Publié le 15.08.2024 dans le Quotidien le soir d’Algérie
KADER BAKOU
Plus que quelques jours avant la parution de Cœur-d’Amande, le nouveau roman de Yasmina Khadra, prévue le 21 août 2024, en France.
L’histoire dans Cœur-d’Amande (Mialet-Barrault Editions) se déroule principalement à Barbès, «le quartier algérien» ou «le Tiers-Monde» de Paris.
Nestor, un habitant de Barbès, a été rejeté à sa naissance par sa mère qui n'a pas supporté qu'il soit anormalement petit. Elevé par sa grand-mère, il vit une existence heureuse dans un quartier où s'entremêlent les peuples. Mais, tout s'effondre quand la vieille dame est placée en maison de retraire et son appartement vendu.
«J'ai souvent touché le fond, sauf qu'à chaque tasse bue, je remonte plus vite qu'une torpille. Renié par ma mère pour anormalité physique, je me réinvente au gré de mes joies. J'aime rire, déconner, me faire mousser et rêver de sacres improbables. J'ai appris une chose dans la vie : pour se dépasser, il faut savoir prendre son pied là où l'on traîne l'autre. Même avec des béquilles ou avec des prothèses, je continuerai de marcher dans les pas du temps en randonneur subjugué. Je ne lâche rien», crie haut et fort Nestor.
Nestor doit être aussi bon que Ray «Sugar» Robinson d’où le surnom de Cœur-d’Amande qui fait penser immanquablement à qalb ellouz, cette pâtisserie traditionnelle algérienne.
Le prénom Nestor rappelle, tout aussi immanquablement, le bagnard qui s’évade, fait un tour et revient à sa prison, dans la bande dessinée française Pif Gadget.
Le nouveau roman de Yasmina Khadra est présenté en France comme un «Hymne au courage d'être soi, à l'amour et à la solidarité inoxydable des ‘’gens du quartier’’ (…) Une formidable bouffée d'air dans un monde en apnée.»
Pour l’éditrice Amélie Pascal (Éditions J’ai lu) : «C’est un très beau tableau de quartier populaire» (Barbès).
«J’ai lu avec une immense joie le nouveau livre de Yasmina Khadra. Je suis tombée sous le charme de Nestor, un personnage foisonnant, romanesque, dont la petite taille est une force précieuse. La première partie du roman nous plonge dans un microcosme coloré, gouailleur et solaire, celui du 18e arrondissement de Paris. Pour y avoir habité, je trouve que l’on renoue avec tout ce qui fait la grandeur d’âme de ce quartier (...) Le second temps de la narration met merveilleusement en avant la relation extraordinaire qui unit Nestor à sa grand-mère, c’est bien le fait d’être séparé de cette dernière qui va pousser le personnage à trouver des forces au plus profond de son être pour écrire le roman d’une vie (…) La chute avant la remise en question est violente et éminemment réaliste. Le lecteur, empathique, ne désire qu’une chose : prendre cet homme par la main pour l’aider à retrouver son chemin. Et c’est Léon qui incarne ce rôle à la perfection», écrit-elle. En conclusion, comme le fait remarquer Amélie Pascal : «Yasmina Khadra nous entraîne sur d’autres territoires, où sa plume, toujours aussi lumineuse, nous plonge dans un Sud bien différent d’un Barbès vibrant mais à l’énergie tout autant inspirante.»
Sur sa page Facebook, Yasmina Khadra a expliqué les raisons qui l’ont poussée à écrire ce roman et cette histoire (de cœur) : «J’avais besoin de renouer avec les histoires qui faisaient mon bonheur de lecture, autrefois, de retrouver ces personnages attachants, qui m’étaient aussi proches que mes parents, de me diluer dans leur monde au point de me confondre avec eux, de devenir un des leurs. J’ai toujours aimé les quartiers où l’on a du temps pour soi et pour les autres, où les gens se serrent les coudes. (…) J’ai eu envie de revivre tout ça, de me soustraire au délire d’un monde décevant, fait de guerres et de complots, d’intox et de mauvaises nouvelles ; me prouver que, derrière la Une frustrante des journaux et les images cauchemardesques dont nous bombarde tous les jours la télé, il y a encore des foyers épargnés, des zones où il fait bon vivre, où la folie des Tout-Puissants est proscrite, interdite, rejetée en vrac.»
Et plus loin : «Ce que je décris dans mon roman est vrai. La bonne humeur, la solidarité, les cocasseries, les Grands frères Frédo et les Confucius, les Kader et les Ness, les Nanard et leur clique existent bel et bien. Il suffit de s’attabler à la terrasse d’un café et de laisser le regard écarter les voiles des a priori et des stigmatisations pour se rendre compte que la furie des Va-t-en-guerre n’a pas cours chez les gens des quartiers populaires (…) Un rien les comble et un rien les émeut. S’ils ne paient pas de mine par moments, ils n’oublient jamais qu’ils ont du cœur à en revendre. Aucune de leur colère ne résiste à l’appel de la raison.» Un message est sans doute caché dans l’illustration du roman Cœur-d’Amande.
En effet, elle montre la sortie d’une station de métro parisien débouchant sur la basilique Notre-Dame d’Afrique à Alger. Les riverains appellent «chemin des pèlerins» ces escaliers qui mènent du «village taliane» (Village italien) à cette partie est de la basilique algéroise.
Kader B.
Roman Cœur-d’Amande de Yasmina Khadra. Mialet-Barrault éditions. 320 pages. Date de parution : 21 août 2024.
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Posté Le : 16/08/2024
Posté par : rachids