Algérie

Le novateur du chaâbi



Le novateur du chaâbi
Abdallah Guettaf aura, avec d'autres interprètes de génie, El Hachemi Guerouabi, Amar Ezzahi, Rachid Nouni... contribué au renouvellement du genre, mais aussi et surtout à son « extraction » du carcan « ankaoui » dans lequel l'avaient confiné, des décades durant, les « apôtres » du Cardinal. De son vivant, El Hadj Anka, qui dominait, pratiquement seul, la scène du chaâbi, exhortait ses disciples à voler de leurs propres ailes et à ne pas lui coller au burnous. Certains intrépides s'étaient cassés les dents, des années après, en passant outre la « consigne ». Bien qu'il n'en fût pas partie, Abdallah Guettaf n'a pas été - au début de son odyssée musicale - moins « ankaoui » que ses condisciples, mais vouait tout de même une sainte horreur à la singerie stérile, source de tous les échecs. Sa soif mélodique et son ardent désir de s'ouvrir sur d'autres répertoires lui avaient, alors, ouvert, grandes, les portes d'une carrière qu'il mena avec brio. « Dans sa tête, les mélodies kabyles s'entremêlent harmonieusement aux rythmes oranais, aux envolées orientales, aux belles montées du ayèye boussaâdi, aux mrémate hawzi, arobi ou chaâbi, et aux noubate savamment dites par les maîtres consacrés dans ce domaine, son oreille est insatiable. Il ne se rend pas encore compte, en 1961, de cette forte passion qui couvait en lui, un penchant prononcé pour l'art de la parole, la belle poésie produite par de vénérés maîtres au cours des siècles passés » témoigne le journaliste-écrivain spécialiste de la musique du terroir, Abdelkader Bendameche, aujourd'hui président du Conseil national des arts et des lettres. Passionné de sonorités et de rythmes, l'interprète magistral de Ras el-Mahna est aussi connu pour être le seul cheikh qui revendique un corpus poétique (Melhoum) truffé de textes inédits dont il fera part et partagera le plaisir avec ses fans. D'où, au demeurant, le sobriquet de Cheikh el Mefqoud, qu'il traînait depuis fort longtemps. « Abdallah affectionne particulièrement les textes de Mohamed Ibn Msayeb, ceux de Mohamed et Boumediéne Ben Sahla et autres Ahmed Bentriki. Il prendra soin de tout cet héritage important, aux yeux de ceux qui savent l'apprécier. Sidi Kaddour El Alami, Abdelaziz El Maghraoui et El Fedhol El Mernissi n'auront aucun secret pour lui. Il aura tout le temps pour faire des recherches » poursuit M. Bendameche, vantant les efforts incommensurables que l'enfant sage de la Glacière déployait pour offrir à son public un chaâbi, classique dans le fond, mais ô combien rénové dans la forme.




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