Algérie

Le Nigeria sur un volcan



L’assassinat de dizaines de chrétiens, ces derniers jours, revendiqué par le groupe islamique Boko Haram, a ravivé les craintes d’un élargissement du conflit religieux et exacerbé la colère des dirigeants chrétiens, qui y voient un parallèle avec les violences ayant conduit à la guerre civile des années 1960. Entre-temps, une décision controversée de supprimer les aides à la distribution de l’énergie qui va doubler le prix de l’essence, a alimenté la colère sociale, avec des manifestations spontanées un peu partout dans le pays. Annoncée par surprise le 1er janvier, la suppression des subventions sur les carburants a eu pour conséquence immédiate une hausse vertigineuse des prix. Le litre d’essence passe de 65 nairas à au moins 140 nairas. Le Nigeria est le premier producteur de pétrole d’Afrique et le pays le plus peuplé du continent avec 162 millions d’habitants, dont la majorité vit avec moins de 2 dollars par jour. Selon le gouvernement, les subventions, en 2011, ont coûté 8 milliards de dollars.
Grève générale à partir d’aujourd’hui
Les syndicats ont appelé à une grève générale à partir d’aujourd’hui, pour contraindre le gouvernement à revenir sur ces mesures impopulaires. La situation dans le pays est «plutôt précaire et inquiétante», estime Onah Ekhomu, expert indépendant sur la sécurité basé à Lagos. «Nous avons une crise sectaire croissante et maintenant on arrête les subventions. Presque tout le pays est en ébullition», juge O. Ekhomu. L’augmentation des attaques contre des chrétiens ces dernières semaines dans les régions du nord (majoritairement musulman) a amené le président Goodluck Jonathan à imposer, le 31 décembre, l’état d’urgence dans les régions concernées. Les responsables chrétiens ont averti qu’ils répliqueraient désormais à ces attaques, ce qui augmente les inquiétudes dans un pays divisé entre les musulmans du Sud et les chrétiens du Nord. «Je pense que ce qui arrive n’est pas seulement un problème de subventions, mais aussi un problème général sur la façon dont le pays est dirigé», affirme Clement Nkankwo, responsable du Centre de conseil juridique et politique, une ONG locale. «Nombreux sont les mécontents de la façon dont le pays est dirigé. Ils pensent qu’il y a beaucoup d’incapables, d’incompétents ainsi qu’une grosse corruption», ajoute-t-il. Selon Elisabeth Donelly, du groupe de réflexion Chatham House, basé à Londres, le Nigeria est en train de vivre «la souffrance d’une évolution politique». Ce qui se passe, explique-t-elle, est «une combinaison de facteurs : l’héritage d’une gouvernance en diminution depuis des dizaines d’années, une corruption croissante et un manque d’investissement dans les infrastructures de base comme la santé et l’éducation. C’est une démocratie en évolution, c’est un pays immense et divers, il cherche encore à construire un modèle de démocratie qui corresponde et fonctionne au Nigeria», conclut Mme Donnelly.


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