Parvenant des localités d'Agadez dans le nord du Niger, des échos font craindre des phases sombres pour cette région africaine déjà obscurcie par le terrorisme jihadiste et le banditisme. Des populations par centaines venues de toute l'Afrique de l'Ouest, poussées par la faim et la misère, affluent chaque jour dans ce carrefour de halte en espérant reprendre leur migration vers le Nord et vers l'Europe. La situation y est, observe-t-on, d'une désuétude humaine telle qu'elle s'assimile à une autre forme de naufrage d'êtres dans le désert. Les mers et les océans ne suffisent plus pour engloutir hommes, femmes et enfants pour que les vagues du désert elles aussi s'y mettent.Le phénomène prend des proportions presque surréalistes pour que l'Organisation internationale des migrants présente une piètre figure face à une situation dont elle n'a plus prise. Il ne s'agit pas de gérer des errances de quelques désespérés en mal de vie mais de grandes transhumances humaines telles que celles que l'histoire a connues à travers les siècles.
Il semble qu'on ne fasse pas trop attention aux immenses remous qui se produisent au c?ur du continent africain. L'amère ironie est que la faim justifie les moyens et quand on parle d'enlèvements de populations entières par des brigands ou des illuminés jihadistes, au Nigéria, au Burkina ou ailleurs dans une contrée isolée d'Afrique, on ne sait pas à quoi répondent réellement ces enlèvements parfois consentis.
Il est de plus en plus clair que l'on s'est trompé de recettes et de politiques pour que le monde s'adapte à une reconfiguration que les événements lui imposent. Les déferlantes humaines croisées dans les Amériques, en Afrique, en Asie, en Europe sont pourtant les signes d'un bouleversement mondial entamé.
Le tort des humains est peut-être de s'accrocher au temporel. Par nature, par faiblesse ou par fuite de la réalité, les hommes comme les Etats tentent toujours de se donner une contenance pour que dans leur vulnérabilité et leur fragilité ils n'ouvrent pas les yeux sur un monde qui change.
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Posté Le : 13/04/2023
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abdou BENABBOU
Source : www.lequotidien-oran.com