Algérie

Le nouveau sens de la liberté



Nous avons beau nous armer de patience, de tenter de nourrir de l'optimisme, d'essayer de crever la phénoménale bulle qui nous étouffe, rien n'y fait. L'étranglement que nous impose l'invisible virus est à son comble quand des proches s'en vont pour ne plus jamais revenir, quand des empreintes des célébrités, collées en nous, s'éteignent. A défaut d'entretenir la vie nous gérons la mort et nous nous apercevons tout compte fait que nous allons égarer trois ans de notre existence. La mort se présente si proche de la vie pour que les esprits soient perturbés, n'ayant plus à la bouche qu'un lexique totalement dégarni et seuls les termes et les images sanitaires occupent toutes ses pages.Dans tous les esprits ne réside qu'un mot. Nous marchons avec. Nous mangeons avec. Nous dormons avec et cette liberté que nous considérons s'arrêter là où commence celle des autres a décidé d'adopter une escale là où ne nous l'avions jamais attendue.
En trônant au-devant de chez nous, la pandémie réduit n'importe lequel des grands événements dans le monde à des faits inaudibles pour que les incendies gigantesques qui crament les villes, les tremblements de terre ou les grandes man?uvres continentales militaires ne soient plus que des faits insignifiants.
Alors, face à cette implacable réalité, le débat sur les libertés individuelles engagé partout, avec fougue et inconscience, est surréaliste. Des Occidentaux dans notre moyen voisinage font la fine bouche pour une histoire de pass sanitaire obligatoire comme si lutter contre le virus était un jeu de marelle en considérant qu'aller au cinéma et au restaurant était une finalité de la vie. Avec une immense légèreté, ils ne se rendent pas compte que c'est leur propre respiration qui est en grand danger et que pour le moment les escapades des loisirs avant d'être une culture ne sont qu'un dessert dans la vie d'aujourd'hui.
Il faut demander à celui qui lutte contre la mort dans un lit d'hôpital ou faute de place, dans un recoin d'une demeure ce qu'il pense sur les théories des libertés. Il faut interroger celui qui s'éreinte à cogner sur toutes les portes à la recherche d'un salvateur oxygène pour redonner vie à un de ses proches, son avis sur la nécessité de la vaccination. Il deviendra certain que toutes les notions sur la démocratie et sur la liberté seront réduites au seul impératif de respirer.


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