faible participation aux dernières élections législatives (25%) ne peut s?interpréter que par un mécontentement généralisé de la population qui subit les lourdes conséquences d?une piteuse gestion de l?économie, même avec des cours de barils pétrole jamais égalés. Sans parler du niveau de sophistication de la fraude électorale dont le système iranien est coutumier : seulement 5 % des candidats réformateurs ont été validés pour se présenter devant les électeurs. En toute évidence, le thème nucléaire flatte le nationalisme de l?Iranien, mais ne remplit point son assiette toujours exposée à une inflation galopante. Les sanctions économiques onusiennes aggravent son quotidien. Par ailleurs, la complexité du système politique iranien rend presque impossible l?instauration de tout consensus au sein des nombreux cercles du pouvoir. Symétriquement, la communauté internationale est énergiquement décidée à interdire à l?Iran l?accès au cercle fermé des puissances nucléaires. La montée en puissance des sanctions économiques votées unanimement à l?ONU est une preuve irréfutable. Tout comme la comparaison avec les accords de Munich du 28 septembre 1938 puisque la formule de Winston Churchill (évoquant la France, la Grande-Bretagne et l?Italie qui ont signé un compromis avec Adolf Hitler) est rappelée par des représentants de l?administration américaine : «Ils devaient choisir entre la guerre et le déshonneur. Ils ont choisi le déshonneur. Ils auront la guerre ». De tels propos laissent une étroite marge à toute négociation, d?autant plus que les préparations d?opérations militaires se poursuivent.Les Etats-Unis disposent de trois porte-avions dans la région. Il en est de même du côté iranien où les propos clairement antisémites du président sont accompagnés par de spectaculaires exercices et parades militaires. A croire que les politiques iraniens préfèrent la confrontation aux sanctions. Pourtant, les diplomates n?ont pas ménagé leurs efforts.« L?Iran a le droit d?enrichir l?uranium sur son territoire ». L?auteur de cette proposition n?est autre que Lord Chris Patten. Qui pourra accuser l?ancien commissaire européen aux affaires extérieures, d?être un agent pro-iranien ? Il est vrai que dans le passé, Lord Patten a été l?objet d?une enquête menée par MI6, service du contre-espionnage britannique. Suite à la publication du livre « Le dernier Gouverneur », en 1997 - cet ouvrage contenant des informations très confidentielles - il a été soupçonné d?être à l?origine de la fuite de documents relatifs aux négociations avec la Chine sur la rétrocession de Hong-kong. Il a même été question de poursuites pour rupture de l?Official Secrets Act couvrant les secrets d?Etat. Désormais, à la tête de l?organisation non gouvernementale, International Crisis Group, Lord Chris Patten est le co-auteur d?un rapport publié en février 2006, qui préconise une nouvelle approche diplomatique de la question du nucléaire iranien. Ce document évoque deux scénarios pour sortir de l?impasse actuelle, par les voies diplomatiques. Le premier, très attractif pour l?Occident, stipule que l?Iran renonce définitivement à son programme d?enrichissement de l?uranium en contrepartie de garanties d?approvisionnement extérieur. La Russie est disposée à fournir à l?Iran la quantité d?uranium nécessaire à son programme nucléaire civil dans une dynamique de recherche de solutions acceptables par la communauté internationale. Le rejet de cette hypothèse par Téhéran ne laisse réalisable, selon Lord Patten, que le second scénario : l?Iran aura le droit, dans quelques années, d?enrichir l?uranium à usage civil, mais doit impérativement accepter la mise en place d?un système de contrôle très strict de l?Agence internationale de l?énergie atomique. Sur les trente-trois pages de ce rapport, sont détaillées les phases et les modalités conduisant à la situation proposée. Sont aussi évoqués, dans ce document, les différents accords et longues tergiversations entre la troïka européenne (U3) et les autorités iraniennes. La proposition de Chris Patten permettrait de répondre peut-être à la majorité des Iraniens qui ne formulent qu?une demande légitime de sécurité. Si la population est solidaire du projet nucléaire, elle ne souhaite pas sa réalisation à n?importe quel prix. La sortie de crise est complexe, car elle doit esquisser une solution à l?échelle de la région et non traiter uniquement les inquiétantes ambitions nucléaires de l?Iran. Avec ce pays, il faut élargir les discussions sur l?Irak, l?énergie, le Hezbollah libanais et le Hamas palestiniens. Autant de sujets, si pris séparément, consolident la voie de l?impasse.  Retour sur une crise


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