Algérie

Le nom de famille, la case départ



Le nom de famille, la case départ
Le nom de famille nous surprend par sa longévité et ses empreintes historico-géographiques. Enraciné dans la durée, il résiste à toutes les vicissitudes, y compris aux menaces contre l’existence humaine. Il se moque des outrages du temps sur une échelle millénaire.Il est, sans doute, le plus précieux bien immatériel de notre patrimoine. Dans une certaine mesure, il nous assure l’éternité puisqu’il est avant et après nous. Cette lecture, sans prétention académique, s’ajoute au Voyage à travers notre état civil paru le 5 avril 2005, accessible en ligne.   La cartographie de notre état civil nous conduit vers des lieux de rêve en Méditerranée, au Moyen-Orient, en Afrique subsaharienne et dans tous les pays anciennement sous contrôle de l’Empire ottoman. La case de départ peut venir de loin. Ainsi, «El yabes», patronyme algérien connu, signifie «originaire d’Ibiza» qui est une ville des Baléares. Cet archipel était connu aussi sous le nom d’El Djazaïr Esherkyya. C’est donc un patronyme andalou. Les premiers contacts entre cet archipel et le monde musulman remontent à l’an 707 de JC. L’occupation arabe va durer de 902 à 1287. La ville principale d’Ibiza, (Eivissa) était nommée Madinet El Yabissah. Le citoyen est donc «El Yabes»   Ce qui n’a aucun lien  avec le caractère du sec que suggère aussi El Yabes. Ibiza comptait une multitude de villages de pêcheurs comme Beni Semmad et Benizzin qui sont à l’origine de Semmad et Benziza, Ezzine (Migration berbère et établissements paysans. Miquel Barcelo. Castrum 7. Le monde méditerranéen au Moyen-âge. Casa de Vélasquez) El Badji, c’est le natif de Beja. Cette ville ancienne est le chef-lieu de district au sud du Portugal. Le théologien Abou el Walid Souleymane El Badji, né en 1012, est originaire de Beja la portugaise, à l’époque musulmane. Le toponyme «Beja» avec ses diverses variantes se retrouve tout autour de la Méditerranée et viendrait du Libyque Vaga. Beja est aussi une ville en Tunisie qui doit sa fortune à Massinissa. Plus tard, son petit-fils Jugurtha la choisit comme lieu de villégiature. On dit d’Alger «El Behdja», tout comme la ville de Fès. (Bahjet Fès el Bali). Le nom Badji ou El Badji, El Baji se retrouve aussi en Behidji (Souk-Ahras). Chorfa, Cherifi, lié à une tribu chorfa (noble). Mais aussi originaire de la province d’Al-Sharaf  entre Cordoue et Séville. Soueidyya tire son identité de la région syrienne de Souweida, devenue Djebel Druze ou Djebel el Arab dans le Golan. Quant à Fergani, nom berbère, il renvoie à l’idée d’un cercle familial. On retrouve des Fergane  (Aït Fergane ou Beni Fergane) dans le Nord-Constantinois, dans le rif marocain et en Kabylie. Fergana, c’est aussi une ancienne principauté du Turkestan. Fergani est un nom d’emprunt du maître du malouf constantinois qui s’appelle Reggani. La ville irakienne Nassiryya est l’antique Ur, la cité d’Ibrahim el Khalil en Irak. Bombardée avec une intensité sauvage par la coalition dans la guerre contre l’Irak, cette ville, ainsi que Basra ou Baghdad ont nommé Nasri, El Basri et Baghdadi. Quant à Skander, on pense tout de suite à Alexandrie. Plus facile à déterminer, Dahraoui qui vient de Dahra, une région montagneuse de l’Ouest, avec son épicentre Mostaganem. Ce nom peut se confondre avec Zahraoui et Zeraoui ; (Sidi Bel Abbès et environs de Béjaïa) qui signifie «habitant de  Madinat-Ezzahra» l’andalouse, à une dizaine de kilomètres à l’ouest de Cordoue. Résidence palatine et capitale administrative d’El Andalous, elle fût l’équivalent de Versailles pour les califes omeyyades. C’est un site archéologique majeur depuis 1911. Hayder est un nom algérien qu’on retrouve aussi dans le monde germanique. Il provient du toponyme Hydra ; terme berbère qui désigne de nombreuses localités depuis Alger jusqu’en Tunisie. El Kobbi ; les Kaoub est une famille influente de la tribu des banou Soleim. Douadi et Douiden mentionnés  par Ibn Khaldoun comme appartenant au Riahi. Les monts Fellaoucen dans le massif des Traras vers Tlemcen ont donné Flici. Sur le même massif, la ville antique de Hunain nomme les Henni.   Sahara : mot mystérieux Sahraoui ; le mot «Sahara» qui donne Sahraoui est une énigme. Ce mot si familier n’est mentionné dans aucune sourate du Coran. Le Prophète (QSSSL) ne l’a jamais prononcé. Aucun auteur de la période antéislamique n’en parle. Le terme est étranger à la Péninsule arabique, bien que le pays  soit  à domination désertique.   El Hadj Aïssa, Chérif de Laghouat  (XIXe S.) en  donne un éclairage pertinent. Il indiquait à un voyageur français vers 1850 que ce mot «Sahara» est une synthèse historiquement récente de Sahel et R’3A. Le Sahel désigne le rivage en arabe. C’ est la zone géographique «en bordure» de l’Atlas Tellien, délimitée au sud par la ceinture désertique et semi-désertique. Le terme qui qualifie le désert, c’est «Ardh el Kifar» «Robaa ekl Khali» «Hadramout», etc. Le mot R’3A est relatif à l’activité de l’élevage. Erra y étant le pasteur. Le Sahara qui ne ressemble pas au désert bénéficie d’une précipitation saisonnière favorisant une assez importante  biodiversité, un tapis végétal qui favorise la chasse, l’élevage ovin et caprin et les races chevalines. Au-delà de cette limite, vers le Sud, chaque ère est identifiée en fonction de la nature du sol ; le Reg, l’Erg, Adrar, le Kram kram, H’mada, Fechfech, Ghourd, Tanezrouft et ainsi de suite. Ces identités relèvent le plus souvent du vocabulaire berbère Zénète. La confusion entre l’espace désertique et le Sahara remonte aux premiers écrits des explorateurs européens apparus dans le sillage de la colonisation. Bouyali, de la zaouïa de Bou-Ali dans le Touat (sud-ouest) qui accueille la sépulture de Cheikh El Maghili. Madjriti désigne le Madrilène. Il est parfois Madjri Guidoum, vient de Mguiden à l’est du Gourara occupé par les tribus Zénètes dès 960. Pour rester dans le contexte saharien, on note Boudi, Boudia, qui vient  de Ksar Bouda, en bordure de Oued Messaoud dans la wilaya d’Adrar. Le Ksar est mentionné déjà par le géographe Léon l’Africain, (Hassan el Wazzane, 1488-1540)  dans sa «Description de l’Afrique». Cette forteresse était la porte qui ouvre et verrouille l’ouest saharien. Elle a joué un rôle historique important dès 1269 avec l’occupation par Cheikh Toudji de Seguia El Hamra, qui s’installe à Ghormali. Bouda, qui est aujourd’hui une petite commune fût, autrefois, une place forte du commerce caravanier entre Sijilmassa et l’Afrique subsaharienne, notamment pour la poudre d’or  (t’ber).   Cette vocation commerciale ancienne explique la présence des Boudi, négociants de Ksar Bouda, émigrés au M’zab et dans de nombreuses villes du Nord. Le commerce du t’ber a perdu de son importance avec la découverte de l’Amérique et l’afflux des quantités d’or du Nouveau monde. Cependant, Boudalise rattache au pays des Boude, ou Balad el Budd, nord de l’Inde,  en raison de la multitude de temples et statuts dédiés à Bouddha au commencement de l’occupation arabe en 711 sous la conduite de Mohammed Ibn al-Qassim. Le terme «Budd», qui englobe aussi l’Afghanistan, est toujours en usage au Pakistan. En raison  de leur génie dans de nombreux domaines techniques, notamment l’architecture et la décoration intérieures, les Boudala seront sollicités partout en terre d’Islam, en particulier en Andalousie, au Moyen-Orient et dans les grandes cités maghrébines. Ces artisans ont introduit l’art de la mosaïque (zelij) et la charpente décorée (khachab) dont le plus bel exemple est sans doute la mosquée Abderrahmane à Cordoue. Brakni est issu de Aberkane, qui désigne la peau mate, contrairement à Sari. Quant à Zaoui, il oriente sur plusieurs hypothèses, dont la plus crédible serait le rattachement à une zaouia. Tifachi n’apparaît plus dans la nomenclature algérienne des patronymes. La famine de 1871 a été fatale pour les deux tiers de la population algérienne (Djilali Sari, Le désastre démographique SNED 1982). Tifach  est un lieudit berbère assez répandu au Maghreb. Il se caractérise par la prolifération du palmier nain, le tafechount. Lorsque cette mauvaise herbe de forte taille colonise un espace, le labour devient impossible.  Il a fallu attendre l’invention du tracteur pour en venir à bout. Quand Tifach devient Tipasa, c’est pour s’adapter à la morphologie de la phonétique latine des Romains. Al-Tifachi, écrivain (1184-1253), est l’auteur d’un essai érotique Le jardin des roses et des soupirs, un best-seller d’actualité traduit en 75 langues. En perdant la consonne «C», il devient Tefahi, plus aisé dans la pronociation. El Ghouti vient  de Ghouta, oasis en altitude proche de Damas, à mi-chemin entre désert et montagne. Havre de fraîcheur en saison estivale, cet espace de loisirs attire les Syriens depuis l’époque ottomane. Prononcé de façon différente avec le T emphatique, El Ghouti s’applique aussi à l’habitant de Laghouat à la place de Laghouati. Krakri, de la ville syrienne de Kerak, au sud-ouest de Jérusalem. Quant à Takarli, c’est le citoyen de Takar, cité iranienne en haute altitude de la province de Mazandéran. Le suffixe «Li», assez courant dans les noms turcs, indique le rattachement à une ville, une province ou un pays. C’est ainsi que  Kritli est «originaire de la Crète». Cette île du sud de la Grèce se nomme localement Kriti. Elle fut musulmane sous les Abbassides aux IXe et Xe siècles et sous l’empire ottoman aux XVIe et XVIIe siècles. Habchi, pas difficile à définir, il s’agit de Habachi, autrement dit, l’Ethiopien. Chami, c’est la personne originaire de Bilad Echam (Irak et Syrie). Mais il peut être un qualificatif de courage avec le mot Echahama, d’où l’on peut déduire Bouchama, dont l’origine serait Bouchahama. Il est vrai qu’au premier degré, Bouchama serait l’homme au nœvus. Mais cette marque au visage étant assez répandue, elle ne peut être à l’origine d’un patronyme.   Djoudi :  pluriel Adjouad. Issu de la noblesse guerrière. «Ces Adjouad d’une race pleine de retenue ; ils ont, depuis longtemps, établi leur haut lignage», Mostfa Ben Brahim. Poème Le Ramier  Dr Abdelkader Azza. SNED Alger 1979. Ce nom a donné «Hadjout», ancienne tribu guerrière de la Mitidja. Hadjout vient de l’ancêtre éponyme «Hadj Djoudi», Aït Adjedjou découle d’Aït El hadj el Djoudi, ou disciples et descendants d’El Hadj el Djoudi, qui a établi une zaouïa en Grande Kabylie. Gadouch : survivance du latin «Aqua ducce», conduite hydraulique romaine. (Béjaïa et environs).     Kheroubi : cherubin. Mot assyrien équivalent de «ange». Mamouni, construit de la même racine d’Aman et Amin pour signifier  une qualité la confiance. Par contre, Mimoun ou Mimouni expriment la richesse en hébreu.   Merabet :  du mot «Ribat» ou forteresse. Pluriel, «Mourabitine» (dynastie des Almoravides). Le sens du mot Merabet, qui a donné en français «marabout», dévié vers le sens de  sorcellerie. Harkati, tribu aurassienne des H’rakta :  mot  grec qui a donné «hérétique» en français, ayant la même signification que «kafir» en Islam. C’est un anathème lancé par Saint Augustin, l’Evêque d’Hippone (Annaba) contre les tribus qui ont soutenu le schisme de Donat, de 312 à 411, dans l’Afrique romaine. Le «Siècle du Donatisme» a été une révolte générale des pauvres contre la richesse ostentatoire des évêques d’Afrique. Bouakkaz, Okkazi, de Ukaz, localité de la Péninsule arabique où se déroulait une foire annuelle au mois de Dhul ka’da, à l’époque préislamique. Achour, Achouri et aussi Benachour désignent l’Assyrien. Ere géographique qui couvre une bonne partie de l’ancienne Mésopotamie avec Assur (Achour) comme capitale. Righi, de Harghan, qui a nommé Righa, Rghaya. L’encyclopédie de l’Islam considère que Hargha est  une forme arabisée du nom berbère Harghan, d’où est originaire Ibn Toumert . Cette tribu est une branche de la grande confédération des Masmouda. Khalil, d’où on tire Benkhelil, c’est l’Ami avec un A majuscule. Attribué à Ibrahim «Ami de Dieu». Hassoun, nom du chardonneret, identifié aussi en «Meknine». Fekiri, décliné parfois en Fakir, du mot arabe «El Fakih», synonyme de connaisseur. Il prend un autre sens pour désigner une personne qui possède les lois religieuses à un haut degré. Ce mot a donné «fakir» en français. Dahdouh Lion. Mot persan. Cherbal, nom araméen équivalent à «Taa-Allah». Fellous : origine latine ; filus, particule de filiation. Equivalent d’Ibn, Ben, Aït ou fils de. Ce patronyme désigne le rattachemment aux Fellaoucen des monts Trara (Tlemcen). Quand le Prophète (qsssl) a échappé au fameux guet-apens dans sa fuite vers Médine, il prend le surnom de «Sahibou’l Ghamama», car rendu invisible par un miraculeux nuage de poussières (El ghamama), Boul’Ghamama évolue en patronyme et se fixe en Bouamama et ould Bouamama (Ouled Sid Echikh dans le sud-ouest, Aïn Sefra ainsi que Gouraya et  Damous). Les Arts et métiers Bradai, le bâtier. Qui appartient à un métier de l’art équestre. Le bât est la selle pour les bêtes de somme, qui permet le port d’une charge. D’où l’expression «là où le bât blesse». Le plus fameux des Bradaï est sans doute le Saint du même nom originaire de Tlemcen. Bakiri. Mis à part l’explication qui découle du khalif Abou Bakr, Bakiri peut aussi désigner l’homme qui appartient à la corporation des maîtres d’œuvre pour les grands ouvrages. Bakara étant le système de poulie qui démultiplie l’énergie pour le levage des lourdes charges. Koceir Kasri Keciour, nom de l’époque ottomane issu de Quayçaryya (de César ou le Kaiser  germanique). Représentant de l’Etat ou de la loi. Siki, qui appartient à la corporation pour la frappe officielle de la monnaie. Es Sekka, c’est la machine antique qui servait à la fonte des métaux pour la réalisation des pièces d’or ou d’argent.    Sekkat, le sellier. Métier de l’art équestre. Bonatero, non, ce n’est pas un Italien. «Boun el hatiro» signifie «le café au parfum corsé». El Boun, est le nom arabe du café en raison de sa couleur. Bunni, c’est le marron. Il prend le nom de kawé sous l’empire ottoman qui occupait le Yémen, berceau initial de cette drogue au succès planétaire. Le port yéménite de Moka a donné son nom à une variété de café. Bouzouidja, époque ottomane. L’homme qui porte habituellement une paire de pistolets à sa ceinture. Loukil, le tuteur. Se dit aussi de la personne chargée de l’administration d’un bien habbous (inaliénable) ou administrateur d’une zawiya. Sabati, du turc «zabanti» officier, mot  dérivé de l’arabe «dhabet», même signification. Zemzoum, patronyme de métier issu de l’objet «zemzoumyya», aiguière du pèlerin destinée à contenir l’eau de la source sacrée de Zem-zem.   Haddad, forgeron. Divinité sémitique de la foudre et des orages. Version orientale de Jupiter. Chalabi, du mot turc Chalab, qui a donné en français «tulipe». Les Chalabi représentaient la caste des intellectuels reconnaissables à leur turban en forme de chalab ou tulipe. Ainsi, notre fonds patronymique s’intègre dans un ensemble géographique qui dépasse nos frontières. Sa lecture étonnante en  diversité culturelle traduit le niveau des échanges dans les temps passés à une échelle qu’on a du mal à envisager.                                    


Le mot Mérabet vient du mot El Mourabet ( Mourabitoun=Almoravide) La famille Mérabet est une famille de nobles venue de Séville (Espagne) qui se sont installé au Sud marocain (Sakiet El Hamra ou Oued Edaheb); puis ils se sont répartie eb Afrique du Nord et en Turquie. Quant au nom Mrabet celui-ci veut dire Marabout Nous n'avons rien à avoir avec les Mérabet de Kabylie ?
Boumeziane née Mérabet - professeur d'hytoire - Alger, Algérie

25/04/2016 - 297522

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