Algérie

Le nerf de la guerre



Le nerf de la guerre
Le Maroc a-t-il les moyens de sa politique africaine ' Apparemment oui si on en croit les certitudes de Messahel, notre ministre des Affaires étrangères, pour qui Rabat blanchit l'argent de la drogue à travers ses banques présentes sur le continent africain. Pour le transport, c'est la Royal Air Maroc qui s'en charge, explique le chef de la diplomatie algérienne qui prend ses sources auprès des chefs d'Etat africains. Messahel affirme que l'information relève du secret de polichinelle en réponse aux préoccupations des hommes d'affaires algériens sur la capacité à exporter vers l'Afrique.Si les réponses de Messahel sont en quelque sorte en décalage par rapport aux interrogations des opérateurs économiques, il n'en demeure pas moins qu'il a asséné des vérités que tout le monde connaît. Des vérités confortées par les chiffres d'organismes onusiens et de structures policières. Ainsi et selon les rapports annuels de l'Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) et l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), le Maroc reste depuis 2015 la principale source d'exportation du cannabis en direction et de l'Europe et de l'Amérique du Nord. Selon toujours ces sources, les saisies liées à la résine de cannabis en provenance du royaume ont connu une hausse importante en 2015, atteignant les 235 tonnes. 80% de cette production nationale est destinée à l'export, laissant 20% au marché local. Messahel n'aura donc fait que rappeler la réalité d'un pays qui a fait du trafic de drogue un véritable secteur économique doublé d'une redoutable arme de destruction massive en inondant l'Algérie d'un véritable raz-de-marée de kif sous haute protection policière.
Alger avait déjà reproché à Rabat «l'infiltration massive» du kif rendant suspect le régime marocain qui encouragerait l'exportation de la drogue vers l'Algérie. Les saisies record opérées par les différents services de sécurité aux frontières ouest et à l'intérieur du pays sont un indicateur sérieux de cette attaque en règle. Si le timing paraît maladroit, les vérités de Messahel cachent pourtant mal l'incapacité de l'Algérie à retrouver sa place en Afrique. Un échec dû en grande partie à une erreur de stratégie qui a fait prendre à l'Algérie la voie de «la solidarité africaine» témoignage de «la volonté politique du gouvernement algérien d'assumer pleinement son engagement en faveur de la promotion économique et sociale du continent» pour reprendre la déclaration du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, désormais ambassadeur en Belgique.
Depuis 2010, le gouvernement algérien a ainsi procédé à l'annulation des dettes, d'un montant global supérieur à 902 millions de dollars, qu'il détenait sur 14 pays membres de l'UA dont le Bénin, le Burkina Faso, le Congo ou encore l'Ethiopie, la Mauritanie et le Sénégal. Des voix critiques avaient suggéré de réduire à zéro leurs taux d'intérêt ou les convertir en investissements directs dans ces pays dont la majorité offre de bonnes perspectives économiques ou commerciales et d'excellentes opportunités d'investissement. Le Maroc, lui, s'est engagé résolument sur la voie de l'investissement jusqu'à devenir le deuxième dans ce domaine en Afrique. Son ancrage en Afrique est habillé de politique, de commercial et de culturel jusqu'à en devenir l'une des pièces maîtresses du jeu africain. En se tournant vers le continent noir, le royaume alaouite avait en point de mire son retour au sein de l'UA sans conditions et en bonus l'éviction pure et simple de la RASD de la maison africaine. Mais tout cela supposait un financement colossal. Son origine, on la connaît dorénavant.


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