Algérie

Le Nobel, l'eau et le feu



Une chose est sûre, les motivations de la guerre Soudan-Ethiopie-Tigré ne coulent pas de source. Au-delà de la réalité de la confrontation militaire dramatique, l'enjeu principal, la construction du GERD (Grand barrage de la renaissance) en Ethiopie sur le Nil bleu, n'est pas étranger à ce dérapage. La diplomatie mise à contribution pour désamorcer ce qui allait s'avérer être une bombe aux graves répercussions a, pour l'heure, échoué. Les dirigeants éthiopiens se montrent intransigeants dans les négociations pour le règlement pacifique de ce grave conflit qui n'a pas son pareil dans la région. Le plus cocasse dans cette affaire est de voir le prix Nobel de la paix en treillis militaire prêt à se déplacer sur le front des combats. C'est dire le niveau de blocage politique entre les principaux belligérants.Ni les Etats-Unis, accusés de partialité par Addis-Abeba, ni les différents rounds de négociations tripartites (Ethiopie-Egypte-Soudan), ni les appels répétés de l'ONU, ni la médiation de certains pays africains n'ont abouti à un résultat concret ou pour le moins maintenir le dialogue pour une solution pacifique de cette malheureuse confrontation qui a pour toile de fond une histoire d'eau. Si pour les militaires au pouvoir à Khartoum, c'est l'occasion de faire diversion dans un pays en crise politique et économique, il en est autrement pour l'Egypte d'Al Sissi qui se dit déterminée à exorciser le spectre d'un Nil asséché par le barrage litigieux.
L'option de la guerre étant dans l'air, Le Caire ne veut pas d'un affrontement armé direct, préférant sans doute recourir à d'autres moyens. Une guerre par procuration, à travers le Tigré, n'est pas la moindre des options quand bien même les portes du dialogues ne sont pas totalement fermées.
La diplomatie algérienne, sous la férule de Ramtane Lamamra, bénéficie d'un préjugé favorable auprès des autorités éthiopiennes. Le représentant algérien a été reçu avec des égards mais cela suffit-il pour croire à une issue consensuelle du conflit car chacun campe fermement sur ses positions qu'il juge légitimes ' Autrement, faire imploser un pays qui reste fragile en dépit des efforts de redressement économique de ces dernières années dans lesquels justement il est beaucoup attendu du GERD. Pourtant, rappelons-nous, l'Union africaine fait sa priorité « faire taire les armes » dans les conflits interafricains et encourage leur règlement par le dialogue, par la voie pacifique. Il est facile d'imaginer que devant la nullité de toutes les initiatives, les différends latents resurgissent pour emprunter les chemins du pire. Le conflit du GERD est un cas d'espèce quand bien même il reste une question de survie pour tout un chacun.
Au Sahara Occidental, le Makhzen alaouite profite de l'expectative induite par sa normalisation avec l'Etat sioniste pour montrer un nouveau visage, celui de l'arrogance et du crime à l'endroit de populations sahraouies sans défense. Il reste sourd à toute proposition de paix, fort de son supposé allié, l'Etat sioniste. Il ne faut donc pas sous-estimer les calculs qui lui sont soufflés pour un pourrissement dans cette région du Maghreb qui pourraient aller jusqu'au dérapage. Ici aussi, l'ONU et les bonnes volontés porteuses d'espoir d'une solution juste au conflit ont du mal.
Brahim Taouchichet


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