Algérie

Le nouveau terminal de l’aéroport d’Alger, Décollage immédiat



Comme chaque année, le début du mois d’août donne le top-départ des grandes migrations estivales et de leur cortège de chassés-croisés à l’aéroport international Houari Boumediène. Cette année, il y a quand même une particularité : le nouveau terminal reçoit son baptême du feu. Une fois les rubans coupés, il a connu déjà la frénésie des grandes plateformes. Les juillettistes et les aoûtiens se croisent.

Pour les uns, les vacances sont hélas terminés et pour les autres, ce n’est que le début de la grande évasion. L’attente sous les chapiteaux ne fausse plus le cadre. Les personnes, qui viennent accueillir un proche parent, ne sont plus obligées d’attendre hors de l’enceinte aéroportuaire. Ils peuvent s’informer aussi par le biais des « écrans de téléinformation » et des bureaux d’information. Tahar, un Algérien qui vit en France depuis plusieurs années, revient régulièrement au pays. A ses yeux, ce terminal est très joli, mais « austère comparativement à ceux des aéroports des pays maghrébins ». Il ne peut s’empêcher de faire quelques remarques. En provenance de Marseille sur un vol Air France, il déplore « le déploiement lent de la passerelle télescopique, ce qui a créé une agitation dans l’avion. Il n’y a pas beaucoup d’indications. Les informations sont en français ou en arabe mais pas en anglais, langue internationale. En accueillant un ami ou un membre de la famille, on ne sait pas s’il faut le faire à l’arrivée 1 ou 2. La sono (les annonces) est agressive et même si les travailleurs ont tous des badges, on ne sait pas qui fait quoi ? » Tahar, qui a transité par plusieurs aéroports dans le cadre de ses déplacements professionnels, est un peu sévère en disant que ce terminal est « un aéroport d’une ville de province, mais il n’y a pas photo par rapport à l’ancien aérogare ». Zina revient au pays pour revoir ses parents ainsi que ses amis et retrouver une saveur toute particulière. Elle est contente de voir l’Algérie enfin doter d’un aéroport qui ressemble à ceux d’Europe. Cependant, elle est consciente que beaucoup reste à faire : « Il faut que la PAF soit plus prompte et qu’il y ait plusieurs modes de transport qui relient le terminal à la ville. Il est inadmissible de débarquer dans une enceinte aussi moderne et dès qu’on en sort, on est à la merci des clandestins qui proposent leurs services. » Les chauffeurs de taxi affirment bien sûr qu’ils sont disposés à négocier le prix et même à accepter des pièces en euros. Les mentalités doivent évoluer. Elle ajoute aussi d’autres critiques, « l’absence de guide papier du terminal ou de guide touristique de la ville d’Alger (les régions à visiter, les restaurants, les hôtels, les lieux de loisirs et de détente) ». Lors de notre visite à l’aéroport, nous avons constaté que certains se sont plaints de ne pas avoir reçu leur bagages à temps. Deux vols ont atterri presque en même temps (en provenance de Paris-Charles de Gaulle et de Lyon) et dans ce cas, il est difficile que la machine ne grince pas. Le terminal est encore en période de rodage... Les immigrés sont venus en nombre important passer leurs vacances en Algérie. Les plus âgés parlent d’un pèlerinage à la terre des ancêtres. Les plus jeunes, eux, découvrent un pan de leurs racines surtout à l’heure de la désorientation et des nombreux défis de notre sombre époque. Les bras chargés de valises, les voyageurs effectuent les formalités. Les policiers se veulent aimables. C’est le moment des retrouvailles, des youyous et des embrassades… Les enfants, le regard amusé, bougent dans tous les sens. Si les Algériens résidant à l’étranger viennent ici, ce n’est pas uniquement par nostalgie mais aussi pour des raisons économiques. Leur séjour coûtera moins cher qu’une autre destination et en changeant des euros, ils pourront se payer des vacances plus que convenables. Le nouveau terminal de l’aéroport international d’Alger veut offrir à la capitale sa belle vitrine. Ce lieu est le premier contact d’un étranger avec notre pays et la dernière impression qu’il emporte avec lui. C’est la première fois que l’Algérie se lance dans la construction d’un terminal de cette envergure aux standards internationaux (passerelles télescopiques et matériels de sûreté de dernière génération). L’Etat a investi dans les équipements modernes tels que le système CUTE (Commun User Terminal Equipment) avec le système de réservation Résa et tout ce qui est biométrique (accès pour le personnel et les employés de l’aérogare) avec utilisation de cartes d’empreinte digitale et les scanners pour les bagages. Ces équipements ont donné de la valeur à cette aérogare. La gestion et la maintenance ont été confiées aux Aéroports de Paris Management (ADPM). ADP gère Roissy-Charles de Gaulle et Orly (France) et 5 aéroports en Egypte : Hurghada, Sharm El Sheikh, Luxor, Aswan et Abu Simbel. Une opportunité pour le personnel d’acquérir la maîtrise d’une gestion basée sur des procédures répondant aux normes internationales et qui permet de faire de cet aéroport un « hub régional », dont l’apport économique sera non négligeable. En fait, c’est à compter du 1er octobre prochain que l’aéroport d’Alger sera totalement géré par ADP pour une durée de 4 ans. La période transitoire allant du 1er juillet au 30 septembre 2006 est consacrée à la mise en place de l’organisation et des outils de gestion. Le transport aérien en Algérie a connu à partir de 1999 des hauts et des bas. En 1985, l’aéroport d’Alger a enregistré 6 millions de passagers (domestique et international). En ce temps, il n’y avait pas de visa vers les pays européens. Le marché traditionnel dominant est le réseau France compte tenu de la communauté algérienne résidante dans ce pays et vers certains pays moyens orientaux comme la Syrie, Djeddah (Hadj et Omra), l’Egypte et Dubaï et accessoirement l’Afrique (un trafic de transit). Air Algérie assure des liaisons régulières avec Bamako (Mali), Niamey (Niger), Dakar (Sénégal) et Abidjan (Côte d’Ivoire). Le trafic est redescendu au creux de la vague avec l’instauration des visas et le départ des compagnies étrangères pour des raisons économiques avant le détournement de l’airbus d’Air France en décembre 1994 et les problèmes sécuritaires qu’a connus notre pays. Actuellement, l’EGSA enregistre des taux de croissance pour le réseau national, et elle estime la reprise autour de 3,5% sur les cinq prochaines années. Pour le réseau international, il est prévu 10% de croissance et le nouveau terminal va y contribuer fortement.




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