Le NEPAD, enjeu de luttes d'influence

L'initiativedu NEPAD est principalement le fruit de la réflexion sur le devenir del'Afrique à laquelle se sont livrés, en commun, le chef de l'Etat algérienAbdelaziz Bouteflika, l'ancien président nigérian Obassanjo et le Sud-Africain ThaboM'beke. Tous trois liés par une convergence de visionqui leur a permis de s'entendre sur un projet global de développement pour lecontinent, auquel ils sont parvenus à rallier une bonne majorité de leurs pairset à susciter l'intérêt de la partie de la communauté internationalesusceptible de contribuer à sa mise en oeuvre par ses aides et sa coopération.Ilest par contre des chefs d'Etat africains qui, tout en admettant la nécessitépour le continent d'une démarche unitaire dans la quête d'une stratégie visantà assurer la croissance et un développement durables en Afrique, ont affichéune méfiance critique à l'égard du projet NEPAD, parce que y voyant, à tort ouà raison, le moyen servant l'ambition de l'axe Algérie, Nigériaet Afrique du Sud d'exercer le leadership sur le continent noir.Ilsn'ont certes pas émis d'opposition bloquante contre l'initiative dont les troispays ont été les maîtres d'oeuvre et sont le moteur de sa mise en oeuvre. Ilsse sont par contre livrés à la critique des évidents ratés qui ponctuent celle-ciet dont certains d'entre eux en attribuent la cause à la prépondéranceétouffante et pas toujours pertinente qu'exercerait le trio sur l'initiativeafricaine.C'estce groupe de chefs d'Etat africains, emmené par le président sénégalaisAbdoulaye Wade, qui est à l'origine de la demanded'intégration du NEPAD dans les structures de l'Union africaine, sujet qui faitl'objet du minisommet réuni depuis hier à Dakar.Endemandant à ce que le mécanisme du NEPAD soit placé sous la houlette directe del'Union africaine, c'est-à-dire sous animation et suivi collectifs des Etats decette organisation, les Etats qui en sont à l'origine veulent limiterl'influence que l'axe Alger-Abuja-Pretoria s'estconstituée en étant le maître d'oeuvre du projet et son répondant auprès de lacommunauté internationale.Sixannées après son lancement, le NEPAD est loin d'avoir eu des résultats probants.Situation qui n'est pas imputable à la seule carence de ses initiateurs. Beaucoupd'Etats du continent, qui ont cosigné le projet et se sont engagés à enrespecter la philosophie et les prescriptions, ont vu leurs dirigeants lesenfreindre, par volonté de préservation de leur pouvoir autocratique et desrégimes dont ils sont l'émanation. Des comportements qui ont refroidi lespromesses d'aides et de coopération internationales promises (sans empressement,il est vrai) initialement. Le fait que l'Union africaine soit directement encharge du mécanisme lui garantira-t-il plus d'efficience qu'il n'en a eu sous la houlette de ses concepteurs ? Rien n'est moinssûr, car il nous semble que la démarche de ceux qui sont derrière cette demandeva aboutir à lui enlever le peu de dynamique qu'ont su lui insuffler ses pèresfondateurs, et au final à son enterrement dans les tiroirs de la bureaucratiesupranationale de l'organisation continentale.