Algérie

« Le nombre de morts est sous-évalué »



« Le nombre de morts est sous-évalué »
Chaque année, le terrorisme routier en Algérie fauche la vie de centaines de citoyens. Une véritable hécatombe dont l'élément humain est la principale cause. Rien qu'en 2015, le nombre de victimes des accidents de la route a atteint, selon les statistiques officielles, 4.610 morts et des centaines de blessés, dont certains souffrent d'infirmité. Malheureusement, ce bilan qui classe les routes algériennes parmi les plus meurtrières à l'échelle planétaire est plus macabre dans la réalité. En effet, l'Organisation mondiale de la santé avance un chiffre plus effarant encore.Selon cette organisation, le bilan national ne représente que 73% du bilan effectif recensé en 2015. Rencontré en marge du colloque international de deux jours qui s'est clôturé hier à l'Ecole nationale supérieure de la statistique et de l'économie appliquée de Koléa, Belaïdi Mohamed Amine, enseignant universitaire qui a présenté une communication intitulée « La problématique de la qualité des statistiques des accidents routiers », lors de cet évènement, estime que la statistique est un élément fondamental dans le processus décisionnel sous-tendant toute politique ou programme visant la réduction des accidents de la route. L'efficacité de toute démarche s'inscrivant en ce sens est tributaire de manière prépondérante de la qualité et de l'exactitude des données statistiques, et ce, aussi bien pour le nombre d'accidents que pour les dégâts corporels. « Par essence, la statistique est un outil d'aide à la prise de décision.Or on constate que le cheminement de l'information et des données relatives aux accidents de la route en Algérie fait face à une somme d'écueils qu'on peut compartimenter dans trois volets », classe-t-il. A l'en croire, la remontée hiérarchique des données jusqu'au ministère des Transports et au Centre national de la prévention et de la sécurité routières (CNPSR) depuis le lieu de l'accident est sujette à des défaillances qui, au final, engendrent un retard de transmission des données de l'accident en question.A cela s'ajoutent le sous-enregistrement du nombre de morts et la sous-déclaration des accidents. « A défaut de coordination entre, d'une part, les services intervenant sur les lieux de l'accident, à l'instar des éléments de la sécurité routière et ceux de la Protection civile, et, de l'autre, les services connexes comme les structures de santé, le nombre des décès est plus ou moins sous-évalué. Il est en effet des cas où une victime souffrant de blessures sur les lieux de l'accident succombe une fois admise à l'hôpital », confie-t-il. Idem pour la sous-déclaration. « Un certain nombre d'accidents se produit sans pour autant faire appel à la Protection civile, puisque ce sont des citoyens qui acheminent les victimes vers les structures de santé. Dans ce cas de figure, ce type d'accident n'est pas comptabilisé », souligne-t-il. Et d'ajouter : « Travailler de concert avec les services des assurances, de la Solidarité nationale et des tribunaux est la solution idoine devant permettre de juguler ce genre de contrainte. » Dans cet ordre d'idées, Belaïdi Mohamed Amine souhaite qu'il y ait une coopération étroite et en profondeur entre le CNPSR et l'ONS (Office national des statistiques) dans le cadre du recensement des accidents de la route.


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